|
13.02.2024 par LW
num.337 avril 2024 p.09 Patagonie argentine, si majestueuse, si rebelle
Patagonie argentine, si majestueuse, si rebelle « Là-bas, dans la Pampa » c'est ce que beaucoup d'Européens disent quand ils parlent de la Patagonie ... mais la Pampa n'est pas la Patagonie ! La Pampa est une région fertile au Nord de la Patagonie. La Patagonie est aride et venteuse Les « quarantièmes rugissants » .... vous les situez ? Non non, pas celles qui vous concernent vous ou votre entourage. Ceux qui se trouvent entre les parallèles 40 et 50 latitude sud de notre planète, ceux qui s'approchent peu à peu de la latitude 90 du pôle Sud. Les parallèles sont ces rubans de mésure imaginaires qui entourent le globe, le parallèle « zero degrés » étant l'Equateur. Les quarantièmes rugissants ou Roaring Forties en anglais sont les noms que les marins ont donné à ce «ruban » entre les parallèles 40 et 50. Les vents y sont particulièrement violents et la mer très agitée. Une grande partie de la Patagonie se trouve sur ces quarantièmes rugissants. Le vent qui vient de l'ouest, delesté de ses nuages qui auront arrosé le côté chilien de la Cordillère des Andes, arrive en Patagonie avec juste sa grande puissance. La région ne recevra pas de goutte de pluie, mais ses terres seront fouttées par le vent, jour après jour. Entre les Andes et l'océan Atlantique, l'altitude de la Patagonie est peu élevée, la présence de forêts est rare. La Patagonie était une grande forêt Il y en avais des forêts, oui ! Avec des arbres énormes ! ... il y a des millions d'années... On les a retrouvés, pétrifiés. Oui, incroyable processus, à la suite duquel on trouve aujourd'hui des grands troncs et des brindilles transformés en pierre ayant gardé ses couleurs, ses veines. On peut visiter plusieurs forêts pétrifiées en Patagonie. Trois semaines en Patagonie Je n'ai, hélas, pas eu le temps de visiter ces vestiges de forêt ayant subi d'anciens changements climatiques. J'ai passé 3 semaines en Patagonie, je l'ai revisitée par la route et par les airs. J'ai de nouveau pu expérimenter cette incroyable sensation de pouvoir s'appuyer contre le vent. Il est si fort, il vous porte. Les longuissimes routes, goudronnées ou pas, sont extrêment peu transitées. Et partout des guanacos, animaux sauvages, cousins des chameaux. Ils arrivent à vivre avec peu d'eau et en s'alimentant d'herbes résistantes elles aussi. Terre de vent et de solitude Cela faisait une bonne heure que nous roulions sur cette route interminable, aucune habitation en vue, juste des herbes et des guanacos. Et tout d'un coup cet endroit, une habitation, un bar/arrêt isolé de tout. Le tenancier nous a servi un café. Il nous raconte que oui, il doit espacer ses courses, le trajet est très long. Que son papa vit avec lui, il est très agé. Heureusement il est en bonne santé, parce que le médecin est tellement loin. Incroyable vie dans et avec la nature. En hiver elle devient si inhospitalière, si froide. Et le vent .... Le long de la route de temps en temps une tranquera, le portail d'entrée à une propriété privée, souvent une estancia. On ne voit que la tranquera, comme si le chemin d'entrée ne menait nullepart.... Nous continuons notre route. Déjà très près des Andes, il est là ! Le Fitz Roy est face à nous, cette montagne si convoitée par des dizaines d'alpinistes et randonneurs. Elle ne fait « que » 3405 m d'altitude mais elle est réputée comme une des plus dures au monde. Enorme bloc de granit, elle requiert un haut niveau d'escalade. Certaines estancias et fermes organisent des Bed and Breakfast ou accueillent des touristes pour des Asados (grillades) gargantuesques. Des moments extraordinaires dans des paysages incroyables ! Bien sûr, nous avons fait quelques randonnées. Certains d'entre nous ont pris les chemins plus modestes, d'autres ont grimpé jusqu'à des points vertigineux ! Mais tous ont vu les lacs de montagne, dont certains laissent bourlinguer quelques icebergs sur leurs surfaces. La preuve de que les vallées andines abritent une multitude de glaciers qui, régulièrement, laissent se détacher un bout de glace millénaire dans les lacs andins. Et puis un jour, oh ! arrive le moment de commencer à remonter vers le nord, d'abord Buenos Aires, puis Versoix. Et comme si nos anges gardiens voulaient nous préparer pour notre retour imminent en Suisse : dans la vielle ville de Buenos Aires, à San Telmo, nous tombons sur un stand de raclette !!!! Ouiiii au milieu du vieux marché couvert de San Telmo (1897), où la spécialité est le bife de chorizo (steak) et l'asado (grillade), on nous propose des raclettes, avec le drapeau suisse et son arôme incomparable ! Incroyable de trouver dans ma ville natale les deux drapeaux côte-à- côte qui font partie de ma vie aujourdhui. Hasta la próxima, Argentina !
auteur : Lisa Widmer
|
<< retour |
