23.02.2016 par CS
num.256 mars 2016 p.11
Bellevue : les habitants mécontents

Un imposant complexe immobilier de 330 logements, un hôtel, des bureaux et un parking d’échange devrait être construit sur une parcelle de 5,2 hectares située le long de la route de Lausanne, entre la bretelle d’autoroute et la gare des Tuileries, aux portes de Bellevue. L’envergure du projet, jugée démesurée, soulève la réprobation de la population.
Les correspondants du Versoix Région sont allés à la rencontre de nos voisins Bellevistes dans l’espoir de mieux comprendre les enjeux d’un tel projet de développement urbain et les raisons qui ont poussé plus de 600 locaux à signer une pétition réclamant la modération du projet.

« Beaucoup trop grand ! »

Si les habitants de la commune de Bellevue ne sont pas favorables à un tel projet, ils ne s’y opposent toutefois pas en bloc. La construction d’un nouveau quartier offrant des logements et des emplois semble certes être une nécessité, mais ce qui dérange, c’est le surdimensionnement des bâtiments pour une petite commune telle que Bellevue. La pétition remise en décembre dernier au Conseil Municipal de la commune demande à ce que les immeubles ne dépassent pas les quatre étages. L’agence immobilière et les architectes, eux, prévoient un îlot formé de quatre immeubles d’une hauteur de six à neuf étages. L’impact visuel qu’aurait une construction d’une telle dimension sur le paysage belleviste semble être au centre des critiques évoquées par les habitants de la commune. Roger, résidant de l’autre côté des voies ferrées à quelques dizaines de mettre du terrain Champ-du-Château, déplore : « Ils veulent gâcher le paysage ! ». « Ce n’est pas vraiment en harmonie avec le reste de la commune » renchérit une interlocutrice ayant souhaité rester anonyme.

Croissance de la population

Une autre appréhension est à la base de l’opposition populaire au projet : celle de voir la population belleviste augmenter radicalement et rapidement. En effet, la construction des quatre immeubles permettrait d’accueillir près de 1’500 personnes ! Cela, alors que la commune de Bellevue est une des communes genevoises dont la population a le plus augmenté au cours des dernières années. « Quand nous sommes venus, il y a avait mille habitants. Maintenant, il y en a trois mille », nous révèle Elizabeth, vivant à Bellevue depuis trente-huit ans. Selon l’Office Fédéral de la Statistique, la commune de Bellevue dénombrait 3’252 habitants fin 2015[1], soit le double de ce qu’ils étaient en l’an 2000. La situation géographique de la parcelle, en marge du centre de la commune et de ses infrastructures, est également un aspect négatif pour plusieurs habitants qui craignent l’isolement social des futurs locataires et la difficulté de leur intégration.

 Encore des bureaux, mais pour quoi faire ?

En plus des 330 logements, un hôtel et des bureaux devraient offrir quelques 2’000 nouvelles places d’emploi dans la région. « Il y aura des bureaux, mais encore faut-il trouver à les occuper. Il y en a tellement de vides, des bureaux… ». Les propos d’Elizabeth nous renvoient étrangement à une désespérante situation bien connue des Versoisiens… et du reste du canton où le nombre de bureaux vides a doublé en une année.

Premiers concernés, derniers informés… les Bellevistes en colère

Lorsqu’ils ont appris, lors de la soirée d’information ayant eu lieu le 25 novembre dernier, que le projet était discuté depuis 2005 alors que la population n’en avait jamais été informée auparavant, de nombreux Bellevistes se sont plaints d’avoir été mis au pied du mur. « C’était clair et net que notre petite commune n’avait rien à dire… » déclare une habitante très fâchée du fait que l’avis de la population n’ait à aucun moment été pris en compte.   

Ce que les habitants de Bellevue veulent, c’est un projet à l’échelle de la commune, plus petit et mieux intégré. Mais par dessus tout, ce qu’ils veulent, c’est être entendus.

Texte : Carla Da Silva et Yann Rieder    Photo : Carla Da Silva

« Population résidante du canton de Genève, selon l'origine et le sexe, par commune, en mars 2015 » sur Site officiel de l’État de Genève.

 
auteur : Carla Da Silva

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