15.05.2017 par ro
num.269 juin 2017 p.12
Courrier de lecteur - Réaménagement

Le 8 mai dernier, nous sommes nombreux à avoir assisté à la présentation des travaux qui affecteront notre commune pendant 3 ans. Bien que cette présentation se soit bien déroulée, je pense partager un sentiment très mitigé au sujet des réponses qui nous ont été fournies.

Voici donc mon point-de-vue sur cette réunion et son contenu.

Les habitants de Versoix sont inquiets, et ils peuvent l’être, de manière légitime.
Bien que ce projet d’envergure soit enfin sur le point d’aboutir, il apparaît que de nombreuses questions en suspens – pour ne pas parler de problématiques – ne sont de loin pas résolues.
Les versoisiens et autres voisins communaux présents lors de cette présentation ont obtenus quelques réponses générales concernant le déroulement des travaux, prévus sur plus de trois ans (!!!).

Il ressort en particulier que le plan de gestion du trafic sera adapté au cas par cas, en fonction des résultats du panneautage et des déviations suggérées aux usagers de la route pendant toute la période des travaux. Dans les mois à venir, les habitants de toute la partie supérieure aux rails de chemin de fer doivent à juste titre s’inquiéter d’un envahissement automobile. Même sentiment d’inquiétude et d’incompréhension concernant la déviation par la route de l’Etraz, proposée pendant les étapes 2 à 4 de ces travaux. L’assemblée présente a clairement fait remarquer qu’un détour pareil – pour information le trajet complet fait 7km, soit presque autant que la distance Versoix-Genève – pour quelques centaines de mètres n’enchantait personne au sein des habitants, certains exprimant déjà leur désaccord.

Pour nous expliquer à quelle sauce nous allions être mangés, nous avons eu droit à moult images de synthèses, parfois totalement irréalistes (notamment celle censée représenter le tronçon de route devant la Coop, j’en ris encore) ou simplement idéalisées, à quelques plans de situations nous expliquant les avantages dont nous allons pouvoir bénéficier en terme de qualité d’aménagements futurs. Soit. Que nos élus en soient remerciés ici.

Malheureusement, l’assemblée présente fût bien obligée de constater que cette présentation à laquelle elle a été conviée n’a pas réellement répondu à leurs attentes. Sans vouloir passer pour un éternel insatisfait, il me semble que le nombre de réponses claires et satisfaisantes, fournies par les délégués de la DGGC, Messieurs Gorce et Joseph, a laissé pas mal de participants pour le moins dubitatifs. Sans parler de l’absence du seul représentant du canton (!!) semble-t-il capable de nous expliquer clairement les dispositifs prévus.

Il semble que la nouvelle loi sur la mobilité prévoie de maîtriser le trafic de transit sur les axes principaux. Je fais peut-être erreur, mais pour moi, la réfection de ce tronçon de route, bien que souhaitée et attendue depuis de nombreuses années, ne permettra en rien une meilleure maîtrise du trafic pendulaire. Tout au moins jusqu’à la mise en place de l’accès à l’autoroute, prévue pour on ne sait quand et qui est gérée au niveau fédéral, donc n’ayant rien à voir avec ce chantier. Monsieur Barthassat nous parle de «pacification du transit» et de «pénétrante multimodale», mais nous présente un projet ficelé sans consultation préalable des habitants, ce qui a été relevé par un membre de l’assemblée présente. Bien que je comprenne qu’il est très difficile de contenter tout le monde, il nous eut été agréable (pour paraphraser un célèbre avocat genevois) de se sentir investi et concernés au préalable, par exemple dès le mois d’octobre passé, date à laquelle est paru un petit article relatif aux travaux sur le site internet de notre commune. Ceci aurait certainement évité – bien que rien ne soit perdu – quelques couacs de conception. Je veux parler ici de la piste cyclable que l’on nous présente comme parfaite et sécurisée, alors qu’elle ne l’est en rien et est conçue à l’image de certains aménagements dangereux et illogiques que l’on peut déjà trouver en ville de Genève. J’ai personnellement relevé la totale aberration que constitue une piste cyclable morcelée, parsemée de coupures alors que la solution est à deux pas et existe déjà dans sa plus grande partie. Je suis d’autant plus surpris de cet aménagement (que j’espère modifiable avant le début des travaux sur cette section) que Monsieur Richard, membre du conseil municipal de Versoix l’avait déjà relevé lors de la séance communale de décembre dernier, en ces termes : «Ce projet est absurde et dangereux et il est indispensable que la Commune de Versoix fasse preuve de beaucoup d’influence auprès du canton afin de trouver une solution pour que ce concept de mobilité douce prévu sur 2 kilomètres et demi ne soit pas interrompu sur 20 mètres en raison d’une mauvaise gestion du pont sur la Versoix.» Monsieur Kummer, également membre du CM a poursuivi en exprimant ceci : «J’estime que la solution retenue est relativement dangereuse (route-cyclistes-piétons) et peut engendrer souvent quelques frayeurs aux cyclistes avec les automobiles débouchant sur les pistes cyclables sans regarder (par exemple à Bellevue)». Je relèverai pour ma part que l’époque est aux vélos électriques, circulant entre 25 et 45 km/h et que sur une piste cyclable côtoyant des piétons, on ne peut pas vraiment parler de sécurité.

Suite à ma remarque concernant cette stupidité, j’ai proposé que l’on fasse passer les cyclistes sur le chemin Vandelle, nouvellement transformé en zone mixte 20 km/h, pour les faire ressortir au niveau de l’usine Favarger, descendre vers le pont piéton situé sous la nouvelle Migros, qu’il suffirait d’aménager légèrement, ceci permettant à peu de frais de rejoindre la piste cyclable existante à cet endroit et qui sert parfois de parking sauvage, ladite piste n’étant pas utilisée actuellement. Ceci permettrait de maintenir une piste cyclable continue en direction de Lausanne, en totale sécurité.

Monsieur Gorce (DGGA), visiblement emprunté par ma suggestion, m’a alors répondu que les cyclistes préféraient le trajet le plus direct, ce qui est vrai. Suite à cette réponse, je me suis demandé si cette déviation rallongeait fortement le trajet cycliste. J’ai donc mesuré : Ma proposition rallonge le trajet de… 120 mètres ! Je suggère donc fortement à nos experts, tant communaux que cantonaux, de se concerter à nouveau afin de reconsidérer leur projet, permettant par là-même d’améliorer la sécurité routière et d’effectuer quelques substantielles économies financières.

Madame Ehnas nous annonce que différentes rencontres seront prévues avec les habitants, au cours de l’avancée des travaux, qu’une page internet d’information www.versoix-travaux.ch va être créée, ainsi qu’une page Facebook et/ou Twitter et que l’ancienne maison Buffat, rachetée par la commune, va servir de lieu central d’information. Fort bien. Seul bémol, les travaux commencent, le site est inaccessible à ce jour, la maison Buffat n’est pas prête et la page Facebook n’existe pas. Il me semble que tout cela manque de timing ce qui me ramène tout naturellement à citer Monsieur Leiser, membre du conseil municipal de Versoix, qui s’inquiétait déjà en décembre 2016 du fait qu’au niveau communal il n’y ait pas de plans permettant de se positionner sur l’acceptation de cet énorme crédit. Il considérait, je cite : «primordial de reprendre en détail les points importants relatifs à ce dossier qui concerne une autorisation de démarrer un chantier en partenariat avec le canton. Je regrette par ailleurs l’absence de débats techniques et considère que le CM va voter ce soir plus de Frs. 9’000’000.- sans savoir précisément à quoi cette somme va être consacrée ! S’agissant des mesures d’accompagnement liées aux déviations, je souligne la nécessité d’inciter la population au covoiturage et suggère de contacter les CFF pour que soient prévus des trains à deux étages pour absorber un surplus de passagers.» Cette dernière proposition a peut-être été proposée aux CFF, mais nous n’en avons rien su lors de cette présentation.

En guise de conclusion, je tiens à souligner que ce long message n’a absolument pas pour but de dénigrer le travail effectué par nos élus. Je suis totalement conscient de la grande difficulté de s’attaquer à un tel projet et je le soutiens. Je souhaite simplement attirer fortement leur attention sur des points très litigieux, avant qu’ils ne deviennent des catastrophes ou des ratages complets.


Stéphane Conus, Versoix.

auteur : rédacteur occasionnel

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