21.04.2020 par MG
num.298 mai 2020 p.12
La théorie du chaos et la pandémie actuelle

En mathématiques, la théorie du chaos étudie le comportement de systèmes dynamiques très sensibles aux conditions initiales, un phénomène communément appelé « effet papillon ». Le scientifique américain Edward Lorenz l’a formulé pour la première fois lors d’une conférence en 1972, en posant la question suivante : «Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?» En d'autres termes, même dans une situation très stable en apparence, un « petit » événement localisé peut-il avoir un impact d’échelle mondiale ?

Cette théorie fait forcément écho à la pandémie qui sévit actuellement – la vitesse de transmission des informations et des déplacements humains accentuant la crise. A ce sujet, permettez-moi une petite réflexion historique.

Je rédige ces lignes le dimanche de Pâques, jour durant lequel les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ. À l’époque où ces faits se sont déroulés, il avait fallu des années pour qu’ils parviennent aux oreilles du monde entier, vu le très faible nombre de personnes qui se déplaçaient au-delà de leur lieu de résidence. Cette limitation des voyages a perduré pendant des siècles, retardant les conséquences des événements.

Au 17ème siècle, les nouvelles ont commencé à circuler un peu plus rapidement. Parmi les événements qui ont contribué à la longue persécution des Huguenots (protestants français) figure notamment la révocation par le roi Louis XIV du traité de Nantes. L’exode qu’il a provoqué a été pénalisant pour la France, mais bénéfique à d’autres nations et régions, dont la nôtre, du fait de la venue de nombreux artisans et entrepreneurs.

Au début du siècle dernier, les avancées technologiques permettaient d'être encore plus vite au courant d'événements survenant à des personnes plus ou moins connues. Ainsi, l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche le 28 juin 1914 a été un des facteurs déclencheurs de la Première Guerre mondiale trois mois plus tard.

Aujourd'hui nous bénéficions d’informations audiovisuelles en temps direct, qui nous permettent de savoir ce qui se passe aux quatre coins de la planète. Un monde dans lequel des milliards de personnes comme vous et moi – et pas uniquement les plus fortunées – peuvent aussi se déplacer d'un continent à un autre en moins de 24 heures. Il semble que le premier porteur du coronavirus, dont nous ne connaîtrons probablement jamais le nom, soit venu de Chine en Italie. Ensuite, parce que l'Italie attire beaucoup de touristes européens, d'autres inconnus, en repartant d’Italie, ont permis au coronavirus de former des nids ailleurs en Europe, et même plus loin. La presse a fait état de plusieurs nids, souvent dans des stations de montagne (parce que c’était l’hiver et que les skieurs plus jeunes fréquentent volontiers les bars et discothèques). A noter que la situation n’aurait sûrement pas été différente en été, dans la mesure où les vacanciers balnéaires apprécient généralement aussi les lieux festifs, et que le virus semble bien s'adapter aux températures élevées.

Chacun d’entre nous pourrait donc se trouver être le « patient numéro 1 » de la prochaine pandémie puisqu'il y en aura très certainement d'autres. Pour retarder au maximum son apparition, et la rapidité de sa propagation, ne serait-ce pas une bonne idée de préférer les ballades dans la nature et des petits hôtels accueillant aux plages bondées ou autres villages de vacances ? Et donc aussi à moins voyager en avion !

auteur : Mike Gérard

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