08.04.2011 par GS
num.200 juil. 2010 p.14
Le chalet russe

Quand le cuisinier du Tsar accueillait l’aristocratie à Versoix.

Le Chalet russe était un hôtel-restaurant réputé de Versoix, il était situé au bas de la rampe de la gare, au bord du lac (route Suisse 74).

Son propriétaire était Aimé Lavanchy, il avait été le chef de cuisine du Tsar, à Saint-Pétersbourg. Il avait connu à la Cour de Russie son épouse, personne fort distinguée.

Cet établissement ne recevait que de la clientèle huppée.

Dans une lettre adressée a son ami Guy de Pourtalès, le 4 juillet 1910, Olivier Sarasin écrit : « (…) Il ne sera pourtant pas dit que je vous aurai écrit huit pages sans vous dire quelque chose de réellement important : j’ai envie de manger ce que l’amie de Paul, la patronne du Chalet russe de Versoix appelle de la « petite friture. »

Lors de la conférence sur le désarmement de 1925, le Journal de Genève rapporte dans son édition du 8 juin : « Un déjeuner a réuni dimanche, à 13h, au Chalet russe, à Versoix, MM. Chamberlain et Briand, le comte Onslow, délégué britannique à la conférence sur le trafic des armes, M. Paul-Boncour, le comte Clauzel, M. Massigli, secrétaire de la Conférence des ambassadeurs, Sir Eric Drummond, secrétaire général de la S.d.N, et lady Drummond, et M. Avenol, secrétaire général-adjoint de la S.d.N. La discussion roula sur des questions d’ordre général et le déjeuner trouva les convives, et particulièrement MM. Briand et Chamberlain, en excellente humeur. »

Ces conversations se sont poursuivies au mois de septembre de la même année.

Apparemment, les diplomates ont pris goût à la cuisine du Chalet russe : « (…) entre la poire et le fromage, on règle sans bruit des affaires considérables. »

Alfred Louis Edmond Vallette écrit dans Mercure de France, 1928 : « (…) Jamais Morchaud ne devait oublier le dîner de Versoix, il fut somptueux. M. Rocco-Montès, à qui le baccarat avait, la veille, laissé tout juste les vingt-cinq louis qui lui avaient permis de commander au patron du Chalet Russe, les plats les plus recherchés de son répertoire et les vins les mieux au point de sa cave. »

Aimé Lavanchy est mort en 1928, le Chalet russe fut démoli un peu avant la fin de la deuxième guerre pour permettre la construction d’une nouvelle gendarmerie.

 

Bibliographie :

Versoix genevoise, Marcel Lacroix
Journal de Genève, www. letempsarchives.ch
Guy de Pourtalès – Correspondances 1909-1918, Ed. Slatkine

auteur : Georges Savary

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