14.02.2019 par ro
num.286 mars 2019 p.10
Point de vue de l'Aéroport

Genève Aéroport, le canton et la Confédération à l’écoute des riverains

Dans l’édition du mois de février de Versoix Région, un article écrit par Mike Gérard mettait en cause l’aéroport. Nous connaissons bien le signataire de ce papier pour entretenir avec lui une relation épistolaire depuis de longues années. Face aux erreurs factuelles et aux approximations contenues dans ce texte, nous remercions la rédaction de nous accorder une possibilité d’exprimer quelques vérités qui animent stratégiquement l’action de Genève Aéroport.
Les négociations entre le canton et la Confédération se sont intensifiées ces dernières années et n’ont pas toujours été sans anicroche. L’adoption de la fiche pour Genève du plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (ci-après PSIA) le 14 novembre 2018 marque le début d’une nouvelle étape pour notre aéroport. Il s’agit d’un compromis fédéral qui tente la conciliation entre de très nombreux intérêts. Le PSIA est un cadre contraignant qui conduit Genève Aéroport à définir, sous le contrôle de l’OFAC, les modalités d’exploitation, le périmètre, l’équipement, l’exposition au bruit et les aires de protection de la nature et du paysage. Pour réduire le bruit, le plan préconise un renouvellement progressif de la flotte, comprenant des avions moins bruyants, ainsi que des mesures pour réduire les retards, surtout en soirée.
Les étapes relatives à la préparation de ce document furent longues et très intenses. Contrairement à ce qui est trop souvent affirmé, ce document n’a pas été établi dans le secret des cabinets, sans tenir compte des légitimes revendications exprimées.
Lors des premières communications fédérales sur ce projet, un débat cantonal est né sur l’avenir de notre aéroport. La Confédération a annoncé des prévisions de croissance qui ont créé un certain émoi. Comme toutes les prévisions, ces chiffres doivent être régulièrement soumis à l’épreuve de la réalité et recalculés en fonction de celle-ci. Ces dernières années, le nombre de mouvements d’aéronefs s’est stabilisé. En 2018, il s’est même inscrit en diminution de 1,9%. Quelles que soient toutefois ces évolutions, mieux coordonner les actions fédérales et cantonales est une nécessité.
Le Conseil d’État a invité les autorités fédérales à mieux entendre les préoccupations genevoises. En mars 2016, dans un document appelé protocole de coordination, le Gouvernement cantonal a mis en exergue les points sur lesquels la discussion devait progresser dans le cadre du PSIA, avec l’appui des spécialistes de l’aéroport. Il s’agissait de trouver des solutions qui permettraient de réfréner, puis de réduire l’enveloppe sonore de Genève Aéroport et de contenir les nuisances entre 22h et 24h tout en s’opposant clairement aux mouvements avant 6h. Ce document a été présenté à de maintes reprises aux riverains de Genève Aéroport.
La lecture du PSIA permet de constater que des réponses claires à ces exigences sont désormais officielles. Suite à une procédure de consultation qui a très largement associé les riverains, le PSIA énonce tout d’abord très clairement un gel des mouvements nocturnes jusqu’à 6h du matin, alors même que la loi permettrait d’autoriser des décollages dès 5h. Par ailleurs, le canton et la Confédération se sont accordés afin de démontrer qu’il était possible de stabiliser les émissions sonores de la plateforme, puis de les réduire à horizon 2030. Ce compromis politique initié par le canton intègre désormais deux courbes définissant l’étendue du territoire exposé aux émissions sonores liées au trafic aérien. La première, immédiatement contraignante pour les autorités et pour l’aéroport, fixe la marge de développement maximal du bruit lié au trafic aérien. La deuxième, plus petite, constitue l’objectif de réduction sur le long terme.

Par ailleurs, il conviendra de planifier judicieusement les mouvements d’aéronefs, en privilégiant l’arrivée d’engins de nouvelles générations qui sont moins polluants. À ce titre, il convient de saluer le renouvellement du parc des aéronefs, afin de favoriser la génération NEO d’Airbus, ou bien encore les C-Series de Bombardier et autres Dreamliner de Boeing. Le bruit étant légalement calculé et non mesuré, les scientifiques en charge de cette évaluation majorent les émissions sonores au-delà de 22 heures. De 22h à 24h, le bruit calculé est multiplié par 10 et exerce de ce fait une forte influence sur le volume de la courbe de bruit administrative. L’aéroport mettra donc en place de nombreuses mesures destinées à réduire les retards, en particulier pour les vols planifiés le jour mais décollant après 22h. Ce partenariat sera suivi avec grande attention par le canton qui fera le point régulièrement avec l’aéroport, en s’appuyant notamment sur une convention d’objectifs régulièrement rediscutée.
En marge de cette relation avec la Confédération, le Grand Conseil a décidé l’an passé de rejeter une initiative populaire en raison notamment des incohérences qu’elle génèrerait avec le PSIA. Nous n’entendons bien entendu pas nous prononcer sur l’avancée des travaux parlementaires mais remercions les députés de nous avoir associé à leurs discussions.
Quoi qu’il advienne du processus politique cantonal, le PSIA restera un document de référence qui permettra au canton et à la Confédération de mieux harmoniser leurs politiques publiques. Les sept années de discussions et négociations avec la Confédération ont permis de mieux baliser qui fait quoi. Les compétences réciproques du canton, comme celles de la Confédération ont été décortiquées. Chacun a désormais une meilleure compréhension de son rôle. Dans leurs volontés de contenir le bruit lié à l’activité aérienne, le canton et la Confédération se sont rapprochés.
Pour ce qui relève de ses propres attributions, Genève Aéroport n’a pas à rougir en matière de développement durable. Nous compensons l’intégralité de nos propres émissions de CO2 (certification ACA 3+), recyclons à hauteur de 44,4% nos déchets et avons amélioré notre efficacité énergétique de 23,9% depuis 2006. Depuis 2004, nous avons financé l’insonorisation de 3 663 logements aux pourtours de l’aéroport et venons d’augmenter la redevance insonorisation de 120% afin de protéger du bruit près de 6000 riverains supplémentaires. 43% de nos appels d’offres intègrent des critères liés à notre politique de développement durable et nous avons consacré plus de 30 millions de francs, ces deux dernières années afin de mettre en œuvre une politique environnementale volontariste et innovante. Notre rapport sur le développement durable récemment présenté offre bien d’autres exemples de notre détermination et nous nous tenons à disposition de toutes les personnes qui le désirent afin de les expliquer.

Genève Aéroport
 

auteur : rédacteur occasionnel

<< retour