17.06.2020 par ro
num.300 juillet-août 2020 p.08
Allocution du président du Conseil Municipal

Séance d'installation du Conseil municipal de Versoix

Allocution du président

Monsieur le Maire, cher Cédric, Mesdames les Conseillères administratives, chère Jolanka, chère Ornella,
Monsieur le président sortant du Conseil municipal, cher Sean,
Mesdames et Messieurs, bien chers collègues,

Un grand merci de m'avoir confié pour la seconde fois la présidence de ce Conseil, comme en 2014. Je mesure l'honneur qui m'est fait, la responsabilité dont vous me chargez et le devoir qui sera le mien tout à la fois de mener nos débats, mais aussi de vous représenter en tant que "premier citoyen" de notre commune. Je ferai de mon mieux pour accomplir ces missions.

J'aimerais d'abord saluer le président sortant Sean Sidler, qui a mené notre Conseil avec grande clarté et finesse, même si les circonstances n'ont pas permis de tenir toutes les séances prévues, ni une partie des manifestations qui auraient dû avoir lieu.

Nous passons d'un Président jeune (le benjamin historique à Versoix) à un Président qui est le plus âgé d'entre nous tous !
Mais qu'importe l'âge, car aux âmes bien nées, la valeur de dépend pas du nombre des années... pour paraphraser Corneille.

Merci Sean!

Encore quelques mots, pour notre avenir et mon souhait que nous puissions
Agir et changer nos pratiques pour une vraie transition écologique, économique, sociale, technologique.

Un virus et c’est le monde entier qui a vacillé. Le bilan humain, social, économique est déjà très lourd et va s’aggraver. Personne ne peut imaginer qu’une crise de cette ampleur devienne récurrente et pourtant...
Le modèle économique récent menaçait déjà d’imploser devant les inégalités qu’il engendrait et par son incapacité à agir vite et fort sur le changement climatique.
La très lente sortie de cette crise doit donc être l’occasion de réorienter nos activités et de penser les modèles alternatifs qui nous feront enfin basculer dans la transition écologique, économique, médiatique et sociale. Chacun aura sa part à prendre, tous doivent prendre conscience que le monde tel qu’il était a atteint l’obsolescence que ce modèle a lui-même programmé par une mondialisation excessive.
Les plans de relances et d’investissements devront intégrer cette obligation qui nous est faite, non seulement pour nous épargner les crises à venir, mais pour assurer notre avenir en commun.
Le battement d'aile du papillon au Brésil , selon Edward Lorenz, peut causer une tempête au Texas... vous connaissez l'image. Mais il s'agit ici d'une poussière pathogène qui a pu quitter son écosystème asiatique restreint pour se répandre dans le monde entier et mettre à genoux une grande part de la population mondiale...
Nos dépendances liées à la mondialisation surfaite, les disparités mises en évidence par la crise, la nécessité de repenser les rôles de l'État et des partenaires sociaux, la réflexion sur les revenus et les formations, tout cela sort au grand jour à cause d'un grain de sable dans la grande machinerie économique et sociale dont nous sommes devenus dépendants.

Les excès et les dérives de la mondialisation ne peuvent et ne doivent pas ressusciter.

Il nous faut bâtir de nouvelles pratiques, différentes, pour garantir la protection de nos populations tant socialement, qu'écologiquement et que dans le domaine sanitaire. Cela passe, on l'a vu, par des services publics forts, par une distribution équitable des revenus, par une vision plus égalitaire des genres et des groupes sociaux et par la recherche des vrais coûts de nos biens de consommation.
L'exemple récemment mis en évidence de la veste estampillée "made in Bangladesh", mais faite de coton américain, filé en Inde, teint au Vietnam et assemblé avec des boutons chinois... pour être finalement vendue en Europe chez C&A à un prix cassé, illustre la dérive du système, liée aussi au business du transport maritime de marchandises.

À nous, par notre action, de ne pas favoriser ces pratiques !
Limitons aussi nos recours aux médias mondialisés, à l'omniprésence des réseaux sociaux, capables de véhiculer le meilleur, comme, hélas le moins bon et souvent le pire.

Nous qui vivons dans l'un des endroits les plus favorables de cette Terre, dans un système fédéral qui a su faire preuve de solidité dans cette crise, nous devons aussi contribuer à développer de nouvelles visions sur la base des grandes valeurs humanistes que nos ancêtres ont mises en lumière et de nos compétences multiples liées à un système de formation de pointe.
Certes, à l'échelon communal, notre pouvoir est modeste, mais c'est par la base que commence la construction d'un édifice nouveau.
Limitons nos déplacements inutiles, favorisons les circuits courts, renonçons au plastique chaque fois que c'est possible, développons la solidarité et le partage, valorisons mieux les activités des soignants et des agents publics et privés qui doivent être au front, réduisons nos consommations énergétiques, diminuons nos déchets et améliorons leur recyclage, faisons de notre commune un exemple d'adaptation aux circonstances nouvelles !

Chers collègues, prenons conscience des changements nécessaires pour tirer les bonnes leçons de ce printemps 2020 si extraordinaire, pour répondre aux urgences sanitaires, sociales, économiques et climatiques, sans en négliger aucune.
En ces temps de récession, alors que les coûts des énergies fossiles baissent, que l'endettement des institutions publiques augmente, la tentation serait grande de mettre de côté la transition écologique et environnementale afin de réduire les coûts. Ce serait une erreur! Pour relancer la croissance, il faut soutenir les énergies renouvelables, pour produire chaleur, carburant, courant électrique. La mise en place d'infrastructures écologiques, à une large échelle dopera l'économie. Il est opportun de saisir cet enjeu pour aller vers la société à 200 Watts.

Dans ces circonstances, chers collègues, allons ensemble de l'avant pour que Versoix progresse dans les 3 dimensions du développement durable : une économie solide, une cohésion sociale renforcée et une évolution environnementale déterminée !

Vive Versoix, vive la République et Canton de Genève, vive la Suisse !

Yves Richard

auteur : rédacteur occasionnel

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