18.11.2015 par LR
num.254 déc.2015-janvier p.16
Boléro chapitre 3

Ô ! Mon canal ! Ô mon « fleuve », mon beau Danube bleu, rose ou blanc ! Que t’est-il advenu dès la fin de l’été ? Quelle est donc cette noirceur peu enviable dans ton lit douillet ? Veux-tu tenir compagnie au mur de l’ancien chemin Deshusses ? Veux-tu ressembler aux arbres dans leur sombre nudité, ou peut-être aux nuits noires de l’hiver, aux jours gris d’une tristesse inspirée quand le brouillard opaque désespérant, ne livre un coin de ciel bleu 7/7 – 24/24 ?

O mon cher canal, même les lumières du Boléro, de tout son square baigné de reflets ensoleillés, du va-et-vient des passants, des enfants qui s’amusent à dessiner dans ton parterre de bizarres inscriptions avec leur baguette qu’ils espèrent magique, toute cette animation quotidienne ne peut te redonner VIE, et GAIETE. Adieu la musique joyeuse de ton roulis des premières apparitions, adieu la curiosité à la recherche de tes flots presque inexistants !

Seules les feuilles mortes te tiennent compagnie en s’agglutinant ici et là sur les bords de ton rivage pour un semblant de couleurs et de « festivités ». Tout juste, pouvons-nous, assis sur les bancs, regarder passer la brindille tombée sous le vent et puis s’en va chaotiquement vers sa finalité, à moins qu’elle ne s’accroche à quelque saillie ou amas choisi ! Peut-être que les prémices de ces nouvelles plantations décoratives t’accordent quelque plaisir et quelque beauté ? Le printemps prochain nous le dira.

Il nous reste le loisir des expositions ou de la bibliothèque. Toutes les deux, le soir peuvent se mirer dans tes eaux plus ou moins stagnantes. Les rayons de livres se succèdent, les peintures murales de la galerie te donnent un assortiment quelque peu varié de formes et de couleurs et les tables décorées du restaurant peuvent encore s’y refléter. N’as-tu pas entendu les musiques revigorantes des guitares au cours du Festival International (à succès) qui auraient pu te ranimer un peu ? Chute au début (visuel) chute à la fin (auditive) au milieu, Rien ! Si ce n’est que le cours impassible d’une eau qui a perdu son attrait. Jeunesse et vieillesse se côtoient, souvent à leurs risques et périls, mais on ne saurait donc l’attribuer à leur innocence, leur inconscience ou leur imprévoyance. La malchance est un facteur peu prévisible.

Mais à défaut de voir notre beau canal revenir un jour à sa limpidité originelle, laissons le digérer son premier hiver, et en attendant, allons admirer l’exposition actuelle sur OMAN, plongeons-nous dans un roman, un livre historique ou d’œuvres d’art, buvons un verre au resto en-dessous et terminons à la parfumerie du coin pour se rendre belle ou beau pour les fêtes. Et si vous avez vraiment froid, un bon chocolat chaud d’en-face vous redonnera vigueur pour affronter vos sorties hivernales.
Dans la patience, laissons-le « fleuve » dormir sur son matelas visqueux et verdâtre en gestation future d’une régénération (!!!)


Bonnes Fêtes à tous et meilleurs vœux pour l’an prochain en agréables promenades sur la Treille.      Lucette Robyr
 

auteur : Lucette Robyr

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