Le 16 avril 2013, lors d'une soirée organisée par le CNV sur le Vendée Globe 2012-2013, Gibus évoquait ses souvenirs de la course autour du monde sur Disque d'Or 3 en compagnie de Dominique Wavre et de Miché€le Paret. En arrié€re-plan aÌ€ gauche, Roland Richard Martin alors président du CNV.
 
 
 
 
 
22.04.2020 par ro
num.298 mai 2020 p.16
Hommage à Gibus

Hommage à GIBUS

Vendredi 17 avril, un jour comme un autre dans le confinement, et la nouvelle arrive, soudaine, Gibus s'est éteint vendredi dans son appartement ... La nouvelle se répand comme un coup de vent, et chaque fois, une grande tristesse et des mots d'amitié. Car Gibus était l'ami de tous, sans exception, tellement il savait nous mettre à l'aise avec des mots simples des gestes amicaux, accompagné de son beau sourire.

Quelle vie, notre Gibus, à Versoix dans l'entreprise de Gilbert Alessi, il crapatouillait sur les toits, solide et téméraire, avec sa force tranquille qui l'a accompagné très longtemps. Quelle maison n'a-t-il pas réparée, jusqu'à Morzine, le chalet la Fourmilière de notre regretté Pierre Wicht, bien connu de tous ceux qui ont vécu les fameux week-end annuels..

Et cette envie, ce besoin de naviguer sur le lac, qui le faisait parfois quitter un chantier lorsque le vent se levait pour aller naviguer. Gilbert Alessi le comprenait bien, il l'a laissé faire la course autour du monde (la Whitbread) en 1981-82,sur Disque d'Or avec le skipper Pierre Fehlmann et Dominique Wavre entre autres équipiers. Il parlait souvent de cette équipée, et à peine rentré, il a fondé son entreprise, GIBUS assistance, entretien de bateaux, maintenance nautique et marin. C'est ainsi qu'il est devenu le marin de bateaux prestigieux comme Gitana, du Baron Edmond de Rothschild, avec qui il avait une belle relation, puisqu'il été son marin en mer. Aussi avec le prince Sadruddin Aga khan, un gentleman de la voile, avec son lacustre "Roxana" qui a failli lui être fatal le soir de l'orage à Port-Choiseul, lors des régates du soir du CNV, qui était d'une telle violence qu'une dizaine de bateaux ont coulé, dont le lacustre et Gibus avec. Il a crû sa dernière heure venue, se débattant dans l'eau lorsqu'une main providentielle l'a repêché au dernier moment, le sauvant d'une mort certaine comme il le reconnaissait. Il était aussi le marin de Virevent, une grande famille de Coppet, et à chaque fois, il était non seulement apprécié par ses qualités professionnelles, mais aussi par sa discrétion et sa gentillesse, toujours respectueux, ce qui lui permettait de garder d'excellents contacts.
Enfin, il faut mentionner son soutien à Alan Roura, dès ses débuts en vue du Vendée Globe, prouvant qu'il était toujours attiré par ces belles courses sur les Océans. (TéléVersoix diffuse un bel entretien avec Gibus, Georges Roura, le père d'Alan, et Roland Martin).
Bien en place avec son entreprise d'assistance aux navigateurs, il formait ses employés, si bien que certains se sont mis à leur compte et pratiquent aujourd'hui son activité. Il a aussi été expert en permis de navigation, et il savait conseiller les candidats au permis.

Il a même été conseiller municipal de 2007 à 2011, au parti libéral suite à une belle campagne électorale, s'étant présenté en homme sandwich lors du festival du chocolat de l'année électorale. Il a souvent essayé de donner son avis, mais le style manquait pour arriver à convaincre le conseil. Il était fier d'être élu, mais une législature lui a suffi.
Dans ses moments de libres, il s'est consacré à la pétanque avec le club de Collex, et aimait à se retrouver autour d'un verre de rosé et d'un repas amical.

Sa rencontre avec Deborah a été une magnifique aventure. C'était un exemple de dynamique de l'amour, et elle qui rêvait depuis tant d'années d'acquérir un coin de paradis dans le Jura a déniché un jour un petit cabanon à St.-Cergues. Pas d'eau, pas d'électricité au début, mais tellement accueillant et chaleureux. Bien vite, ils ont agrandi ce cabanon pour en faire un magnifique chalet avec une vue exceptionnelle sur le lac et les alpes. Et avec Deborah, ils ont accueilli quantité d'amis qui se souviendront de ces repas, fondue, raclette, pour entretenir l'amitié.

Mais Deborah a succombé à une lente et dure maladie, le privant de son équipière de vie, et le laissant dans une solitude qu'il a eu de la peine à accepter, mais qu'il a surmontée pendant toutes ces dernières années, grâce à la présence de ses proches, et de l'amitié de celles et ceux qui l'ont entouré et aidé, aimant aussi à se retrouver seul dans le chalet, avec la nature et les animaux.

J'aime dire qu'on a tous un peu de Gibus en nous, tellement il savait nous mettre à l'aise. Il rencontrait quelqu'un et devenait de suite son ami ! Impossible de ne pas entendre "Salut Gibus" quant on croisait les gens du lac, tellement il était connu.

On pourrait écrire un livre, celui de la vie qu'on ne peut ni ouvrir ni fermer à son choix, et revenir à la page qu'on aime. Ces pages tellement nombreuses avec Gibus, des chapitres de rire, de plaisirs, d'histoires, avec tellement de personnages qui se sont retrouvés ce vendredi 17 avril, un peu largués, mais surtout conscients de la chance d'avoir connu Gibus.

Salut Gibus !

René Schnekenburger

auteur : rédacteur occasionnel

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