12.03.2023 par LR
num.327 avril 2023 p.16
Tan, le marathonien - Conte

Dans un pays lointain, le pays aux mille lumières, vivait un roi au nom de My-Ouling, très aimé de ses sujets. Sa fille unique Noraïe, héritière du trône avait contracté une maladie rare que les médecins ne pouvaient guérir, malgré tous leurs efforts. L’un et l’autre s’enfonçaient dans leur désespoir, voyant leur avenir s’écrouler et le royaume envahi ou détruit.
Les jours s’écoulaient dans la morosité, lorsqu’un chaman de passage dans la région rendit visite au monarque. Celui-ci lui expliqua sa situation, le souci constant de la maladie de sa fille et sa non-guérison. Après un temps de réflexion, le chaman lui confia un secret : il existait, d’après les ouï-dire, une grotte dans les hautes montagnes bordées par la jungle où se trouvait une pierre en forme d’œuf aux pouvoirs magiques et guérissants. Hélas, cette contrée située à plusieurs milliers de kilomètres du palais n’était pas facilement accessible, si ce n’est une partie à cheval et l’autre partie à pied. La décision fut vite prise, car le roi tenait plus que tout à ce que sa fille guérisse. Il y mettrait le prix. Encore fallait-il trouver un coureur vif, alerte, solide qui oserait tenter une telle expérience ! Après bien des recherches dans tout le royaume, il se trouva quelqu’un qui voulait relever ce défi. Convoqué au palais, il se présenta sous le nom de Tan, ancien marathonien aux nombreux exploits. Le roi accepta son offre, lui indiquant toutes les conditions nécessaires à la réussite de son voyage et lui intimant l’ordre formel de lui amener cette pierre. Le temps était compté, car l’issue fatale pouvait survenir dans les proches semaines. Le chaman indiqua le lieu puis partirent. Il l’accompagna un bout de chemin à cheval. Le reste ne tenait qu’aux prouesses du coureur. Ils allèrent jusqu’à la frontière du royaume et de là Tan s’élança à la vitesse d’un éclair pour affronter son voyage. Périple difficile, où embûches et obstacles compliqués freinaient sa course. Des moments de découragement, d’hésitation sur le parcours à suivre, de soif, de faim, de fatigue. Le but devait être atteint et le redoubla d’efforts. Après plusieurs jours sous le soleil à travers la jungle, il découvrit les hautes montagnes, dont il fallait choisir celle où se trouvait la grotte. Son regard pointu, son œil perspicace décela un rocher particulier qu’il fallait escalader. Il s’enhardit avec courage et détermination, s’écorchant les mains et les jambes, mais ce ne fut rien quand il découvrit la grotte. S’engageant dans ce trou béant, il vit dans le fond cette pierre en forme d’œuf d’une brillance exceptionnelle. Une auréole de lumière nimbait sa parure d’or d’où scintillaient une infinité de minuscules diamants. Tan se plongeait dans une telle admiration, qu’il ne pouvait se détacher de cet endroit. Reprenant ses esprits, il détacha l’œuf de son socle, le déposa précieusement dans sa gibecière, redescendit prudemment et s’engagea à nouveau sur le chemin du retour, courant de toutes ses forces pour arriver le plus tôt possible au palais, qu’il avait quitté quatre jours précédemment. Peut-être que l’œuf qu’il serrait si fort contre lui, le redoublait d’énergie, on aurait pu le penser, car cette course folle le voyait filer aussi rapidement qu’une gazelle.
Exténué, il arriva enfin au palais, remit au roi son délicat trésor et s’écroula. Le roi prit soin de lui, et l’envoya chez sa fille allongée sur son lit. Dès qu’elle vit l’œuf, elle s’émerveilla, l’observant de tous côtés, tellement il dégageait de lumière. Le marathonien le lui donna dans les mains. Elle osait à peine le toucher. Elle glissa ses doigts tout en finesse, sur la parure d’or dont il se dégagea une légère poussière, la respira et tout en la caressant, elle sentit un fluide magique imprégner tous ses membres. Elle semblait renaître à une vie nouvelle. Tan n’en croyait pas ses yeux, tant Noraïe reprenait vigueur, sourire, visage au teint rosi, et ses longs cheveux reprenaient leur couleur d’ébène. Son père My-Ouling sitôt appelé, fut tellement heureux de voir sa fille en meilleure forme qu’il l’embrassa tendrement et remercia le Ciel d’un si grand miracle.
On attendit quelques jours pour s’assurer des effets de cet œuf bienfaisant et la guérison de cette princesse en devenir. Le marathonien au grand cœur fut récompensé de ses prouesses, avant qu’il ne reparte pour le remettre à sa place dans la grotte, gardant au nom du roi ce secret dont il se sentait maintenant responsable. Les médecins se confondirent en mille conjectures et admirent la guérison exceptionnelle de la jeune fille. L’œuf avait réalisé des merveilles et Pâques annonçait le printemps, et le mariage de nos deux héros.
Lucette Robyr
 

auteur : Lucette Robyr

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