28.12.2019 par YR
num.295 février 2020 p.11
Au Conseil municipal, qui a peur du déficit ?

Alors que la réforme RFFA, fraîchement votée, impose à la suite de savants calculs une limite de déficit de 1,85 millions de CHF, le Conseil municipal versoisien a voté un budget dans le rouge à hauteur de 1,76 millions, en anticipation d’une possible correction des revenus fiscaux.  À la hausse, bien entendu. 

Budget 2020

Toujours présenté par le Conseiller administratif Patrick Malek-Asghar (PLR), ce budget n’a pas fait l’objet de beaucoup de changements depuis sa présentation, en octobre 2019.

Les deux évolutions notables sont, d’une part, une augmentation de charges de 224’000 CHF assignées à une subvention pour la fondation EVE pour la petite enfance, qui pourra ainsi compléter sa création de 16 nouvelles places de crèche. Elles font suite à l’ouverture de 24 places plus tôt dans l’année, afin de garantir aux parents des enfants bénéficiant des nouvelles places qu’ils puissent rester lorsqu’ils passeront au palier d’âge supérieur.

À propos de cet enjeu du nombre de place en crèche, il est important de rappeler que les 40 places financées en deux temps au cours de l’année 2019 ne parviendront pas à rassasier la demande — chiffrée à 180 bambins par la vice-maire Ornella Enhas (PS) en mars dernier.

L’autre source de variations sur ce budget 2020… est imputable à un grand nombre d’ajustements marginaux. Sachant que la commune de Versoix s’approche, sur ce budget 2020, de très près de la limite que la loi RFFA lui impose (moins de 100’000 CHF d’écart), il n’a pas été surprenant d’entendre le Conseil administratif et l’administration indiquer que les services ont dû redoubler d’effort au moment d’effectuer ces ajustements de dernière minute. En tout et pour tout, c’est une baisse de charge d’un peu plus de 4000 CHF qui a pu être dégagée.

Le total des charges de ce budget se monte à 40,7 millions (contre 39,5 l’an dernier) tandis que celui des recettes s’élève à 38,9 millions (38,1 au budget 2019).

24 oui, sans chichis

Au moment du vote, le budget a été approuvé à l’unanimité. Deux partis ont, peu avant la levée des mains dans l’hémicycle, fait savoir leur désir de prudence : le MCG, par la voix de M. Angelo, s’est fait l’écho du conseiller administratif en charge du dossier en déclarant « espérons que ce soit équilibré » en 2021, au moment de faire les comptes, une fois les véritables recettes fiscales engrangées.

Un peu plus surprenant, le PS a annoncé voter pour, « malgré le budget déficitaire », une caractéristique qui ne semblait pas gêner le parti à la rose lorsqu’il encourageait, il y a quelques années, à plus de dépenses. Certes, le porte-parole a changé (M. Enhas au lieu de M. Zimmermann, ce dernier adoptant régulièrement une position plus gauchère que ses camarades de parti), mais l’étiquette reste la même.

Voilà qui va continuer de poser la question de la cohérence et de la ligne du PS, un pied dans la gestion des affaires (avec son siège au CA), et l’autre dans la minorité de gauche du CM. Sans compter le vent en poupe semblant réussir tant aux Verts qu’à leurs idées. Préparez les analgésiques.

Le PDC, lui, s’est tout juste réclamé d’une gestion « attentive » à ce que « la situation évolue favorablement ». Les mots, choisis, tranchent avec le « malgré » socialiste. Le PLR, lui a joué la carte de l’humour en qualifiant le projet de budget de « fantastique » (il émane d’un Conseiller administratif PLR !), et a remercié le travail « sérieux et optimiste dans l’intérêt de toutes les générations » de M. Malek-Asghar. Les Verts, enfin, ont salué la hausse de la dotation annuelle à la réalisation de projets accompagnements le développement durable.

Budget EVE, et quelques crédits

Que restait-il à voter, du coup ? À peine deux petits millions en crédits divers, voilà tout ! Mais avant ces crédits, le Conseil municipal a entériné à l’unanimité l’enveloppe 2020 concédée à la fondation EVE pour la petite enfance.

Son budget 2020 affiche un total de charges de 6,7 millions de CHF (1,5 millions de plus qu’au budget 2019) et des revenus chiffrés à 2,4 millions (600’000 CHF de plus). En y additionnant les charges liées aux bâtiments, la subvention communale sera donc de 4,3 millions de CHF.

Le MCG a été seul à s’opposer à un crédit de 30’000 CHF pour l’acquisition d’un tableau de score au service du club de football local FC Versoix. Le parti considère que cette dépense « n’est ni urgente, ni nécessaire ». Le tableau de score pourra également servir de support publicitaire au profit du FC Versoix. Le crédit a été accepté avec 19 oui, 3 non et une abstention.

Côté véhicules, 213’00 CHF ont été contingentés pour acquérir un nouveau semoir au profit du service des sports (40’000 CHF), alors que le service des travaux, voirie, environnement et développement (STVE) sera doté d’un nouveau véhicule utilitaire ainsi que d’un tracteur flambant neuf, pour la somme de 173’000 CHF. Et ce, à l’unanimité.

Enfin, 325’000 CHF ont été crédités à la construction d’un préau couvert adéquat pour l’école Bon-Séjour et les caves de Bon-Séjour.

Histoire d’arbres

La maladroite polémique autour des « abattages d’arbres », craints par plusieurs habitants, a rebondi une fois encore, avec la présence du créateur de la pétition anti-abattage ayant circulé en ligne.

Ce dernier s’est exprimé en fin de séance pour s’expliquer, et inviter l’administration communale à plus de clarté dans sa communication, ce qui aurait pu selon lui éviter tout quiproquo. S’il a reconnu que la commune n’a effectivement pas l’intention de procéder à des abattages en masse, il a également dénoncé le procès d’intention qu’il estime lui avoir été fait, estimant avoir agi en fonction des informations disponibles, et en concomitance avec le « bétonnage de Versoix, qui se développe ».

Pour lui, « toute cette affaire ne serait pas arrivée avec une communication claire et précise de la commune », notamment autour des panneaux « voie verte » résultant d’un travail d’étudiants. Aucun élu n’a commenté ou répondu à sa prise de parole sur le moment.

Aucun, sauf peut-être le président du Conseil municipal, Sean Sidler (PLR), qui, quelques minutes plus tard, a clos la séance de cette façon : « Quand on pose des questions, on a des réponses. Ca évite les débats inutiles sur les réseaux sociaux ».

« …et maintenant, je vous invite au verre de l’amitié ! », a-t-il conclu. Avec une telle répartie, il n’est pas tout à fait certain que le verre ait été extrêmement amical.

En bref

  • L’unanimité des membres présent a également accepté que la commune se porte caution de la fondation Bon-Séjour sur un emprunt d’1,5 millions de CHF. Celui-ci vise à réaliser d’importants travaux de rénovation rendus nécessaires suite à un manque d’étanchéité des toits.

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

<< retour