07.04.2020 par YR
num.298 mai 2020 p.06
Élection du Conseil administratif : Même divisée, l'Alternative triomphe

 Élection du Conseil administratif : Même divisée, l'Alternative triomphe

C’est historique : l’exécutif versoisien bascule au centre-gauche. Par nombre de suffrages, Jolanka Tchamkerten (Verts), Cédric Lambert (PDC) et Ornella Enhas (PS) ont gagné la préférence des votants. Les partis avaient décidé de rejouer le match du premier tour en présentant les mêmes candidats. Malgré une participation réduite — en partie imputable à la pandémie et son confinement — le second tour s’est ainsi terminé comme le premier.

Le coup de pied de l’âne du PDC au PLR

Un mot des déçus, pour commencer. La deuxième tentative n’a pas été la bonne pour Jean-Marc Leiser (PLR), seul candidat de son parti. Comme en 2015, il rate la troisième marche de la mairie face à la candidate socialiste, Ornella Enhas. L’écart est de 107 voix — un écart plus important qu’au premier tour.

Déception également pour Gilles Chappatte (PDC), bon cinquième avec 851 suffrages — légèrement moins qu’au premier tour, toutes proportions gardées. Au terme du premier tour déjà, il était difficile de qualifier sa candidature de viable. Aussi, dans ce contexte, impossible de voir son maintien autrement qu’un coup de pied de l’âne du PDC au PLR. Combien d’électeurs se seraient-ils reportés sur M. Leiser si M. Chappatte n’avait pas pris part au scrutin ? Avec des partenaires comme ceux-ci, plus besoin d’adversaires !

Le triomphe est complet pour Jolanka Tchamkerten et Les Verts : non seulement la candidate remporte à nouveau la première place du scrutin, mais elle le fait avec 15 voix de plus, alors même que la participation a reculé de 4%.

Très bon score également pour le sortant Cédric Lambert (PDC), qui confirme sa deuxième place et talonne Mme Tchamkerten de 31 voix. Il est à ce jour le rescapé d’une Entente versoisienne perdant siège après siège, élection après élection.

Enfin, surprise des surprises de cette élection, la sortante socialiste Ornella Enhas est réélue au Conseil administratif en creusant l’avance sur son rival du PLR, et ce malgré la petite taille de l’électorat purement socialiste à Versoix (seulement 12% des suffrages à l’élection du Conseil municipal en mars dernier, loin derrière Les Verts, le PLR et le PDC).

Le PS et les Verts se sont lancés dans ces élections Communales 2020 désunis et, osons le mot, quelque peu fâchés. Les électeurs sont passés outre cette bisbille, et ont placé ces deux partis aux responsabilités, en compagnie du PDC.

Cohabitation ou majorité de centre-gauche ?

Pris seul, le Conseil administratif est désormais majoritairement à gauche. Evidemment, les exécutifs n’existent pas dans un vide d’air : ils doivent interagir avec le législatif — ici, le Conseil municipal, qui vote les crédits, le budget annuel, et joue son rôle constitutionnel de “garde-fou”.

Or, le Conseil municipal de Versoix, tel qu’élu en mars, permet deux assemblages majoritaires envisageables.

Scénario numéro 1, le PLR et le PDC restent partenaires. Dans ce cas, ils constitueront une majorité de 15 sièges contre 12. Le Conseil administratif devra régulièrement trouver des compromis avec une majorité aux priorités et à la doctrine politique différente.

Scénario numéro 2, le PDC prend acte du résultat de ce second tour, et décide de gouverner avec la gauche. Se dégagerait alors une super-majorité au Conseil municipal, un attelage Verts-PDC-PS de 18 sièges contre 9. Une telle alliance aurait la principale caractéristique d’éviter une “cohabitation” entre l’exécutif et le législatif… et de profondément changer la couleur de l’action politique versoisienne.

Une chose est sûre : les prochains mois promettent d’être passionnants.

Texte : Yann Rieder
Illustration : Photos officielles de campagne (Verts, PDC, PS)

auteur : Yann Rieder

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