A l'origine, il s'agissait de statistiques. Dans Le Matin Dimanche du 18 août, un journaliste a cité Sir Winston Churchil disant "je ne crois que les statistiques que j'ai trafiquées moi-même" ! Il y a peut-être là une part de vérité. Vérification faite, selon des sources dignes de foi, il n'existe aucune trace de cette déclaration !
Cependant, même des statistiques vraies et vérifiables peuvent être soigneusement choisies pour étayer des conclusions différentes. Considérons, par exemple, ces trois affirmations vérifiables relatives aux avions utilisant l'aéroport de Genève.

1. L'âge moyen des avions de la flotte d'easyJet Switzerland est inférieur (plus récent !) à celui de la compagnie aérienne Swiss.
2. Environ 90% des vols de la compagnie aérienne Swiss utilisent des avions de la classe de bruit 5 (la classe la moins bruyante), bien plus que les 20% de la flotte d'easyJet Switzerland.
3. Le pourcentage moyen de mouvements de classe de bruit 5 des principales compagnies aériennes à l'aéroport de Genève est d'environ 30% et augmente lentement mais sûrement.
Si les dirigeants d'easyJet Switzerland, de Swiss et de notre Conseil d'État genevois devaient choisir l'une de ces trois déclarations pour faire valoir que les choses s'améliorent, je pense que leur choix serait très rapide !
Cependant, si nous supposons que mon titre fait référence à des tweets, maintenant X et appartenant à un multimilliardaire, alors la déclaration est alarmante. Il est dit que le propriétaire croit en la forme la plus large de la liberté d'expression. Par conséquent, il a réduit le nombre d'employés chargés de la vérification des faits. Comme il est très facile d'écrire un tweet, avec ou sans intelligence artificielle, mais qu'il est fastidieux de procéder à une vérification sérieuse, il en résulte de nombreuses infos complètement fausses qui ont tendance à devenir virales sur les réseaux sociaux.
La pire de ces dernières années est sans doute celle où le candidat républicain à la présidence des États-Unis a déclaré devant un auditoire mondial que les immigrants haïtiens tuaient et mangeaient les animaux domestiques des habitants de Springfield (Ohio), continuant d'insister sur la véracité de ses propos, même lorsqu'on lui a dit que les autorités de cette ville n'avaient trouvé aucune preuve de ce fait. La conséquence inévitable a été l'attaque de tout immigrant et de ses biens dans cette ville.
À Southport, au Royaume-Uni, les conséquences d'une agression à l'arme blanche contre des enfants qui assistaient à une soirée dansante sur le thème de Taylor Swift ont été encore plus tragiques. Des tweets ont immédiatement circulé sur les médias sociaux, indiquant un faux nom de suspect supposé musulman, alors que le jeune homme de 17 ans inculpé de meurtre a été identifié plus tard comme étant né au Royaume-Uni. À la suite d'émeutes généralisées, prétendument organisées par des organisations d'extrême droite, de nombreux policiers ont été blessés et plus de 100 personnes ont été arrêtées suite à ces troubles.
Malheureusement, même ici en Suisse, lors d'un débat télévisé sur un sujet relatif à l’initiative sur la biodiversité qui sera votée au cours de septembre, un politicien de l'UDC a réussi à mentionner l'immigration. Bien sûr, il peut y avoir des immigrés qui ne sont pas aussi honnêtes qu'on le souhaiterait. D’ailleurs, je connais aussi des Suisses incorrects. Cependant, il est probable que la majorité des immigrants ne souhaitent rien d'autre qu'une vie meilleure que dans leur pays d'origine.
Il y a quelque temps, lors d'une réunion entre l'ARAG et la Commission genevoise pour l'économie, concernant l'aéroport, un membre d'un parti politique de droite a accusé Lisa Mazzone de vouloir transformer l'aéroport de Genève en aérodrome de province n'offrant que des vols quotidiens vers Moscou. Sur le site Internet de la Tribune de Genève, dans les commentaires, j'ai été dénoncé par des correspondants anonymes comme un anti-aéroport qui se réjouirait de ses déboires. Dans les deux cas, ces affirmations ne sont pas fondées sur des faits, mais certaines personnes les croiront certainement.
Heureusement, la radio, la télévision et la presse écrite (bien qu'elles soient soumises à des pressions pour réduire les coûts, et donc l'emploi) nous permettent encore d'obtenir de vraies informations. Je consulte toutes ces sources quotidiennement. Toutefois, quand je vois un groupe d'adolescents consultant intensivement leur smartphone, je m’interroge s’il s’agit d’une bonne chose. Cela dépend de la source qu’ils utilisent. Les téléphones intelligents et les informations fournies par les médias sociaux ne donnent pas toujours un bon aperçu de notre monde perturbé. Alors, je me demande ce qu'ils savent du monde réel qui nous entoure !