18.03.2020 par ro
num.297 avril 2020 p.24
Après-midi Corona fÅ“tus

Après-midi "Corona fœtus" ou "Quatre heures de la vie d'un râleur ordinaire".

Grande promenade pédestre dans les bois de Chavannes-de-Bogis, au soleil, petits oiseaux chantants et petites fleurs épanouies au programme.
Je croise un renard qui se balade nonchalamment, sans masque. Après ça, les défenseurs des animaux me diront sans doute encore que leurs protégés font preuve de civisme...

Arrivé sur le parking du Centre commercial, celui-ci est peuplé comme les parois du Vésuve un jour d'éruption.
Quelque peu aventurier à mes heures, je pénètre dans le saint des saints. Seuls le supermarché, la boulangerie et la pharmacie sont ouverts, comme annoncé hier par le chef de convoi des pompes funèbres.

Désireux de devenir alcoolique comme tout le monde, j'entre dans la pharmacie où officient une demi-douzaine de dames à la mine des mauvais jours, l'air de regretter leur choix professionnel et protégées par d'improbables vitrages fixés au scotch, façon pare-brises bricolés par Daech pour se protéger des moustiques sur les chars volés à l'armée Syrienne. On me délivre le précieux produit fait maison et, quand je dis "précieux", à dix balles le décilitre maigrichon, il ne peut être que précieux !
Sur le chemin du retour, je croise des gens qui ont choisi de faire des enfants mais qui avaient pris l'habitude de les confier à d'autres. Je salue poliment, les enfants me répondent "Bonjour Monsieur" (normal, ma demande de transformation est toujours en cours), tandis que ceux qui leur servent de parents restent bouche cousue, assis sur leurs vélos qu'ils  se seraient bien passés d'enfourcher. Il faudrait tout de même que quelqu'un dise à ces gosses qu'ils pourraient mieux éduquer leurs parents !
Rentrée au volant, routes peu fréquentées où dominent des VW Golf blanches et grises, en même pourcentage qu'il y avait de "Trabant" jaunes dans les rues de Dresde pendant la guerre froide, à la différence que les Allemands de l'époque n'avaient pas le choix !

J'ai pensé que ceux qui sont restés chez eux cet après-midi auront le plaisir de prendre un bol d'air par procuration, grâce à mon détaillé récit. Désolé si ça n'a pas marché pour vous !
A part la rencontre avec le renard, tout est vrai, parole de déconneur !

Jean-Pierre Burk

 

auteur : rédacteur occasionnel

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