Tamara Granat et Adrian Kreda
15.04.2019 par ro
num.288 mai 2019 p.15
Voyage magique à quatre mains

Tamara Granat et Adrian Kreda ont joué en duo au Boléro le 14 avril lors du dernier concert classique des dimanches.

Un pianiste façonnant ses notes comme un potier, vibrations de cordes amplifiées par les délicatesses de sa pédale, de l’autre une marionnettiste, les doigts guidés par un fil invisible, effleurant les notes ou jouant, ludiques, enjoués, slavophiles et rieurs …

Jamais le piano à quatre mains ne s’était senti aussi libéré de la métrique, la Polonaise éprise de musique, libérée par la forme de la main de son pianiste, à peine si l’on voyait le mouvement des doigts tant il touchait sans frapper, allant chercher la mélodie par la résonance de sa pédale ou la préhension circulaire de ses doigts.

Aussi bien, c’était un régal de sentir les pieds les mains se croiser, liberté ludique unique de deux jongleurs se renvoyant les balles et les phrasés avec joie et volupté !

Ces deux-là nous firent danser avec ferveur les mazurkas de Zarebski, tournoyer à en perdre l’équilibre avec les danses de Dvorak, jouer à la toupie avec Bizet dont la musique est un enfant. … …

Puis vint Schubert, souffrance et joie, nostalgique introduction en sol mineur, douce, intimiste, méditative et romantique, aux thèmes à la ressemblance des impromptus ou de sa fantaisie à quatre mains, entrecoupés de chorals mystiques et panthéistes, puis sa marche de 1826, joyeuse et heureuse du musicien prolixe avant sa mort.

Pour finir un bis du jeune Mozart à l’image de ses rondos, nous laissa affamés interdits et ravis.
Jean - Bernard Umdenstock

 photo : Siddiqui

auteur : rédacteur occasionnel

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