20.09.2022 par AB
num.322 octobre 2022 p.15
Marshal Bass Tome 8

La mort misérable et solitaire de Mindy Maguire (Delcourt, 56 pages)
Dessins d’Igor Kordey sur un scénario de Darco Macan

Depuis « Tex Willer » créé en 1948 par Bonelli, il existe une forte concurrence dans le genre wes-tern en BD. On a vu surgir successivement les séries « Jerry Spring » créé en 1955 par Jijé, « lieute-nant Blueberry » créé en 1965 par le duo Charlier – Giraud, « Buddy Longway » de Derib et « Mac Coy » de Palacios en 1974, « Jonathan Cartland » de Blanc-Dumont en 1975, « Durango » de Swolfs lancé en 1981 puis dessiné par Iko depuis 2016, « Bouncer » de Jodorowsky et Boucq depuis 2001, « Undertaker » de Dorison et Meyer depuis 2015, « Duke » par Hermann depuis 2017 et en-fin « Nevada » de Colin Wilson depuis 2019. Au mois de février dernier (VR n° 308 et n° 315), je vous ai déjà parlé de ce shérif noir nommé Marshal Bass évoluant dans une Amérique dure, âpre, où le racisme ambiant est bien ancré comme c’était le cas en 1875. Le huitième volume de cette saga western créée en 2017 vient de paraître et arrive donc dans un marché saturé, mais est pro-bablement la meilleure depuis longtemps et pourrait faire date dans son genre.
River Bass, premier marshal afro-américain repart au fin fond du désert américain pour une chasse à l'homme... qui s'avère être plutôt une chasse à une femme qu'il doit mettre aux arrêts pour lui sauver la vie. En effet, Mindy Maguire, une gentille fille à la chevelure rousse, a assassiné Bernhardt « Skunk » le Puant sans qu’on sache pourquoi avant de s'enfuir en territoire indien avec son or. Personne ne s'en soucie, sauf le shérif Lawrence et les hommes de Dryheave qui la pourchassent sans répit… tant que l'alcool coule à flot. La seule chance de survie de Mindy est que le Marshal Bass la découvre en premier.
La trame de ce nouvel opus est bien ficelée et le dessin flamboyant et réaliste d’Igor Kordey (1957) restitue parfaitement les grands espaces américains. Darko Macan (1966), scénariste croate déjà l’auteur de « la quête de Vador », est habile pour décortiquer la nature humaine avec ses bas ins-tincts. Le shérif Marshal Bass est le seul à avoir les pieds sur terre dans un monde de folie. « Marshal Bass » a-t-il véritablement existé ? Oui, si l’on pense que les auteurs ont pris comme mo-dèle Bass Reeves (1838-1910), un ancien esclave affranchi en 1865 et bon connaisseur des langues indiennes.
En résumé, on constate que cette série, qui existe aussi en néerlandais, se bonifie avec le temps. Les deux auteurs se renouvellent sans pour autant renier leurs fondamentaux. Les personnages ont une réelle profondeur et la lecture fluide est agréable. A noter au passage les splendides couleurs d’Anubis, coloriste, scénariste et dessinateur belge de 32 ans, qui a repris le travail de Len O’Grady, artiste irlandais travaillant depuis longtemps dans l'industrie du comic book, coloriste des pages 1 à 6.

auteur : Alexis Berset

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