Ras-le-bol des vols de nuit
La reprise politique a vu des Verts très entreprenants avec le dépôt de textes forts visant à améliorer la vie des Versoisiens. Pour autant, les écologistes n’ont pas toujours été suivis. Si la température extérieure était fraiche pour la saison, il en fut tout autrement au sein de l’hémicycle.
Les séances du Conseil municipal se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Pour cette reprise, ce sont les Verts qui ont monopolisé les débats. Tout d’abord, le groupe écologiste, par la voix de Stéphane Conus, a souhaité modifier l’ordre du jour en demandant le report d’un texte. Ce qui est assez inhabituel. Objet du courroux : un projet de délibération visant à accorder un crédit d’étude de CHF 125'000.— destiné à aménager en zone 30 km/h les chemins de Pont-Céard et de Montfleury. Pour l’élu et ses camarades, le travail en commission était incomplet et ils estiment que le montant prévu manque d’éclaircissements.
Tant le PLR que le Centre ne l’entendent pas de cette oreille. Pour ces deux groupes, le travail a été correctement effectué et ils rappellent qu’il ne s’agit que d’un crédit d’étude. Après de longs palabres et de nombreuses prises de parole, au moins trente minutes, le président Ricardo Lima met fin aux discussions en demandant aux conseillers municipaux de voter ce renvoi ou non.
A une très courte majorité, 12 contre 11, le texte est finalement renvoyé en commission des finances.
Autoroute en question
Le deuxième débat qui a agité l’hémicycle est une résolution des Verts souhaitant que la commune s’oppose officiellement à la troisième voie autoroutière entre le Vengeron et Coppet. Ce projet, prévu pour 2033, a été approuvé par le Conseil fédéral voilà bientôt un an. Il doit encore être traité par les élus à Berne. Pour tenter de convaincre ses collègues, le Vert Gil Pinto-Pereira prend comme exemple les études effectuées par le mathématicien allemand Dietrich Braess. Pour le scientifique, l'ajout d'une nouvelle route dans un réseau routier peut réduire la performance globale. En clair, une troisième voie autoroutière augmenterait le trafic et de fait les embouteillages.
L’indépendant Jean-Marc Leiser rappelle que l’agrandissement prévu des tunnels sur l’autoroute de contournement s’inscrit dans la logique d’une troisième voie au risque de créer des entonnoirs. « De plus, ajoute-t-il, ce n’est pas à des élus communaux de prendre position sur cette idée mais aux élus à Berne ». Béat Zeder, du Centre, estime que « ce projet permettrait de désengorger la route cantonale qui traverse Versoix ». Le socialiste Nils Forestier annonce que son parti s’abstiendra lors du vote car « il y aura un débat au niveau fédéral et probablement une votation ». De nombreux élus écologistes, tour à tour, ont beau prendre la parole avec divers arguments pour tenter de convaincre leurs camarades, rien n’y fait. Par 9 oui, 14 non et 3 absentions, la résolution est rejetée.
Aéroport bruyant
Le troisième gros débat de la soirée a pour objet l’aéroport et particulièrement ses nuisances sonores. Le sujet n’est pas nouveau mais le ras-le-bol est toujours plus fort, ce d’autant que le nombre d’habitants subissant ces désagréments ne cesse de croitre. Comme pour le texte précédent, la résolution baptisée « Vols de nuit, ça suffit ! » a été déposée par les Verts. La nuance, et de taille, est que celle-ci a été signée par tous les partis. S’il ne fait aucun doute qu’elle sera acceptée, cela n’empêche nullement les élus qui le souhaitent de prendre également la parole.
Pour mémoire, en novembre 2019, la population genevoise avait accepté par quelque 56% l’initiative populaire « Pour un pilotage démocratique de l'aéroport de Genève - Reprenons en main notre aéroport ». Le texte exigeait du gouvernement genevois qu'il prenne « toutes les mesures adéquates pour limiter les nuisances dues au trafic aérien ». Pour les élus versoisiens, cette initiative n’étant toujours pas respectée, il faut continuer à maintenir la pression.
Afin de diminuer ces nuisances sonores et particulièrement nocturnes, la résolution vise notamment à prévoir un barème plus incitatif en incluant la tranche de 6 à 7 heures, fortement utilisée à Genève et actuellement non tarifée, dans la taxation pour les décollages et les atterrissages. Le texte demande également un renforcement d’une progressivité dissuasive pour les atterrissages nocturnes après 21 heures, comme cela se fait à Zurich.
A charge maintenant au Conseil administratif de transmettre cette résolution au Conseil d’Etat et au Conseil d’administration de l’aéroport. En espérant que les choses changent.
DTT
Légende photo :
Une résolution qui a été reportée.