Suzanne Husson au piano
Suzanne Husson et Brigitte Siddiqui
15.01.2018 par LR
num.275 février 2018 p.15
Concert classique avec la fée aux doigts d'or aux Caves de Bon-Séjour

Pour clôturer l’année 2017, notre programmatrice Brigitte Siddiqui n’aurait pu mieux trouver comme prélude pour les fêtes. C’est à la talentueuse pianiste argentine Suzanne Husson – genevoise d’adoption – que revint l’honneur de nous offrir le dimanche 10 décembre à 17h30 un magnifique récital composé d’œuvres échelonnées sur 3 siècles (18ème – 20ème). Dans toutes ses interprétations – jouées sans partition – le charme opérait. Tout coulait de source !
La Sonate en la majeur n° 15 op 120 de Schubert ravissait nos cœurs car chaque mouvement portait sa couleur, son intensité, sa sensibilité au gré des tempos. De même dans l’Impromptu n° 2 op 90 la vie éclatait sous toutes les nuances, la richesse des harmonies, les mélodies aux variantes subtiles. Génial, sous ces doigts de fée !
Avec Chopin, autre style, mais non moins beau, non moins prenant. On prend le temps de respirer, de méditer, de vagabonder avec son esprit dans l’Andante Spianato et de s’attaquer avec brio à la Grande Polonaise Brillante op 22. Un jeu plus viril, plus vibrant, une technicité hors pair, une virtuosité exceptionnelle faisaient ressortir les différents effets d’une composition complexe où toutes les nuances s’inscrivaient en lettres d’or. L’âme et le caractère polonais de Chopin revivaient dans sa plénitude, dans sa fierté et sa souffrance, et toute la brillance de cette œuvre s’exprimait dans ce chef-d’œuvre d’interprétation.
Les 3 danses argentines de Ginastera nous amenèrent dans un univers plus moderne mêlé de rythmes saccadés à des harmonies plus souples plus mélodiques. Entre l’intensité d’un volcan, d’une tempête ou d’un espace rêverie et calme, les « mains prodigieuses » (terme de Arturo Benedetti Michelangeli) ont créé la folie de la « magie » musicale.
Paganini et Liszt terminaient le programme dans l’exécution enchanteresse de la Campanella où le thème répétitif ravit l’âme et nous élève. Puis la 3ème étude – transcription du Rondo du 2ème concerto en si mineur op 7 de Paganini nous faisait découvrir la richesse des sonorités, tel dans un concert d’oiseaux et le jeu exceptionnel des nuances au gré d’un coucher de soleil. Le flamboiement de tout ce concert même dans les Bis (Albéniz et Scarlatti) nous laissa un souvenir inoubliable, tant la prestation fut hors du commun et fortement applaudie par un public ravi au plus haut point et une salle archi-comble.
Merci chaleureux et sincères félicitations à Suzanne Husson qu’on espère revoir auprès des mélomanes versoisiens, ainsi qu’à Brigitte Siddiqui qui nous a permis de vivre un magnifique concert.
Lucette Robyr
 

auteur : Lucette Robyr

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