09.03.2020 par JG
num.297 avril 2020 p.11
Conférence-débat : Les jeux sont faits !

Moteur d’éducation, moment de divertissement, quel rôle le jeu joue-t-il au sein du développement de l’enfant ? Quel lien permet-il de créer ? Quelles en sont les éventuelles dérives ?
Samedi 29 février le Boléro a accueilli quatre intervenants - Anne Lise Berger-Bapst, Sarah Courtois Blanchard, Natacha Cattin et Jean-Claude Zumwald - pour venir discuter et échanger autour de ces thématiques lors d’une table ronde durant laquelle ils ont joué cartes sur table.

Apprendre en jouant
Tous les intervenants ont pu en témoigner, le jeu est un moteur essentiel du développement chez l’enfant. « Un enfant qui ne joue pas doit interroger » explique le psychopédagogue Jean-Claude Zumwald. En jouant les plus jeunes acquierent de la motricité fine et apprennent à gagner et à perdre. Monsieur Zumwald éclaire « Cela permet à ce dernier de faire l’expérience de l’échec, démontrer que l’on peut perdre la partie sans nécessairement perdre la face. Il est important de ne pas priver l’enfant de l’apprentissage de la difficulté. »
Les jeux de société accroissent aussi des nombreuses compétences, au niveau de la stratégie, des mathématiques, du respect de l’autre. « Le jeu est un véritable reflet de la vie » précise Anne Lise Berger-Bapst, responsable de la ludothèque de Versoix, qui a vu les jeux prendre de l’importance au niveau socio-culturel et se transformer en lien intergénérationnel très fort.
Les compétences éveillées en jouant sont des compétences à maintenir chez les personnes plus âgées, jouer permet de ralentir la dégénérescence de certains acquis. Le jeu se retrouve dans les écoles comme moyen pédagogique privilégié mais entre aussi désormais dans les EMS créant un véritable lien entre les générations. Il n’y a pas d’âge pour jouer !
Sarah Courtois Blanchard, présidente de l’APEV et maman, témoigne des petits moments en famille passés autour d’un plateau et qui sont enrichis par la possibilité d’emprunter des nouveaux jeux à la ludothèque. 1'300 jeux sont disponibles à la ludothèque, de toutes sortes, concourant individuel, en équipe, solitaire et toute une nouvelle catégorie de jeux « nomades » très facile à emporter dans son sac à dos. Lieu convivial où les joueurs viennent désormais non pas seulement pour emprunter mais restent aussi jouer sur place, l’occasion de découvrir de nouvelles personnes avec qui disputer une partie et échanger, une intersection entre le ludique et le social.

Le jeu et ses dérives
Un nouveau type de jeu a vu le jour et pris énormément d’ampleur ces dernières années : le jeu vidéo.
Beaucoup de jeunes affrontent des difficultés quand il s’agit de se déconnecter. Des comportements addictifs que l’association Rien ne va plus cherche à prévenir tout en mettant en place des cellules d’aide lorsque ces dérives sont devenues ingérables.
Membre de cette association Natacha Cattin met en lumière la nécessité de la communication.
« Ce qui fonctionne vraiment c’est le dialogue. Il faut établir un équilibre entre le réel et le virtuel en posant un cadre et des règles à convenir entre les parents et le jeune. »
Monsieur Zumwald poursuit « le problème c’est d’avantage ce que l’enfant cherche à fuir plutôt que le jeu lui-même. Quand on se retrouve dans une situation d’aide il faut d’une part désaccoutumer l’enfant d’une consommation excessive mais chercher aussi ce qui dysfonctionne dans son environnement pour qu’il ait ce besoin de se réfugier dans ce monde virtuel. »
Il est important de garder à l’esprit que l’addiction est toujours une relation entre trois éléments : la substance (ici le jeu vidéo), l’individu et le contexte, remettre en question uniquement le jeu ne résout pas le problème.
Natacha Cattin rappelle aussi la possibilité que certains jeunes joueurs développent par la suite un comportement addictif aux jeux d’argents, tendance accrue par la monétisation dans les jeux vidéo et par leur utilisation d’éléments extrêmement attrayants et valorisants, d’où la nécessité d’un travail préventif pour éviter ces dérives.
Jean-Claude Zumwald rappelle néanmoins qu’il nous faut dédiaboliser les jeux vidéo, évolution contemporaine des jeux de plateau traditionnels : « Tout ce qui est nouveau nous donne de l’inquiétude, à tort. »
Le rôle des adultes est donc de garder un œil bienveillant sur les comportements des jeunes, d’apporter la critique et l’analyse que n’ont pas toujours ces derniers et d’accorder un peu de temps à un bon jeu de société en famille.

La ludothèque de Versoix est ouverte tous les mardis et jeudis de 15h30 à 18h45, Bâtiment de l'Ancienne-Préfecture
Route de Sauverny 2, 1290 Versoix, plus d'informations sur le site https://www.ludoversoix.ch/

 

 

auteur : Julie Gobert

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