18.11.2020 par MG
num.304 déc. 2020-janv.2021 p.06
L'aviation et le covid

Début 2020, l’aéroport de Genève annonçait avec optimisme tous les évènements prévus pour son centième anniversaire. Pourtant, en voyant ce qui se passait en Chine, on aurait déjà pu imaginer que l'année serait difficile. En février, à Manille ou aux Philippines, des précautions étaient déjà prises: port du masque, contrôle de température dans les hôtels et annulations des vols vers la Chine...

Alors que les vols de Beijing avaient déjà été supprimés en février, le 5 mars, l'aéroport a communiqué : « Sur demande des autorités sanitaires suisses, Genève Aéroport a mis en place des mesures d’information aux passagers de toutes provenances, ainsi que des mesures de traçabilité des personnes arrivant directement de Chine.»

On connaît la suite des évènements : une première vague, un déconfinement permettant de partir en vacances et ensuite cette deuxième vague. Les déplacements en avion ont-ils stimulé cette deuxième vague ?

Dans la Tribune de Genève le 19 août, le directeur général de Genève Aéroport défend sa position en rappelant qu'il « applique strictement les recommandations des autorités sanitaires, fédérales et cantonales ... Toute personne atterrissant à Genève … doit remplir un questionnaire... Ces données sont mises à disposition des autorités. Ce protocole est en place depuis début février pour les vols en provenance de Chine et à tous dès début de juin ... Pour les passagers venant de pays soumis à quarantaine, une affiche spécifique est placée à l'arrivée, en complément de flyers distribués par les compagnies aériennes, listant les pays en question et les recommandations de l'OFSP.

Ayant entendu que des passagers sont sortis de l’aéroport sans remplir et présenter le questionnaire, je suis allé à l’aéroport afin de vérifier ces affirmations. Ce que j'ai constaté m'a poussé à écrire un courrier à la Tribune de Genève, qui n'a d'ailleurs pas été publié, dont voici un extrait :

« Sur place, difficile de le croire! Le seul flyer trouvé est une demi-page A5, en noir et blanc, seulement en anglais. Quant à l'affichage spécifique mis en place à l'arrivée, ce n'est qu'un écran, en anglais : "HAVE YOU TRAVELLED FROM A REGION WITH A HIGH RISK OF COVID-19 INFECTION ?" Ce texte n'apparaît qu'une dizaine de secondes, avant d'être remplacé par des spots publicitaires. ».

Le 3 novembre, j’ai écrit un autre courrier à la Tribune, également non publié, dans lequel est fait référence à une étude de l’université de Bâle. «Selon elle, "Une variante de coronavirus détectée d’abord chez des ouvriers agricoles en Espagne se propage rapidement en Europe depuis cet été. Elle concerne désormais la majorité des nouveaux cas de Covid-19 dans plusieurs pays". Cette mutation, appelé 20A.EU1, compte pour 80% des cas en Espagne et au Royaume-Uni, 60% en Irlande et 40% en Suisse et France.
Les chercheurs concluent que les vacanciers en Espagne ont favorisé la propagation de la nouvelle variante avec leurs «attitudes à risques», une fois de retour à la maison».

Chaque week-end depuis début septembre, une centaine de rotations (aller-retour) ont lieu de Genève vers les destinations "loisirs" comme l'Espagne. Leur majorité est actuellement considérée sans risque et ni l'obligation pour les passagers de se mettre en quarantaine ».

J’ai ensuite envoyé une copie de ce courrier au Conseil d’État, en ajoutant cette autre citation de l’étude :

"Cette étude pose la question suivante : la deuxième vague qui frappe maintenant le continent de plein fouet aurait-elle pu être limitée en améliorant le dépistage dans les aéroports et autres pôles de transports? Entre le 1er juillet et le 31 octobre, il y a eu 1640 rotations des vols de ligne en direction de l'Espagne (820 départs et 820 retours) . Même en supposant seulement une occupation de la moitié des sièges, on peut estimer que plus de 60'000 vacanciers auraient pu être exposés au COVID-20A.EU1. ".

À ce jour, aucune réponse !

Très récemment, on a appris qu’il y a une autre mutation de COVID-19, avec une interaction entre les humains et les visons, apparue initialement au Danemark, mais ensuite repérée ailleurs en Europe. Selon un article dans La Tribune (France)

« Covid-19 : le virus mutant combattu au Danemark commence à affoler la planète. Le Danemark a imposé des restrictions spéciales à 280'000 habitants du nord-ouest du pays, afin d'empêcher de nouveaux cas dans ce Cluster 5. Les gens sont sommés de ne pas aller dans le secteur où les restaurants et bars sont fermés. La Grande-Bretagne, qui fait face à une nouvelle flambée de la pandémie, impose une "quarantaine volontaire" à toute personne venant du Danemark. La France a pris les devants dès cet été mettant ses élevages de visons sous surveillance après des signalements des Pays-Bas et de l'Espagne remontant à plusieurs mois. L'OMS suit la situation de près. ».

En supposant que cette deuxième vague se termine avant Noël, et le confinement actuel soit levé, que doit-on faire pour en éviter une troisième lorsque les gens voudront à nouveau partir loin en vacances ?

Pour terminer, selon La RTS le 27 septembre

« La compagnie aérienne allemande Lufthansa et sa filiale Swiss vont instaurer des tests rapides développés par l'entreprise Roche pour détecter le Covid-19 chez ses passagers à partir d'octobre. L'obligation d'en avoir un négatif au moment d'embarquer pourrait permettre des dérogations à des interdictions d'entrée dans le pays. L'aéroport de Zurich étudie également comment intégrer de tels tests dans ses opérations. »

Malheureusement, cela n'est pas appliqué à Genève.

Photos : Carla da Silva - prises le 18.11.2020

auteur : Mike Gérard

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