15.11.2015 par JP
num.253 novembre 2015 p.06
Badminton Versoix

 VBC: Vent favorable

Notre saga des clubs sportifs de la ville se poursuit. Précédemment, le tennis de table était à l’honneur dans nos colonnes, aujourd’hui, un autre sport de raquette se retrouve sous le feu des projecteurs. Elle se rallonge mais son poids s’amincit, son terrain est presque quintuplé à celui du ping-pong, et ses smashs ont déjà atteint la vitesse époustouflante de 493 km/h ! Le Versoix Badminton Club (VBC) ne peut se vanter d’avoir établi ce record mondial de rapidité avec un volant, mais le club réalise son petit bonhomme de chemin avec les moyens qui sont les siens. Mark Fleischmann, Président du VBC, présente son club et un sport encore boudé médiatiquement, mais qui en coulisse, se démène plutôt bien.

Histoire et origines

Le badminton est un sport de raquette qui oppose soit deux joueurs ou joueuses (simples), soit deux paires (doubles), placés dans deux demi-terrains séparés par un filet. Les joueurs et joueuses, appelés badistes, marquent des points en frappant un volant à l'aide d'une raquette pour le faire tomber dans le demi-terrain adverse. L'échange se termine dès que le volant touche le sol, ou s'il y a faute (volant hors des limites).
Son histoire remonte à quelques deux millénaires déjà, sport pratiqué à la base par les Indiens d’Amérique latine. Quant au badminton actuel, il se raconte qu’un jour de 1873, des officiers anglais rentrés d’un voyage indien et réunis dans le château de Beaufort à Badminton, en sont venus à bavarder sur un jeu typiquement indien, le « poona »( sport de raquette et balle légère). Ils décidèrent donc d’y jouer, mais sans balle sous la main la tâche s’annonçait ardue. Ils planifient un stratagème, en déguisant un bouchon de champagne avec quelques plumes, et leur trouvaille suffira à en faire un sport connu mondialement. Il portera le nom du village dans lequel il est né : Badminton.

Des chiffres

Il n’y a pas si longtemps, ce sport passait uniquement pour un sport de plage et de loisir vacancier. Depuis 1934, date de la création de la fédération internationale de badminton (BWF), plus de 170 pays issus des 5 continents s'y sont affiliés. Ce qui chiffre à plus de 100 millions le nombre de pratiquants sur la planète. Le comité olympique a donc décidé d’inscrire cette discipline aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Le simple et double messieurs, le simple et double dames ainsi que le double mixte sont les 5 épreuves présentées aux JO. Actuellement, les meilleurs joueurs mondiaux sont originaires de Chine, d’Indonésie, de Corée, ou de Malaisie. Leurs seuls rivaux européens proviennent du Danemark et d'Angleterre. La Suisse quant à elle, dénombre pas moins de 50'000 pratiquants réguliers ; 10'000 sont membres d’un club et pas moins de 6000 licenciés s’affrontent sur les divers tournois du pays. Malgré l'abscence d'intérêt de la part des médias helvétiques, le badminton figure parmi les cinq sports les plus pratiqués par la population. Mais ce manque d'exposition accordé par la presse se comprend lorsqu'on traduit les classements mondiaux, où le premier Suisse, Anthony Dumartheray, figure à la 234ème place mondial en individuel homme. Seule la Suissesse Sabrina Jacquet fait partie du top 50 mondial chez les femmes, mais cela ne suffit pas attirer les objectifs des caméras. Les moyens, et il faut le préciser, ne sont pas ceux des pays asiatiques, où le badminton fait partie intégrante de leur culture et peut mener à la gloire sociale. 

La vie d'un club


Le VBC voit le jour en 1978 grâce à ses pères fondateurs Philippe Leyvraz et Alain Schurter, tous deux joueurs ayant accueilli de grands tournois avec les championnats lémaniques de badminton et le championnat romand open en 1982 à Versoix. Le club atteint son apogée en accédant la Ligue Nationale B (seconde meilleure ligue du pays), mais n’a su tenir la cadence que demande une division comme celle-ci. Aujourd’hui, le club dénombre pas moins de 85 membres pour 30 licenciés (60% garçons, 40% filles), dont une majorité de juniors (8-18 ans) venant se défouler toute la semaine sur les parquets du cycle d’orientation des Colombières. Le VBC tient à rester un club formateur et proche de ses jeunes. Président mais également responsable des juniors, Mark Fleischmann confirme « Nos jeunes sont suivis par des coachs, qui étaient eux-mêmes juniors au sein du club. Le flambeau se transmet et le message principale aussi : Pratiquer avec plaisir et envie ». Mais comme tout les clubs sportifs, il arrive une période où l’on voit toujours la même tranche d’âge plier bagage en masse: les 18-25 ans. Etudes, travail ou amourettes restent les vecteurs principaux de cette désertion « C’est bien dommage pour un club formateur, mais souvent les jeunes doivent faire des choix. Nous remarquons également un retour aux sources de ces personnes ayant quitté le navire auparavant. Une fois installés confortablement dans la vie, les trentenaires rouvrent la porte du club et ce pour notre plus grand plaisir », affirme le Président.
Sur le plan compétitif, le VBC présente trois équipes en championnat : Deux équipes en 4ème ligue et une autre en 2ème ligue. Un niveau certes amateur, mais toutes travaillent d’arrache-pied pour remplir leurs objectifs « Ce sera loin d’être facile pour notre équipe en 2ème ligue, en tant que promu on se fixe le maintien. Ce qui n’est absolument pas le cas pour les deux autres équipes de 4ème ligue. Le niveau n’est pas comparable, mais nous figurons en bonne posture pour prétendre, pourquoi pas, à deux montées cette saison », assure Mark Fleischmann.
Au niveau des événements, le VBC organise prochainement le Tournoi de Double de Versoix, qui aura lieu le week-end du 14 au 15 novembre à la salle sportive des Colombières. Ce tournoi disputé chaque année en terre versoisienne, attire pas moins d’une centaine de licenciés venus de toute la Suisse Romande pour l’occasion. La porte restera ouverte tout du long pour tout curieux voulant s’aventurer parmi ces mordus du volant.
Le badminton se développe dans l’ombre, loin des caméras. Au contraire du tennis et de ces héros nationaux, mais il coule des jours paisibles. Et comme disait si bien Jean-Pierre Claris de Florian « Pour vivre heureux, vivons cachés ».
 

auteur : Julien Payot

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