18.05.2017 par ALBB
num.269 juin 2017 p.01
EDITO : Traversée du lac... et si l'on se laissait mener en bateau ?

Un lac peut simultanément être un trait d'union et une séparation. On se plait à constater que les pêcheurs de Corsier et Versoix collaborent en bons voisins, alors que les routes s'encombrent de pendulaires contraints à subir des bouchons pour gagner leur vie loin de leur domicile.

Depuis une soixantaine d'années, divers projets de traversées du lac ont été proposés, voire même acceptés lors de différentes votations. Pourtant, le dossier est toujours noyé et reporté aux calendes grecques. Une quelconque concrétisation est bien lointaine.

Une proposition, bien moins chère et plus facile à appliquer, n'a jamais été évoquée : un bac, à l'instar du lac des Quatre-Cantons. Bien sûr, la traversée serait moins "rapide" qu'un pont ou un tunnel, quoique, selon les conditions du trafic... Cela aurait aussi l'avantage d'inclure les piétons, pendulaires ou autres cyclistes qui pourraient l'utiliser. Un maillon de plus à l'offre des transports publics. Un lien entre des communes qui se regardent d'une rive à l'autre. Une subvention pour assurer un tel service serait bien meilleure marché que n'importe quelle construction, même s'il fallait prévoir un ou deux parkings d'embarquement.

La CGN couvre déjà adéquatement le trajet Yvoire-Nyon et d'autres agglomérations dans le haut-lac avec des horaires adaptés aux pendulaires. On pourrait imaginer un Corsier-Versoix ou Vengeron-bas de la rampe de Vésenaz, ou des variantes sur le même thème incluant Bellevue, Genthod ou Coppet selon les besoins. Je me rappelle que, lorsque j'étais enfant, il était possible, avec le billet de train, de revenir à Versoix en bateau. Pourquoi la desserte a-t-elle plutôt diminué dans notre région ces dernières décennies ? Une histoire de gros sous ?

Le lac des Quatre-Cantons est exemplaire pour cela. Loin d'être une séparation entre les régions montagneuses qui l'entourent, il est doté d'un système de liaisons lacustres régulières. La population saute dans le bateau naturellement. Comme l'horaire est bien étoffé, la demande suit, non seulement pour les pendulaires, mais aussi pour les touristes.

Dommage que le Léman n'ait pas cette chance ! Si la CGN faisait partie des communautés tarifaires des régions qu'elle dessert, elle pourrait être un complément utile pour la population. Actuellement, elle n'est qu'un musée attirant des touristes avec ses magnifiques bâtiments, ce patrimoine lacustre que tout un chacun admire. Même s'il fallait augmenter de quelques francs les abonnements, cela vaudrait la peine ! Les Mouettes sont déjà comprises dans le réseau, alors pourquoi pas les autres bateaux avec un service adapté aux pendulaires ? Chiche, on se jette à l'eau ?
 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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