06.05.2020 par FK
num.299 juin 2020 p.03
Impact de la sécheresse printanière sur les oiseaux

Avez-vous remarqué à quel point les oiseaux ont avidement recherché de l’eau pendant ce mois d’avril particulièrement sec ?
Si le manque d’eau peut les déshydrater, il les empêche aussi de trouver de la nourriture.
La sécheresse, associée à la diminution des insectes en Suisse, elle-même causée par la disparition des habitats naturels et diversifiés, réduit considérablement le garde-manger des oiseaux insectivores.

Les oiseaux se montrent toutefois résilients et parviennent, au prix de gros efforts, à s’adapter, à trouver de l’eau et de la nourriture, même en période de sécheresse. Cela implique qu’ils s’attaquent peut-être davantage aux cultures, aux arbres fruitiers ou qu’ils partent pour d’autres milieux, au climat plus propice.
Les changements climatiques, avec les variations saisonnières qu’ils impliquent, impactent grandement le rythme biologique des oiseaux. Si les oiseaux se reproduisent au printemps, c’est parce qu’à cette période la disponibilité alimentaire est normalement la plus grande.
Plusieurs études ont montré que les oiseaux, ayant accès à des mangeoires, pondent plus tôt leurs œufs. Ceci représente un risque pour les oisillons qui ne pourront pas être suffisamment nourris si la disponibilité alimentaire naturelle est réduite du fait par exemple de la sécheresse. Ce décalage, causé par des hivers moins rigoureux, des printemps plus précoces et moins pluvieux, peut entraîner une mortalité juvénile importante.
En 2018 et 2019, de nombreux martinets sont sortis trop tôt du nid du fait d’une chaleur excessive et insupportable pour eux. Ils ont été retrouvés morts, au pied des nids, parce qu’ils ne savaient tout simplement pas encore voler.
Des espèces sont plus menacées que d’autres, comme par exemple certains migrateurs qui parviennent dans leur lieu de reproduction alors que le pic d’éclosion des insectes est passé, à la suite d’un hiver doux et un printemps précoce. Alors, si la capacité d’adaptation des oiseaux est bien présente, elle est toutefois limitée, notamment pour cette catégorie d’individus, qui ne peut plus se fier aux signaux qui guidaient jusqu’alors leur rythme de migration.
Face au réchauffement, les oiseaux ont deux types de réponse :
Une réponse immédiate, d’ordre phénotypique : l’oiseau adapte son comportement en fonction des variations de température ;
Une réponse adaptative, d’ordre génétique : les espèces d’oiseaux évoluent d’une génération à l’autre en fonction des pressions exercées par l’environnement. C’est celle-ci qui permettra progressivement d’adapter les dates de migration et d’éclosion des œufs.
Les rythmes de ponte et la quantité d’œufs sont variables d’une espère à l’autre et dépendent des conditions locales. Par exemple, un rouge-gorge vivant au nord de l’Europe aura des pontes plus importantes que celui qui vit dans le sud où la période d’ensoleillement est plus longue qu’au nord. Une mésange vivant en forêt, où la nourriture est plus dense, aura davantage d’œufs que celle qui fréquente votre jardin.
Et puis, la fécondation des oiseaux dépend aussi des risques encourus par les oisillons. Pour éclore, les œufs doivent être couvés jusqu’à ce qu’ils atteignent une température et un degré d’humidité adéquats. Ce temps de couvaison varie d’une espèce à l’autre : 12-13 jours pour un moineau, 11-12 jours pour un coucou, 17-19 jours pour un pigeon….
La mésange bleue se reproduit entre avril et juin. Elle pond 2 à 4 jours après l’accouplement. La couvaison dure 12 à 14 jours et est assurée uniquement par la femelle. Les paramètres extérieurs, comme nous l’avons vu, influencent la date et le nombre d’œufs pondus.
Les besoins des oisillons de cette espèce sont très importants et imposent aux parents jusqu’à 15 apports de nourriture par heure ! D’où la nécessité de bénéficier d’un garde-manger abondant !
Les oisillons n’ont pas de plumes à la naissance et restent environ 18 jours dans le nid. Leur survie dépend entièrement des conditions extérieures. Lorsqu’ils sortent du nid, les oisillons restent encore 1 mois avec leurs parents avant de voler de leurs propres ailes !
Vous l’aurez compris…Une fois de plus les changements climatiques induits par l’activité humaine modifient et menacent de nombreux écosystèmes ainsi que les espèces qui les composent, dont les oiseaux que l’on a si bien entendu chanter pendant cette période de confinement !

Francine Koch, avec le concours de Pro Natura Genève

Des questions vous taraudent sur la Nature ? Sur la reproduction d’une espèce en particulier ? Sur l’identification d’une plante ou son rôle dans l’écosystème ? Sur des aménagements concrets favorables à la nature ou sur des questions plus philosophiques ?

Posez toutes vos questions :
Par courriel à : pronatura-ge@pronatura.ch
Par courrier : Pro Natura Genève, 4 ch. de Plonjon, 1207 Genève
Par téléphone : 079 317 06 52.

Pro Natura vous répondra individuellement et publiera les réponses sur son site internet en citant uniquement votre prénom, votre âge et votre commune. N’hésitez pas à relayer également les questions de vos proches !

Sources
* BirdLife Suisse : https://www.birdlife.ch/fr
*BLONDEL Jacques (2020), Comment les oiseaux s’adaptent-ils à un climat qui change ?, Encyclopédie de l’Environnement, [en ligne ISSN 2555-0950] url : https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/comment-oiseaux-sadaptent-climat-qui-change/.

auteur : Francine Koch

<< retour