16.05.2016 par MG
num.259 juin 2016 p.05
Nouveaux avions et leur effet sur le bruit

Nouveaux avions : diminution des nuisances ?

A une table ronde à Genthod le 28 avril dernier, M. Gérard Capitaine, Dr. Ing EPFZ, spécialiste en aéronautique, nous a présenté avec beaucoup de détail technique les améliorations qui sont incorporées dans la nouvelle génération d’avions à réaction. Il a également expliqué l’empreinte sonore au sol d’un décollage du nouveau Bombardier CS11, dont Swiss  a commandé plusieurs. On peut aussi mentionner les nouveaux Airbus A320neo, qui ont été rérservés par easyJet UK. Est-ce que ça veut dire que d’ici quelques années le bruit des avions à Genève diminuera ? Malheureusement, il y a bon nombre de raisons pour croire que l’effet ne sera que de ralentir l’augmentation de cette nuisance jusqu’au moins l’an 2030.

Pour ces avions, qui ne sont pas encore en service, ce sont essentiellement les chiffres fournis par les fabricants des réacteurs : on n’a pas encore accès des vraies mesures. Or, nous avons appris en ce qui concerne certains fabricants des automobiles qu’il y a tendance à fournir des chiffres qui ne correspondent pas avec la réalité. Nous pouvons espérer que ceux des réacteurs n’ont pas fait des erreurs similaires.

Pour le Bombardier CS100, le site de la compagnie Swiss indique que les premiers vols, à partir du 15 juillet, seront entre Zurich et diverses destinations (Paris, Budapest, Manchester, Paris, Prague, Brussels, Warsaw, Bucharest, Florence, Hannover, Milan, Nice, Stuttgart, Venice et Düsseldorf). Pourquoi ne pas l’utiliser pour le dernier vol de nuit Zurich-Genève ? Une réponse possible est qu’une compagnie aura tendance à utiliser ces avions pour les destinations où les charges de bruits sont importantes. Or, à notre aéroport ultra low-cost, il n’y a pas de surcharge de bruit pour le Avro RJ-100, en service actuellement, qui, malgré un bruit important, est classé dans la catégorie des avions les moins bruyants !

La compagnie easyJet UK a commandé plusieurs A320neo, mais ne donne aucune information concernant les vols et les aéroports. Donc, aucune idée quand nous en verrons un utilisé pour un vol régulier à Genève. On peut également constater que pour sa flotte, la compagnie easyJet Switzerland, basée en Suisse (Genève et Basel) n’achète pas d'avions neufs, et que la moitié de sa flotte est composée des A319, pour lesquels il n’y a pas d’avion de remplacement.
Pour les autres compagnies, surtout les low-cost, le fait que notre aéroport encourage justuement ce secteur n’est guère une vraie incitation à acheter ces nouveaux avions.

On peut aussi remarquer que les avions qui font le plus de bruits sont les long-courriers vers les destinations lointains (Asie, Canada, Etats-Unis, la Golfe). Ces engins sont en général en classe de bruit II (très bruyants) et très lourds, mais très souvent construits assez récemment (les 5 dernières années), et leur remplacement n’est pas prévu très rapidement.

Pour terminer sur une note encore plus pessimiste (!), voici quelques conclusions du nouveau Rapport 2016 sur la politique aéronautique de la Suisse :
Au regard du poids économique croissant de régions émergentes outremer telles que l’Asie et l’Amérique du Sud, l’importance des liaisons aériennes ira en grandissant.
Les progrès techniques continus se traduiront par de nouvelles réductions des immissions de bruit des aéronefs.
À long terme cependant, cette réduction n’empêchera pas l’augmentation globale du bruit du fait de la croissance attendue du trafic aérien.

Afin de détendre la situation sur le front de la saturation programmée à court (sic) et à moyen termes des aéroports nationaux, il s’agit d’exploiter aussi efficacement que possible les capacités disponibles. Les nouvelles technologies de contrôle aérien sont également susceptibles d’induire une augmentation des capacités. Les réserves de potentiel dont disposent l’aéroport de Bâle et les aéroports régionaux et militaires doivent être mises à contribution pour couvrir la demande suisse de liaisons aériennes. À plus long terme, les capacités aéroportuaires devront s’accroître par la construction d’infrastructures.

Et la cerise sur le gâteau (!), on peut deviner les ambitions des dirigeants de notre aéroport via un document, écrit il y a plus de 3 ans et qui propose un mégaprojet intitulé Cointrin Vision :
Genève est défavorisée dans les discussions avec les sociétés chinoises et indiennes désirant créer des filiales en Suisse ou en Europe à cause d’un manque de connexions aériennes avec leurs maisons mères.

Bon été !

auteur : Mike Gérard

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