24.04.2023 par SSP
num.328 mai 2023 p.07
Passé-présent : fleurs de printemps

 Les “vieilles pierres” ont beau être inanimées, elles racontent. Les arbres centenaires ont beau ne pas bouger, ils témoignent. Ensemble, tendons l’oreille et imaginons !

Quand l'or et la blancheur des jonquilles et narcisses annoncent mars et avril, c'est le mauve qui annonce le mois de mai : celui des muscaris, des lilas et des glycines, celui plus clair des magnolias. Jusqu'à des temps assez récents, à la Fête du Printemps il y avait le marché aux fleurs. Le signal était donné par les paysannes de la contrée : c'était l'occasion de partager la joie de planter et rempoter. Après le bûcher du Bonhomme hiver venait l'heure de se préparer un bel été, les jardiniers de la commune préparaient le compost, les paysannes les plantons, et chacun pouvait repartir la brouette (à une ou à quatre roues) encombrée d’espoirs verts et de promesses de moultes heures de bons soins.

Aujourd'hui plants et rempotages ne se font plus à l'unisson ; chacun trouve son moment pour cultiver son jardin, et comme Voltaire s'en trouver plus serein. Mais la fête est partout, dans les rues, les ruelles, les balcons et les lopins et Versoix n'en étale pas moins ses merveilles : des glycines de la promenade du Boléro à celles du Chemin Ami-Argand, aujourd'hui comme hier, cette plante nous fascine. Venue de Chine, elle s'est fort bien acclimatée : arrivée au dix-neuvième siècle et répertoriée par le très genevois De Candolle, ne semble-t-elle pas y avoir toujours été cultivée ? Grappes mauves assorties à d'autres grappes, ses fleurs paraissent faites pour évoquer septembre. Or avant septembre, il y a le 14 juin, et le mauve des fleurs vous le dit : la beauté, la douceur, le charme, la force de supporter de flétrir - voire être coupée - et revenir à la vie l'année qui suit... voilà bien une sagesse qui porte des fruits. Désirer ressembler aux fleurs, n'est-ce pas avoir tout compris ?

auteur : Sarah Schmid-Perez

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