04.06.2020 par ro
num.300 juillet-août 2020 p.24
Starlink

À mes Ami(e)s au sujet de STARLINK,

- Je suis effaré, scandalisé et très en colère. Mais je suis aussi rassuré, serein et reconnaissant.
- Effaré, scandalisé et en colère contre ce projet dément d'un milliardaire sans scrupule (pléonasme?)
- Rassuré, serein et reconnaissant par l'écho incroyable rencontré par mon coup de gueule diffusé, début mai, par la presse romande.

Des scientifiques renommés m'ont accordé leur soutien (André Maeder, ancien directeur de l'Observatoire, Georges Meynet, astrophysicien, Jacques Dubochet, prix Nobel, Bertrand Piccard…etc), d'autres se sont tus. Mais surtout, à ce jour, l'article a été échangé plus de 2500 fois sur le site de la Tribune, et grâce à vous, a fait un buzz sur les réseaux sociaux. Cela démontre, de manière magistrale, que la majorité d'entre nous tient à sa planète, et au ciel qui l'entoure.

- Le monde va mal. Notre planète souffre. Et pas seulement du virus. La biodiversité est plus que jamais menacée, des milliers d'espèces vivantes disparaissent à tout jamais. La pression exercée par l'homme va jusqu'à mettre à mal notre climat. Et malgré cela, l'économie rechigne à s'engager sur la voie du développement durable.
Les inégalités se creusent, la pauvreté ne cesse d'augmenter, et, dans l'indifférence quasi-générale, un milliardaire mégalo se met en tête d'envoyer dans l'espace plusieurs dizaines de milliers de satellites, pour nous inonder de 5G. Pendant ce temps, la Suisse promulgue un moratoire sur cette technologie, en raison du principe de précaution.
Les effets de Starlink sur le ciel nocturne sont déjà désastreux, car chacun de ces satellites (une centaine seulement à ce jour) avoisine l'éclat des étoiles les plus brillantes du ciel. Ainsi, les 6000 étoiles visibles à l'oeil nu dans de bonnes conditions seront noyées dans cette marée en orbite. Et je ne parle pas de l'Univers profond (nébuleuses, galaxies). Quand on fait de l'astrophotographie, on travaille avec des capteurs extrêmement sensibles, et sur de très longues poses (souvent, plusieurs heures). Il faut donc s'isoler des lumières parasites, de plus en plus nombreuses, viser entre les traces d'avions, mais comment éviter les constellations de Starlink?
La Terre est déjà prise en otage, et maintenant on voudrait nous priver de notre ciel étoilé. C'est notre patrimoine que l'on attaque. De quel droit se l'approprier et nous en déposséder?
Observer le ciel étoilé, c'est consulter l'album de famille de l'Humanité, c'est accéder à nos origines. Chacun des atomes de notre corps a été synthétisé dans les étoiles. "Nous sommes de la poussière d'étoiles" comme le disait si joliment Hubert Reeves. Outre sa beauté époustouflante, qui réjouit poètes et esthètes, l'Univers constitue un domaine de recherches privilégié, une source inestimable d'informations pour l'ensemble de la communauté scientifique.

Et un homme, au prétexte d'augmenter sa fortune, déjà colossale, prétend nous en priver? De quel droit? N'y a-t-il aucune organisation internationale susceptible de protéger efficacement ce patrimoine et de museler toute tentative de lui nuire? On demande bien aux constructeurs de centrales nucléaires de constituer des réserves pour financer leur futur démantèlement, pourquoi ne pas exiger de Musk, et de tous ceux qui voudront s'empresser de lui emboiter le pas, en plus d'arrêter immédiatement ces envois, de o Etonnamment discrète, la communauté scientifique doit se mobiliser, ce qui, fort heureusement, semble être le cas: l'Union Astronomique Internationale a recueilli 8000 signatures de scientifiques contre ce projet, des astrophysiciens attaquent Musk en justice, les cris d'alarme et les oppositions se multiplient. Cependant, chaque homme et chaque femme doit lutter pour le droit à la contemplation d'une nuit étoilée et à l'émotion unique qu'elle procure. Combien de jeunes et d'adultes ont versé une larme en découvrant, en direct dans mon télescope, les satellites de Jupiter, les anneaux de Saturne, la nébuleuse d'Orion ou la Galaxie d'Andromède? Rêveurs, romantiques, amoureux, esthètes, plutôt que d'avoir le privilège de passer, de temps en temps, une "nuit à la belle étoile", devront-ils se contenter d'une "nuit au moche satellite"?

Mais visiblement, les choses bougent. Plusieurs pétitions, notamment adressées à la Présidente de la Confédération, circulent (je joins les liens). Il nous faut impérativement les signer, et les diffuser largement, par tous les canaux possibles. Certes, cliquer n'est pas agir, mais ces signatures vont permettre de toute évidence, à ceux qui en sont armés, d'engager les actions nécessaires pour stopper toutes ces agressions contre notre belle planète, et son environnement, si fragile et si menacé.

Daniel Cevey
mai 2020

 

Pétitions à signer, à faire signer, et à diffuser le plus largement possible:

- Au Conseil Fédéral: http://chng.it/m564c4N7LM
- De l'Université de Princeton à la Commission Américaine des Télécommunications: https://www.astro.princeton.edu/~gbakos/satellites/petition-fr.html
De nombreux astronomes professionnels ont déposé une plainte contre Elon Musk auprès de la Cour Internationale de Justice. Les réactions se multiplient et s'emballent, mais comme contre le virus, il ne faut rien lâcher!
L'article publié: https://www.tdg.ch/signatures/reflexion/pandemie-celeste-inquietante/story/19096722

 

auteur : rédacteur occasionnel

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