28.09.2019 par YR
num.292 octobre 2019 p.08
Au Conseil municipal : drôle d'alliance pour une éco-commission

Au Conseil municipal de Versoix : drôle d’alliance pour une éco-commission

Le programme de cette séance de rentrée était pourtant léger : les comptes d’une fondation, les informations des Conseillers administratifs…

Et puis voilà : lors des « propositions individuelles et divers », les Verts de Versoix ont présenté une motion pour renforcer la politique écologique de la commune. Le PDC les a rejoint. Le PLR, qui y était opposé, a perdu le vote à… une voix près.

Motion, réaction

En bout de séance, le conseiller municipal Yves Richard (Les Verts) a présenté une motion poussant Versoix à atteindre « les objectifs de l’accord de Paris » sur le climat. Il est question de « se donner des lignes directrices » visant à « subordonner » les projets de la commune aux actions nécessaires pour freiner le réchauffement climatique.

L’ensemble de l’assemblée présente ce soir-là (24 élus) a voté en faveur de l’entrée en matière sur cette motion. Tous les partis ont souligné leur attachement à l’intention du texte : pour eux, ainsi que pour le maire Cédric Lambert (PDC), le réchauffement climatique revet une importance toute particulière.

C’est toutefois sur l’implémentation de cette motion, pourtant unanimement acceptée pour un renvoi au Conseil administratif (qui se chargera de faire en sorte que les lignes directrices souhaitées soient dressées), que les débats sont devenus nuancés.

M. Lambert a ainsi souligné que « la méthode est à fixer, pas sur l’hyper-vitesse, malgré l’urgence » car il faut « mener une concertation, comme c’est demandé » par la motion. Les deux autres conseillers administratifs (PLR, PS) n’ont pas pris la parole.

Suivant un refrain entonné par le PLR au niveau cantonal et national, les élus libéraux-radicaux de Versoix ont fait observer, par la voix de messieurs Julien Marquis et Ricardo Lima, que « le débat est intéressant » mais que la motion doit aboutir sur « des propositions humbles » qui « respectent le voeu de la motion » : « ambitieuse et concrète », certes, mais également « réaliste, mesurable, et pragmatique ».

À une voix près

Au delà du renvoi au Conseil administratif, le Conseil municipal a également voté sur la création d’une commission temporaire chargée de faire le suivi de ce dossier.

À 11 voix pour (Verts et PDC), 10 voix contre (PLR et MCG) et 3 abstentions (PS), c’est une autre majorité qui s’est dessinée au Conseil municipal de Versoix. Le PLR a manqué de bloquer la création de cette « commission ad-hoc » (sur mesure), malgré son assise.

Plus inquiétant pour les libéraux-radicaux : l’idée de la commission ne vient pas des rangs de l’Alternative mais de ceux de l’Entente.

Gilles Chappatte (PDC), considérant que la commission TVEDD (Travaux, Voirie, Environnement et Développement Durable) est passablement occupée par le suivi de la requalification de la Route de Suisse, n’est pas à même de faire suivre les demandes de la motion dans un délai respectant l’urgence de l’enjeu. Plusieurs Verts ont appuyé ce sentiment.

Le PLR, lui, désapprouve : pour ce parti, la commission TVEDD est là pour traiter des enjeux de cette motion. Pour les libéraux-radicaux, il n’y a pas besoin de dépenser du temps ou de l’argent supplémentaire sur une commission ad-hoc.

(Més)Entente

Où donc est passée la belle concorde transpartisane — ou, en tout cas, interne aux partis de l’Entente — à Versoix ?

Il semblerait que l’enjeu du réchauffement climatique creuse un fossé entre le centre-droit et la droite, sur la question des moyens à accorder, et du rythme à imprimer. Les Verts semblent avoir le vent en poupe aux prochaines échéances électorales.

Voilà de quoi créer des soucis à gauche (vont-ils prendre de l’espace sur les terres du PS ?) comme à droite (que fera le PLR si une alliance majoritaire est possible entre Verts et PDC ?).

Le MCG ne s’est pas exprimé sur ce sujet. Quant au PS, il a brièvement déclaré, par la voix de M. Rothlisberger, qu’il estime que « le développement durable est une question de moyens », qu’il faudra « ouvrir le porte-monnaie » si l’on souhaite avancer sur ce dossier. « Si c’est juste pour se rencontre et boire un verre, ce n’est pas la peine ! ».

Fermeté et humour face à Divonne

Alors qu’à la réunion publique du 3 septembre à Divonne-les-Bains, Michel Zimmermann (PS, vice-président du Conseil municipal) félicitait chaleureusement la ville pour sa décision de mettre un terme à son projet d’embouteillage de l’eau, il a qualifié ce projet « inquiétant, voir scandaleux » de « pillage, voir privatisation ».

Le maire Cédric Lambert (PDC) a rappelé que le recours contentieux, formulé par Versoix, Céligny, et les communes vaudoises de Terre-Sainte, suivra son cours afin d’obtenir l’annulation du permis de construire.

Sur un ton plus taquin, le Conseiller administratif Patrick Malek-Asghar (PLR) a profité de ses communications pour faire mine de présenter un faux projet d’embouteillage à Versoix : « nous avons travaillé sur des forages avec Andrenius », la société qui devait procéder à l’embouteillage à Divonne. « On s’est dit qu’à Versoix, on est en bout de piste, on a trouvé de l’eau… mais on est plus proche du lac et de l’aéroport ! Donc, sur le plan environnemental… ».

Derrière ce trait d’humour inhabituel pour une séance du Conseil municipal, se cachait un point de situation concernant un projet-pilote fédéral en matière de géothermie (chauffage par échange de chaleur avec le sous-sol), expérimenté notamment à Versoix.

Certains ont eu chaud !

En bref

  • C’est officiel : les prochaines élections municipales auront lieu les 15 mars et 5 avril prochains. La séance d’installation du nouveau Conseil municipal aura lieu le 2 juin.
     
  • Les comptes 2018 de la fondation communale Versoix Samuel-May ont été approuvés par le Conseil municipal. Le solde et les fonds propres de cette fondation immobilière sont en hausse d’un an sur l’autre.
     
  • M. Levrat (PDC) a encouragé les pouvoirs publics à créer 16 nouvelles places en crèche, auprès de la fondation communale EVE pour la petite enfance, afin de répondre aux besoins — besoins qui, nous le rappelons, dépassent de loin 16 places.

Texte et photos : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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