12.10.2021 par SSP
num.313 novembre 2021 p.05
Série “à venir” - Passé-présent

 Les “vieilles pierres” ont beau être inanimées, elles racontent. Les arbres centenaires ont beau ne pas bouger, ils témoignent. Ensemble, tendons l’oreille et imaginons !

1) Le tumulus préhistorique de Mariamont - Erigé entre 600 et 800 avant J.-C.

Le chant doux des friselis de la Versoix est bien présent autour des pierres, depuis toujours. Mais la forêt, elle, était-elle aussi dense ? Un sentier passait-il au même endroit ? La vue était-elle dégagée vers le couchant ? Pouvait-on voire une ouverture grandiose sur la rivière en contrebas ? Sur place, le calme et la solitude offrent un espace à l’interrogation, à l’imagination. Nous savons qu’ici, une personne a trouvé sa dernière demeure : un havre de paix au cœur de la nature, en surplomb d’un cours d’eau à l’ouest. Comment l’appelait-on alors ? Etait-ce une femme ou un homme ? Le sol acide et argileux a contribué à la redistribution totale de son corps, il n’en reste rien. Seuls quelques tessons de céramique ont subsisté des possibles offrandes.
La construction du tumulus a pu compter avec plusieurs mains expertes, qui ont eu à cœur de réaliser un beau cercle de grandes pierres, surmonté d’une couverture de plus petites pierres. Il annonçait et protégeait la présence éternelle de la vie, par delà et au sein de la mort. Les traces de feu trouvées sur place, nous permettent-elles de penser que les proches ont entouré l’être aimé pendant une nuit, jusqu’à l’aube, lors d’une veillée ? Ont-ils accompagné leur peine de mille paroles rituelles qui lui permettraient de vivre cent ans encore dans la mémoire des vivants ? Le lieu de la sépulture était-il proche de leur lieu de vie en bordure de rivière, ou bien au contraire ont-ils parcouru un long chemin depuis le lac ou ailleurs dans la plaine pour rejoindre le lieu de prédilection de la personne décédée ? La tranquillité du site nous enveloppe à notre tour, nous promeneurs passés si longtemps après, pour entendre le chant de la rivière et ressentir l’espace immense des milliers d’années de vies qui ont habité les bords de ce cours d’eau. Nous l’appelons la Versoix, et cela nous semble tout naturel, peut-être parce que depuis tout ce temps son chant est familier et cher au cœur de ceux qui la côtoient.

Dans le prochain numéro : à la source d’Ecogia, l’aqueduc de période romaine, autour du 1er siècle après J.-C.

auteur : Sarah Schmid-Perez

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