19.04.2016 par LR
num.258 mai 2016 p.15
Concert classique aux Caves de Bon-Séjour – Une nouveauté intéressante

Dans la tradition de nos concerts classiques du dimanche soir, il est un plaisir à chaque fois renouvelé d’entendre notre invité Adalberto Maria Riva, venir interpréter et expliquer dans un concert-conférence des œuvres de compositeurs suisses de la première moitié du XXème siècle, suite à de nouvelles découvertes d’archives rarissimes (Bibliothèques des conservatoires de Genève, Lausanne et Zurich).
Il faut relever que cet esprit scientifique, «passionné de recherche sur les compositeurs oubliés» a su nous intéresser et nous livrer dans un langage clair et à la portée de tous une partie de notre patrimoine musical et national. Belle initiative qui vaut son pesant d’or et qui a le mérite de nous faire connaître plus profondément ces compositeurs et leurs œuvres.

Au programme : Emile Jaques-Dalcroze (1865-1950) méconnu dans ses compositions essentiellement pianistiques, avec «Ballade opus 46 n° 1», puis George Templeton Strong (1856-1948), établi en Suisse, s’inspirant de Shakespeare dans «Quatre poèmes op 36». L’explication suivit sur Emile-Robert Blanchet (1877-1943) dont l’originalité est dans la technique du piano et que l’on observa dans «Tocsin, 3 août 1914, op 28» et «Fugue en do mineur» ; puis Aloïs Fornerod (1865-1945), «militant d’un ancrage latin» dans «Le voyage de printemps, op 27» et enfin Heinrich Sutermeister (1910-1995), connu surtout pour ses opéras, dans «Thème, 10 variations et Fugue».

Autant dire que le choix de ces œuvres spécialement écrites pour piano, nous faisait découvrir, non seulement la grande virtuosité de l’interprète, mais une connaissance plus spécifique sur l’évolution de chaque compositeur – souvent formé en Allemagne – qui subira soit une influence classique (Bach ou Liszt) ou celle du jazz, soit celle du romantisme, latine ou moderne.
Mais la recherche personnelle de chacun dans l’approfondissement d’une musique polyphonique au style parfois très inventif, aux harmonies à la fois simples ou discordantes, aux expressions colorées ou imagées (Le voyage de printemps, Tocsin, ou Ballade) nous livrait une variété de tonalités et de nuances renouvelées et pleines de richesse. La nature joue un grand rôle dans toutes ces œuvres, et c’est ainsi que s’exprime tantôt la danse, tantôt le gazouillis des oiseaux, l’eau qui tombe en cascade ou s’écoule en vaguelettes, les orages ou le glas du tocsin ou tout simplement un reflet de chansons enfantines, le charme de quelques rondes (Fornerod, Jaques- Dalcroze) ou la respiration profonde d’une promenade en forêt.

Outre des techniques particulières liées à une écriture complexe du compositeur E.R. Blanchet spécialement, l’on ne peut que louer la qualité exceptionnelle et parfaite, pédagogique et musicale d’Adalberto Riva. Ses concerts-conférences sont très appréciés du public qui l’a beaucoup ovationné et dans ses bis où se traduisaient ses sentiments intérieurs – car c’est aux Caves qu’il découvrit l’âme sœur, il y a un an – on sentait toute la magie à la fois féerique et profonde de celui qui a su, une fois de plus, enthousiasmer les amoureux de la musique aux Caves, aux EMS Bon-Séjour et St-Loup à Versoix.

Un tout grand MERCI et nos vives félicitations à Adalberto Riva pour ce moment de bonheur et ce magnifique concert, ainsi qu’à Brigitte Siddiqui, notre talentueuse programmatrice.
 

auteur : Lucette Robyr

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