Si dans l'actualité, on est souvent informé et alarmé sur le réchauffement climatique, la problématique de l'effondrement du vivant reste nettement moins relatée et connue. Sur ce sujet, il y a eu la publication d'études récentes mesurant le déclin des insectes. C'est un constat alarmant on sait comment on se porterait sans pollinisateurs... mais moins connu du grand public. On parle parfois de l'effet pare-brise qui est un phénomène d'origine récente d'après lequel on constate une baisse de la quantité d'insectes s'abattant sur les vitres des véhicules durant leurs trajets.

Mais qu'en est-il des araignées ?

Le 5 avril dernier est le jour qui a célébré une avancée majeure pour la protection des araignées, la publication de la première liste rouge française qui mentionne le degré de menaces des espèces. Cela résulte d'un travail acharné de membres de l'Association arachnologique de France, de PatriNat et de l'UICN. En terme de chiffre, ça représente plusieurs miliers d'heures de travail, de centaines de miliers de données mobilisées et des centraines cartes réalisées pour que 1'622 espèces d'araignées françaises puissent enfin être évaluées !

Triste constat

Sur les 1'622 espèces, 16 espèces sont en danger critique, 82 en danger, 72 vulnérables et 101 quasi-menacées. 501 sont classées en données insuffisantes, faute de connaissances minimales pour les évaluer, mais il y en aurait beaucoup d'autres. 127 sont endémiques et n'existent qu'en France et nulle part ailleurs sur Terre!

Dégradation et destruction des habitats naturels, pollutions, fréquentation excessive, changement climatique...

A l'instar d'autres espèces animales, la dégradation et la destruction sont les principales causes de menaces sur les araignées. Par exemple, l'assèchement ou la pollution des zones humides nuisent fortement à certaines espèces dépendantes de ces habitats. Ces causes sont souvent liées à l'agriculture intensive, les zones humides sont assèchées pour un besoin de places pour des champs. D'autres part, certains étangs ou rivières perdent en qualité de leurs eaux à cause de ruissellements de pesticides de synthèse ou de fumure, des champs jusqu'aux zones humides.

Le changement climatique est une menace grandissante, elle dégrade la qualité des habitats. Les araignées qui vivent en montagne sont particulièrement touchées par la montée des température, elle les contraint à monter toujours plus haut. Les vagues de sécheresses nuisent aussi à des espèces par une déshydratation mortelle ou par la destruction des habitats et de populations causées par des incendies. 

Et en Suisse ?

Toutes ou presques, sont des menaces qui touchent les araignées de Suisse. A défaut de ne pas avoir de liste rouge des araignées de Suisse, on peut s'appuyer sur les résultats pour tirer des conclusions afin de les protéger, car beaucoup sont présentes dans les deux pays et partagent les mêmes menaces . En Suisse, nous avons environ un milier d'espèces et avons une grande part de responsabilité pour les espèces alpines.

Il serait vraiment intéressant de développer une liste rouge nationale afin de préciser les menaces et comment agir pour les protéger, elles et leurs milieux.

Les araignées sont très importantes !

Elles sont des prédateurs et régulateurs de nombreuses espèces d'insectes et autres petites bêtes, elles vivent dans beaucoup d'habitats différents et nous rendent bien service ! Sans elles, certains insectes indésirables pourraient causer des problèmes sanitaires d'importance majeur par leur prolifération. Elles sont aussi une importante source de nourriture de nombreux animaux comme les oiseaux, les musaraignes et les lézards. Certaines espèces participent également à la polinisation.

Commencer par ne pas les tuer aux alentours de nos habitations est un très bon début pour les protéger.

 PHOTO TEGENARIA FERRUGINEA : la Tégenaire rouillée (Tegenaria ferruginea) est classée "En danger" vit essentiellement sur les vieux arbres dans les habitats frais et sec. Elle s trouve aussi à Genève.

 PHOTO HELIOPHANUS PATAGIATUS : Heliophanus patagiatus est classée “Quasi menacée” vit au bord des cours d'eaux frais avec des plages de galets. Présente à Genève et Rare en Suisse.