13.04.2016 par CS
num.258 mai 2016 p.20

Humour et trait de crayon bien aiguisés

Humour et trait de crayon bien aiguisés

Mois après mois, les lecteurs du Versoix-Région ont le plaisir de découvrir, en première page de leur journal préféré, un nouveau dessin humoristique. Mais qui donc est celui qui se cache derrière ces coups de crayons bien aiguisés illustrant l’actualité communale depuis la toute première parution du journal en 1989 ?

 

Alexis Berset est ce qu’on peut appeler un « touche-à-tout ». Il a débuté sa carrière artistique en dessinant des charades et des jeux des sept erreurs pour divers journaux genevois, lorsqu’il était étudiant au collège Voltaire, pour gagner un peu d’argent de poche. Un peu plus tard, il s’est tourné vers l’actualité politique, ce qui lui a permis de crayonner sur des sujets très variés. Depuis qu’il a fini ses études aux Beaux-Arts, il n’a cessé d’explorer différents médias artistiques, parmi lesquels la bande dessinée, la peinture, ou encore le dessin animé. En ce moment, dans sa cave aménagée en atelier, il travaille justement sur l’écriture du scénario d’un long métrage animé.

 

Toutefois, beaucoup de Versoisiens le connaissent sous une autre facette: celle d’enseignant. Depuis de nombreuses années maintenant, M. Berset occupe un poste à temps partiel au cycle d’Orientation des Colombières. C’est dans ce contexte-là qu’il a rencontré l’enseignant de mathématiques et rédacteur en chef de Versoix-Région, Michel Jaeggle, qui, ayant découvert son talent dans ses illustrations des épreuves communes et couvertures de journaux pour les parents des élèves, l’a sollicité pour le premier numéro du journal de Versoix. S’en est suivie une collaboration qui dure encore aujourd’hui.

 

Si produire un dessin sur un thème d’actualité donné souvent la veille de la date de reddition s’avère parfois être un réel challenge pour Alexis Berset, celui-ci n’en démord pas et continue à produire de magnifiques œuvres pleines d’humour, fruits de plusieurs heures de travail. «Cela m’oblige aussi à continuer à dessiner et ainsi à ne pas perdre la main» confie-t-il à nos correspondants.

 

Ceux qui se rappellent ses premières illustrations ont certainement noté quelques évolutions ; comme par exemple son passage à la couleur. Si elles étaient faites au crayon, les illustrations de presse d’Alexis Berset sont à présent presque entièrement produites informatiquement, sur écran, grâce à la combinaison de plusieurs logiciels de dessin. Mais nul n’a besoin d’être un fin observateur pour s’apercevoir qu’un élément reste inchangé : la présence constante de la statue bleue ! Il y a vingt-sept ans déjà, dans son tout premier dessin pour le journal, la fameuse statue était représentée sur la place du Bourg, au milieu d’activités diverses et étranges dont elle semblait chercher à s’isoler. A partir de là, M. Berset dit s’être servi de la sculpture d’Ilie Berindei comme fil conducteur, la faisant apparaître dans presque toutes les couvertures du journal. Presque toutes, car le dessinateur a tenté, par le passé, de l’abandonner. Cette expérience a provoqué la vive réaction des abonnés au journal, qui ont vite regretté sa disparition. La statue emblématique de la ville de Versoix est donc revenue et aide toujours à situer la scène dessinée.

 

Si le public semble généralement amusé par ses dessins, les quelques anecdotes qu’Alexis Berset aime à raconter montrent qu’il arrive que des lecteurs soient offusqués par tant de sarcasme et ne manquent pas de lui le signifier. Ce fut notamment le cas lorsque l’artiste produisit une série de dessins inspirés d’affiches de films dont les acteurs étaient remplacés par des personnalités versoisiennes. Reste à espérer que ces réactions n’affectent ni l’imagination ni le trait d’esprit du talentueux Berset, et qu’il continuera à nous faire à la fois sourire et réfléchir à travers encore de nombreux dessins. Car, comme le disait le regretté Tignous, caricaturiste de Charlie l’Hebdo : « Un dessin réussi prête à rire. Quand il est vraiment réussi, il prête à penser. S’il prête à rire et à penser, alors c’est un excellent dessin »[1].

                            

 

Texte : Carla da Silva et Yann Rieder

Photo : Carla da Silva

auteur : Carla Da Silva