14.10.2021 par MG
num.313 novembre 2021 p.06
La vision incomplète de Genève aéroport

Après avoir lu le mois dernier la page entière intitulée « Genève Aéroport exprime sa vision du trafic aérien », je pourrais également écrire une page entière de commentaires sur les « trous » dans cette vision super-optimiste. Or, je propose de ne commenter que quelques détails importants concernant les nuisances subies par les riverains.

Le chiffre cité de 23% de mouvements avec les avions de la classe 5 (la classe de bruit la moins nuisible), correspond avec mon propre chiffre de 22% entre janvier et septembre 2021. Or, si on ne prend en considération que les vols nocturnes (22h-06h), ce chiffre est inférieur à 15%.

Selon l’aéroport, il n’y a pas de vols uniquement réservés au fret. Et les vols qui nous réveillent en atterrissent très tôt chaque matin pour repartir le soir (sauf le dimanche), comme Fedex, DHL, ASL Airlines France , Sprintair, Swiftair et autres (vols qui ne sont jamais répertoriés sur le site e de l’aéroport !) Eh bien, l’AIG les appelle « les intégrateurs ». Grâce à une recherche sur internet, je trouve la définition suivante : « Aéroports-hubs des intégrateurs (fret express) : ouverts 24/24, situés au centre de régions et bien connectés : ex: Paris CDG, Bruxelles, Cologne ». Donc, malgré le terme utilisé par l’AIG, ces vols sont bel et bien des vols fret.

On peut aussi constater que ces vols intégrateurs utilisent souvent les avions très anciens. Deux avions, envoyés très récemment à Genève par ASL Airlines France (les Boeing 737-400 F-GZTJ et F-GZTK) , construit en 1992, font partie de sa flotte ayant une moyenne d’âge de presque 24 ans.

On peut remarquer que le résultat de la décision de l’AIG d’arrêter (temporairement) d’imposer les charges de bruit aux atterrissages, mais d’augmenter les tarifs aux passagers partant de Genève, est que ces vols de fret, et de nombreux atterrissages d’autres avions sans passagers, ne payeront rien pour le « plaisir » de nous réveiller.

L'AIG annonce que « jusqu'en 2019, soit avant la crise, on a déjà pratiquement fait les 90% du chemin vers la réduction de bruit souhaitée par PSIA pour 2030 ». En tant que mathématicien, j’aimerais comprendre comment on a pu comparer les courbes de bruit de 2019 avec les courbes théoriques de 2030. Sans une explication détaillée, ce n’est que de la théorie teintée d’optimisme !

Pour terminer, quelques remarques accompagnées par les liens.

Le 16 septembre l'Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) a lancé une dernière consultation sur la modification du règlement d’exploitation de l'aéroport de Genève (AIG).
https://www.bazl.admin.ch/bazl/fr/home/medias/communiqu%C3%A9s-de-presse.msg-id-85143.htmlBordereau.pdf
Le délai accordé pour soumettre des observations finales a été fixé au 25 octobre 2021, soit un temps de réaction extrêmement court !

Pour consulter tous les documents (cryptés)qui se trouvent sur le site de l’OFAC, vous êtes invité à consulter ce lien sur le site de l’ARAG
http://www.aragge.ch/OFAC/Bordereau.pdf

Enfin, en ce qui concerne la lettre à Monsieur le Président du Conseil d’État Serge Dal Busco, spécifiquement le désir de changer le nom CCLNTA pour la commission consultative pour la lutte contre les nuisances du trafic aérien, je viens de recevoir sa réponse, avec l’explication que « Quant au changement de nom de la CCLNTA, celui-ci a été décidé à la suite de la large consultation effectuée à l’automne 2020 s’agissant de l’avant-projet de loi de mise en œuvre de l’initiative populaire 163 ».

Sans surprise, je ne connais personne ayant participé à ce changement, mais beaucoup d’individus et associations qui pensent que nos autorités politiques ont complètement trahi ce qui est voulu par l’initiative !

auteur : Mike Gérard

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