15.11.2021 par ro
num.314 déc.2021-janv.2022 p.06
A propos de la Route Suisse

Encouragée par l’article intitulé MOBILITE BRUTE du « VERSOIX REGION », je me permets de vous relater mon expérience vécue dernièrement, qui me hante aujourd’hui encore lors de mes nuits sans sommeil.

Agée de 83 ans, je me dirige de Montfleury à Versoix pour un rendez-vous à la route de Suisse. J’avance d’un bon pas lorsque, en sens inverse, arrive une jeune maman avec une poussette et sa petite fille qui lui tient la main. A quelques mètres de moi, je lui fais signe de rester sur le trottoir avec ses enfants et que c’est moi qui les contournerai sur la gauche, m’obligeant ainsi à empiéter sur la piste cyclable. Mais elle s’écrie aussitôt : Attention madame, trois vélos sont en train de vous dépasser ! Je me retourne au moment même où le premier cycliste, avec un petit garçon sur le porte-bagage, se trouve à ma hauteur, suivi des deux autres.

Je réalise après coup que ce croisement aurait pu se terminer tragiquement, chaque utilisateur de ce trottoir partagé ne bénéficiant, à certains endroits, à peine plus d’un mètre de largeur ! En débordant sur la piste des deux-roues, le cycliste, que je n’ai pas entendu arriver, aurait pu être déséquilibré et entraîner la chute sur la chaussée de son petit garçon. Sur cette partie de la route de Suisse circulent de nombreux camions lourdement chargés en raison de chantiers importants aux alentours. Quant à la limitation de vitesse autorisée, elle est de 50km/h. Je suis terrorisée à l’idée que cet enfant aurait pu tomber sur la chaussée et se faire écraser par ma faute.

Les responsables cantonaux (ou municipaux ?) savent-ils que sur ce tronçon de route se trouvent une ludothèque, un conservatoire de musique et une école ? Comment peut-on partager un espace d’un peu plus de deux mètres à des endroits pareils où les piétons, nombreux en raison des implantations scolaires, doivent se croiser (avec poussette, mini-vélo ou autre) ? Comment peut-on imaginer que les cyclistes, pris en sandwich entre une mini-bande dédiée aux piétons cheminant dans les deux sens et la route de Suisse à grand trafic puissent se sentir en sécurité ? Pourquoi ne pas se faire croiser uniquement les piétons côté Jura et uniquement les deux-roues côté lac, ou de proposer un cheminement à l’intérieur du quartier pour les cyclistes ?

Voilà les questions que je me pose, ajoutées à celle de savoir qui serait responsable en cas d’accident : le cycliste, qui est parfaitement dans sa ligne, les piétons, qui ne peuvent pas se croiser sans déborder sur la ligne jaune ou… les responsables d’un tel aménagement suicidaire ?

Je suis consciente qu’il est difficile de contenter tout le monde, mais permettez-moi de vous dire que l’état actuel des aménagements partagés entre cyclistes et piétons côté Jura est aberrant sur certains tronçons, car l’espace est insuffisant pour un bon fonctionnement de leurs utilisateurs.

Je vous remercie par avance de prendre cette expérience, heureusement sans conséquence, au sérieux et d’agir le plus rapidement possible, avant qu’il faille déplorer un grave accident.


Gisèle Kohler

auteur : rédacteur occasionnel

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