24.02.2014 par JP
num.236 mars 2014 p.06
CICR

Une guerre en plein Versoix

Quelles sont ces détonations, qui occasionnellement ébranlent les promeneurs ou autres créatures forestières dans les hauts de Versoix ? Voici la réponse.

Mercredi 22 janvier en fin de matinée, un vacarme détonnant s’émancipe des Bois de la Gueule à Ecogia. Cette bruyante agitation est l’action du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui aguerrit une fois par mois ses nouvelles recrues sur le terrain, avant leur départ pour des zones bien plus périlleuses que nos paisibles contrées helvétiques. Ils sont une trentaine à participer à cette première simulation, proche des situations qu’ils retrouveront dans le futur.

Le CICR est l’œuvre du célèbre genevois Henry Dunant, qui crée en 1863 ce comité d’aide afin de livrer une assistance humanitaire aux personnes touchées par les conflits de guerres armés. Son siège social est établi à Genève, l’institution emploie 12'000 personnes dans 80 pays. A Ecogia, le CICR dispose d’un centre de formation de qualité, financé par la Confédération et la Fipoi (Fondation des immeubles pour organisation internationale). Le bâtiment a été mis à disposition pour une durée de 50 ans, un atout pour une ville comme Versoix de participer à l’action humanitaire en formant les médiateurs de demain. Ceci lui offre une ouverture internationale non-négligeable, et l’institution est ravie de procéder avec la pérennité des lieux.

A 11h, sur les visages se démasque un stress palpable, l’heure d’embarquer dans les 4x4 signés « CICR » approche. Entassés dans le véhicule, les roues s’embourbent dans les sentiers marécageux du Bois de la Gueule. Une centaine de mètre plus loin, une poignée de militaires armés stop brutalement leur avancée. Les conditions de l’exercice ne laissent pas place à l’hésitation, la troupe armée donne le ton en agissant violemment, afin de vérifier l’aptitude des recrues sous stress. Puis boooom, dans l’incompréhension une explosion dantesque éclate à leur côté. Trois autres postes similaires les accom

Nour, l’un d’eux, possède déjà un cursus original et marquant. Le jeune homme a grandi à Versoix, et descend de parents syriens. Il accomplit en septembre 2011 un périple invraisemblable, mais cher à ses yeux. A bords de son vélo, Nour parcourt en quatre mois plus de 4000 km pour se rendre aux services des réfugiés politiques dans une Syrie en crise. Il s’en verra refuser l’accès. L’action humanitaire résonne comme une évidence pour le seul Suisse ici présent « Je me sentais concerné par la situation, et j’ai décidé d’agir. Aider les victimes dans le besoin, c’est un principe. » Lâche-t-il. Il partira a priori pour l’Irak au terme de sa formation avec un désir profond mais commun à ses collègues, celui de porter secours à des victimes de guerre délaissées et dans un besoin urgent.

auteur : Julien Payot

<< retour