04.08.2020 par YR
num.301 septembre 2020 p.12
1er août confiné : le pays face au COVID-19

1er août confiné : le pays face au COVID-19

Virus oblige, la fête du 1er août s’est confinée, tout comme nous l’avons été pendant plusieurs mois. Nos élu-e-s ont donc fait enregistrer leur message annuel à la salle Lachenal, sur fond de drapeau communal, national, et cantonal.

En d’autres termes, C. Lambert loue un exceptionnalisme fédéral

Premier à prendre parole en pareilles circonstances, le maire nouvellement réélu — Cédric Lambert (PDC) — était accompagné de ses deux collègues de l’exécutif : la vice-maire Jolanka Tchamkerten (Verts) et la Conseillère administrative Ornella Enhas (PS).

M. Lambert n’a pas tourné autour du pot, ouvrant son discours en souhaitant « à toutes et à tous une fête nationale, de manière quelque peu inhabituelle », dû au fait que les manifestations de plus de 1’000 personnes sont encore prohibées dans tout le pays.

« Face à un avenir épidémique incertain », le Maire a tenu à souligner l’attitude de la Suisse « au cœur de la crise ». Pour M. Lambert, les autorités fédérales ont efficacement joué leur « rôle de guide » en prenant des mesures sanitaires « difficiles, mais adaptées ».

Dans tout le pays, les « citoyennes et citoyens ont cru leurs autorités », quant bien même elle leur demandait de considérables efforts, dont la restriction de « leurs relations » les uns avec les autres.

Après avoir rappelé que le canton de Genève et la commune de Versoix sont également à pied d’œuvre pour contenir le risque épidémique, le Maire s’est empressé d’ajouter que la bonne réussite de ces politiques publiques ne peut subsister qu’avec la vigilance des concitoyen-ne-s : respect des gestes barrières en tête.

S’éloignant des considérations les plus strictement immédiates, Cédric Lambert a fait un clin d’œil appuyé vers une autre crise : celle qui touche l’environnement. « Espérons que notre pays se montre aussi actif et résiliant pour faire face aux défis socio-économiques et environnementaux, qui impliquent aussi une orientation collective claire et une certaine discipline nationale ».

Quitte à laisser, comme avec le virus, le Conseil Fédéral décider au dessus du parlement et des cantons ? Le Maire ne le dit pas. Il serait surprenant que cantons, communes et parlementaires se laissent couper la chique et griller la priorité, même sur un sujet aussi central que la fameuse « urgence climatique » ; et beaucoup pourront aisément défendre, à ce propos, que le danger vital n’est pas si immédiat quant on en vient à l’environnement.

Terminant son discours de manière convenue — le 1er août étant une occasion qui se prête bien peu à l’originalité, et beaucoup au protocole — M. Lambert a remercié les générations passées ayant légué « une Suisse belle, prospère, tolérante et solidaire ».

Pour préserver ce leg, M. Lambert voit trois pistes : d’une, « renouveler notre alliance » pour renforcer notre « liberté, indépendance et paix », de deux, nous « déterminer à vivre ensemble notre diversité » au travers du « don de soi » et de l’équité, et de trois, de travailler à garantir un « environnement sain et durable, aménagé ensemble ».

Certes, il s’agit de la fête nationale : la concorde est de mise, et le consensus fédéral — présent à tous les échelons ou presque de la vie politique en Suisse — tend à apaiser les tensions plutôt qu’à les raviver.

Cependant, il est surprenant de voir ici dépeint un portrait sans félure, sans reproche, sans évaluation critique du rôle joué par le Conseil Fédéral et l’OFSP durant la crise, et notamment au début : ne serait-ce qu’au sujet des masques, rétrospectivement considérés comme utiles une fois les stocks plus fourbis.

C’est une image choisie d’une Suisse résiliante et presque parfaite qu’a choisi de montrer Cédric Lambert. Un portrait conforme aux sentiments d’une fête nationale, sans doute, mais prenant quelques libertés avec la réalité plus complexe des premières semaines et mois de la crise.

Y. Richard : Maître de la litote

En sa qualité de premier citoyen de Versoix (c’est-à-dire, président du Conseil municipal), Yves Richard (Verts) fait face à une contrainte discursive supplémentaire : celle de devoir lier son discours au pacte fondateur de 1291, dont la lecture lui est réservée en fin de prise de parole.

Reprenant la devise traditionnelle Suisse, « Unus pro omnibus, omnes pro uno », la locution latine plus connue en français comme « Un pour tous, tous pour un », M. Richard a estimé que cette dernière a pris une « nouvelle résonnance » en cette « terrible année 2020 ».

De grands efforts ont dû être consentis : « Il a fallu faire preuve de soutien mutuel, de solidarité, d’usage des fonds des communautés » et suivre les « prises de décisions de nos sages du Conseil Fédéral ».

Selon le président du Conseil municipal, l’actualité brûlante de ces derniers mois donne un nouveau sens au pacte fédéral, donc, car « le COVID-19 a été et reste une menace qui a rendu nécessaire de recourir à la force de l’union confédérale ».

M. Richard prolonge le satisfecit commencé par M. Lambert : « Nous avons résisté le mieux possible, grâce à l’esprit et aux décisions de nos institutions fédérales suisses ». Ici encore, pas l’ombre d’une remise en question : le moment ne s’y prête apparement pas, selon les élus de Versoix.

Employant ici une litote particulièrement vertigineuse, Yves Richard a intimé les versoisien-ne-s à « rester unis dans les luttes à venir, contre tout ce qui nous causerait du tort ». Effectivement, dans le cas du virus et d’une possible deuxième vague, le tort tue.

Bref, résumant une pensée qui s’harmonise sans fausse note avec celle du maire : « Dans le domaine de la santé ou face à l’urgence climatique (...), l’union fait la force. »

 

La vidéo intégrale, intitulée « fête du 1er août à Versoix », peut être consultée sur la chaîne YouTube de la Mairie de Versoix, ou sur Versoix.ch.

Illustrations : captures d’écrans de la vidéo publiée par la Mairie de Versoix.

Texte : Yann Rieder 

auteur : Yann Rieder

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