16.10.2019 par MG
num.293 novembre 2019 p.09
Les courbes de bruit 2030 : vraies ou fausses !

 

Le 24 novembre prochain, les Genevois seront amenés à se prononcer sur l'initiative pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève. Dans ce cadre, l'aéroport met en avant de nombreux chiffres et un jargon qu'il convient de mettre en perspective.
En 2017 l’aéroport a élaboré un scénario pour le trafic aérien à Genève en 2019, basé sur les mêmes typologies d’avions qu’en 2016, mais prévoyant une augmentation des mouvements, en particulier s’agissant des vols de nuit (+14,5%), dont l’importance est primordiale dans le calcul des courbes de bruit. De ce scénario a découlé ce qui, dans le PSIA, est nommé « courbe de bruit plafond ». Or, comme confirmé par M. Schneider, directeur de l’aéroport, lors de la séance publique du 9 octobre à Genthod, le nombre de vols de nuit a en réalité peu augmenté depuis 2016, voire même baissé – ce dont les riverains peuvent évidemment se réjouir, mais qui implique aussi que cette courbe dite plafond est nettement trop grande !
Lors de cette même réunion, le directeur a présenté la courbe de bruit prévue pour 2022, qui deviendra le nouveau bruit admissible et, partant, le nouveau cadastre du bruit pour Genève (déterminant notamment en matière d’octroi d’autorisations de construire). Dans la mesure où le scénario sur lequel se fonde cette courbe 2022 présente les mêmes faiblesses que celui élaboré pour 2019, on peut craindre qu’elle aussi soit trop grande.

 

Ne serait-il pas préférable d’attendre la fin 2019 pour construire un scénario 2022 crédible, basé sur le trafic effectif de cette année et prenant en compte l’utilisation progressive d’avions plus modernes, moins bruyants et moins polluants, afin d’arriver à une courbe de bruit admissible (et donc un nouveau cadastre du bruit) plus réaliste ?

Il n’est guère crédible de penser qu’un aéroport qui n’a pas pu prédire correctement l’évolution des mouvements pendant une période de 3 ans (2016-2019) peut correctement estimer la courbe de bruit en 2030, référencé par le PSIA comme courbe cible 2030, et qui a été utilisé pour affirmer que le bruit de l’aviation en 2030 sera similaire à celle de l’année 2009 (à population constante !). Comment inclure dans l’évolution les facteurs imprévisibles comme, par exemple l’influence de l’échauffement planétaire, le choix des présidents (dictateurs ?) dans quelques pays importants, un éventuel collapse dans le prix des actions, l’effet du BREXIT, les changements d’horaires quand quelques pays européens abandonnent ‘heure d’été.
Les chiffres, parfois, embrument les gens.

 

auteur : Mike Gérard

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