Quatuor à cordes Arkhè avec Gilles Landini au piano
Quatuor ARKHÈ avec Gilles Landini recevant une rose de Brigitte Siddiqui
17.09.2023 par LR
num.332 octobre 2023 p.15
Concert classique aux Caves 17 septembre 2023

Vous l’aurez deviné ! Septembre annonce la reprise des concerts classiques du dimanche aux Caves de Versoix pour la saison 2023-2024.
Pour nous mettre l’eau à la bouche, - après le mot de bienvenue de Brigitte – ce programme différent nous présentait une œuvre et un compositeur méconnus : Théodore Gouvy (1819-1848), interprétés par le Quatuor à cordes ARKHÈ et le pianiste Gilles Landini, venu pour la 2ème fois dans notre cité.
Ce quintet op 24 pour piano et cordes fut l’une des 300 œuvres écrites par ce compositeur français, très influencé par la musique de J.S. Bach.
On le sent dans tous les mouvements penchant vers le romantisme. D’emblée on écoute de belles harmonies, des nuances aussi variées que possible, et l’entrée dynamique de l’Allegro giocoso, nous tient en éveil. La musique est vivante, le pianiste joue avec délicatesse, alors que le jeu subtil des cordes nous émerveille dans ces nuances joyeuses, chantantes où le charme lié au piano nous offre un décor pictural d’eau, de verdure, de cascades.
Dans le 2è mouvement Larghetto mosso, c’est tout le contraire. Le rythme est plus lent, les sonorités plus graves, le piano plus doux survole les cordes. Néanmoins, on sent un certain sentiment d’intériorité, de discrétion, qui fait que le charme opère dans ces couleurs musicales où parfois des solos de piano ou de violon ajoutent une note joyeuse.
Passons au Finale allegro con brio. On repart dans la force presque violente qui nous « réveille » par le piano forte et les cordes qui jonglent sur le rythme effréné de la musique. Accords intenses, rapidité dans l’exécution, et par moments, un peu de douceur qui fait du bien. La symbiose entre les divers instrumentistes est parfaite, sans que l’un ou l’autre ne prenne de l’ampleur. C’est dans cette œuvre que l’on a découvert toute la richesse des virtuoses et de l’interprétation parfaite d’un compositeur et œuvre méconnues. Plaisir de la découverte et doublement applaudi.
Le 2è quintet, de César Frank (1822-1890), nous donne un autre aperçu d’un compositeur belge, naturalisé français, très différent de style et de composition. Tout au long de l’interprétation du quintet en fa mineur, on découvre une richesse d’écriture, une complexité dans les accords, une influence moderne ou du moins avant-gardiste dans les harmonies, les dialogues entre piano et cordes ou des solos de tantôt l’un, tantôt l’autre ou violon seul, sans compter les nombreuses nuances aussi bien exaltantes qu’intimistes. Souvent dans ces accents « tempétueux » se glisse un air de fraîcheur et un charme nouveau. Ainsi se dessine ce premier mouvement, Molto moderato, où le talent de chacun s’exprime avec détermination et professionnalisme.
Quant à l’autre mouvement Lento con molto sentimento, tout se joue sur la discrétion des harmonies plus fines, plus jolies, où le compositeur semble dévoiler les pulsions de son cœur. Piano et cordes se complètent merveilleusement bien, sans trop d’exubérance, alliant justement cette recherche d’écriture musicale intéressante, pour laisser entrevoir les affinités et la sensibilité de l’artiste.
Dans l’apothéose de ce troisième mouvement Allegro non troppo ma con fuoco, c’est par des rythmes saccadés tel un oiseau à chaque coup d’aile, qu’on entre, soit par la délicatesse du piano ou l’univers plus chantant des cordes, dans la musicalité plus allègre de cette interprétation. Tout est finesse, joie, chant où mille styles se conjuguent. Etonnante variété à l’influence classique qui tout à coup dans un final sonore, vous admirez la brillante qualité de ces virtuoses et un regard plus perspicace sur le compositeur.
Le public, toujours aussi nombreux ovationna ce quintet si apprécié avec MM. Edouard Liechti, Nicolas Jaquier, Patrick Leyvraz (violonistes) Arthur Guignard (violoncelle) et Gilles Landini (piano). Félicitations à eux.
Merci à Brigitte Siddiqui de nous avoir programmé ce quatuor ARKHÈ, prémices du prochain concert le 8 octobre 2023 avec Anne Boëls, pianiste.
Lucette Robyr
Photos : JR
 

 

 

 

auteur : Lucette Robyr

<< retour