25.11.2020 par ALBB
num.304 déc. 2020-janv.2021 p.05
Si c'est NON, c'est NON !

Le 25 novembre est la journée mondiale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le Collectif Féministe Versoix égalité tenait à marquer cet événement, malgré les conditions sanitaires actuelles. Quelques membres se sont réunies pour préparer une banderole afin de la suspendre sur l'esplanade de Versoix-Centre afin de rappeler que cette problématique existe aussi à Versoix.

En Suisse, on compte en moyenne un féminicide toutes les deux (à trois) semaines (selon les sources). Même s'il n'y en avait qu'une, cette victime serait de trop ! Quand les relations de couple se transforment en possessivité meurtrière, il ne s'agit pas d'une affaire privée ou d'un tabou, comme beaucoup le pensent encore, mais de droits humains. Souvent, le meurtre marque la fin d’un cycle de violences qui n'aurait pas dû être ignoré par les proches. Donc, la société entière est responsable collectivement. Chaque personne peut agir lorsqu'elle voit une forme de violence, parfois simplement en demandant si elle peut aider.

Cette violence débute par des actes d'harcèlement* contre des inconnues, que certains pensent anodins tels que se permettre de toucher une femme* dans un bus, la siffler ou lui faire des commentaires, les comportements haineux d'un homme vis-à-vis de sa compagne. Souvent, ces faits ont lieu dans des lieux publics, devant des gens, qui la plupart du temps se taisent. Tous sont ressentis comme des attaques par les victimes. La "timidité" des témoins peut être considérée comme complicité, tant par l'auteur que la victime, alors qu'il suffirait demander ce qui se passe pour stopper ce genre de cas et surtout empêcher le sentiment de l'impunité et de la toute-puissance de l'agresseur.

Il arrive également trop souvent que, lorsqu'une femme* se plaint de violence auprès des autorités, elle ne soit ni comprise, ni respectée, avec pour conséquence de se sentir doublement victime. Une sérieuse prise de conscience doit avoir lieu à ce sujet. Priorité doit être mise pour que toutes les personnes devant prendre en charge des situations de violence de aient une formation adéquate afin de garantir la protection des victimes et un accueil bienveillant.

La société hérite d'habitudes patriarcales séculaires. Il y a certes eu une évolution, mais pas encore de révolution ! Du chemin doit encore être parcouru pour que les femmes* se sentent en sécurité dans le paysage urbain. Une récente étude effectuée pour la ville de Genève a montré que les femmes limitent leurs déplacements dans l'espace public. Selon cette étude, il apparait comme un lieu que les femmes veulent investir, mais où elles vivent de nombreuses interactions non désirées, qui marquent durablement leur perception d'insécurité. Par ailleurs, plus leur statut socio-culturel est précaire, moins elles n'osent se rendre à certains endroits.

Ces habitudes de limiter les déplacements commencent très jeune, dans le préau scolaire déjà, puisque les garçons utilisent une bonne partie de l'espace pour jouer au football, alors que les filles se regroupent au bord du terrain. Plusieurs écoles en ville de Genève ont déjà réaménagé leurs aires ludiques pour permettre à tous les enfants de les utiliser équitablement. Toutefois, ces nouveautés ont heurté certains protagonistes et il a fallu de la diplomatie pour expliquer l'importance de cette évolution. Cet exemple prouve qu'il faudra encore beaucoup de force de persuasion pour que la situation avance. Tous les enfants doivent apprendre à s'affirmer, afin de devenir des adultes libres et égaux, pas des victimes potentielles !

Concrètement, le Collectif Féministe Versoix égalité entend utiliser l'espace public pour faire connaître cette réalité. Les banderoles suspendues sur l'esplanade la dernière semaine de novembre sont là pour rappeler qu'un lieu public doit être accessible à tout le monde et que les violences que les femmes* subissent doivent être éradiquées. Toute discrimination doit disparaître et les groupes sociaux minorisés doivent aussi pouvoir profiter des prestations publiques sans restriction. Cette égalité-inclusion passera par le bris d'un mur-modèle psychologique et sociétal hérité par des siècles d'habitudes patriarcales. Il s'agit tout simplement de droits humains à faire respecter qui que l'on soit !

Par ailleurs, Aline Sauter Caillet, Conseillère municipale, profitera de la séance du lundi 23 novembre pour demander ce que la Ville a entrepris pour empoigner le problème des violences faites aux femmes, tant au niveau de l'information générale qu'à celui de l'accueil et soutien qu'il faut leur offrir en cas de problème. La réponse qu'elle recevra sera publiée dans un prochain numéro.

Les panneaux lumineux de la Ville afficheront également un message du Collectif Versoix égalité afin de sensibiliser le public durant toute la dernière semaine de novembre. Il s'agira de faire comprendre que nous sommes collectivement responsables et devons ensemble contribuer à un monde plus bienveillant dont toute la population pourra bénéficier.

Frapper ne vaut pas le coup ! Ensemble, nous pouvons améliorer l'ambiance dans les lieux publics simplement en respectant les autres avec le sourire. Cette bienveillance pourrait déteindre dans les foyers. Essayons ... cela vaudra sûrement le coup !

PS : Cet article a été finalisé le 17 novembre, donc avant la décoration de l'esplanade et le conseil municipal. Il contient donc les informations connues à ce moment-là.

Quelques définitions :
femmes* : Toutes personnes se considérant femme

Sexisme et harcèlement dans l'espace public : actes portant atteinte à la dignité d'une personne en raison de son sexe, de son orientation sexuelle, ou de son identifié ou expression de genre.Ils peuvent prendre la forme de regard ou remarques déplacées, attitudes intrusives, d'insultes, de menaces, d'attouchement, d'actes d'exhibition ou encore d'attaques à l’intégrité physique et/ou sexuelle. Ces actes, généralement exercés par des inconnus , ont comme caractéristique d’être non-désirés par les personnes visées.

Plus d'informations :
Pour contacter le collectif féministe Versoix égalité envoyez un message privé sur Instagram@versoix_egalite ou sur https.//www.facebook.com/versoixegalite

Les statistiques de la Confédération peuvent être consultées :
https://www.ebg.admin.ch/ebg/fr/home/themes/violence-domestique/statistique.html

Photo : Anne Lise Berger-Bapst

La banderole fraîchement peinte tenue par Zdenka Tchamkerten et Rubi Cortes
 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

<< retour