16.04.2019 par YR
num.288 mai 2019 p.24
Interview de Delphine Klopfenstein Broggini, députée versoisienne au Grand Conseil

Interview de Delphine Klopfenstein Broggini, députée versoisienne au Grand Conseil

Delphine Klopfenstein Broggini est la seule élue versoisienne au Grand Conseil. Encartée chez les Verts genevois, elle est également co-secrétaire générale du parti cantonal et est candidate au Conseil National cet automne. Nous avons souhaité lui poser quelques questions concernant son engagement politique, mais aussi son regard tant personnel que politique sur la commune de Versoix.

Versoix Région : C'est votre deuxième législature au Grand Conseil… ou plutôt première et demi. Lorsque vous êtes passée de députée suppléante à députée en novembre 2015, vous a-t-il fallu renoncer à certaines activités ?

Delphine Klopfenstein Broggini : Oui, j'ai réduit mon temps de travail professionnel pour pouvoir pleinement prendre en charge et honorer cette tâche. Si on veut le faire correctement, il faut dégager du temps ! Je suis passée de 80 à 60%, pour libérer 30 à 40% du temps pour la politique.

VR : L'une de vos motions a récemment été acceptée - de quoi s'agit-il ?

DKB : Elle concerne l'aérien. Ce thème m'intéresse beaucoup - je me bat toujours pour que cet enjeu soit considérés au niveau des transports ou de l'environnement, et pas de l'économie. J'ai déposé une motion pour une mobilité aérienne exemplaire et silencieuse. Cette motion a passé ! Elle demande que l'État soit exemplaire en matière de mobilité aérienne. Il s'agit de limiter l'usage de l'avion pour tous les déplacements en dessous de 1'200 Km.

J'ai proposé la distance tel quel - je m'attendais à des amendements d'autres partis qui trouveraient cette limite trop excessive - et à ma grande surprise, l'accueil a été vraiment positif ! Elle commence même a être déjà appliquée, notamment au Département de l'Instruction Publique. Ces 1'200 Km englobent des destinations comme Naples, Amsterdam, Barcelone… on peut y aller en train, et parfois même en train de nuit !

VR : En parlant des trains de nuit, justement, il n'y en a pas énormément au départ de Genève. Au niveau cantonal, ce serait étonnant qu'une motion comme celle-ci relance la politique des CFF et des compagnies étrangères, non ?

DKB : Absolument ! Le démantèlement des trains de nuits est une catastrophe pour l'Europe de l'Ouest. La Suisse a une marge de manoeuvre assez limitée, mais elle pourrait favoriser cela dans sa politique extérieur. J'ai assez bon espoir d'agir là-dessus, en politique extérieure. Ma collègue Isabelle Pasquier a déposé une résolution de taxation des billets d'avion qui sera envoyée à Berne pour être y considérée. Le kérosène est le seul pétrole a ne pas être taxé ! L'idée est donc de taxer le billet [d'avion], et de mettre les recettes de cette taxe sur un fond qui aidera à financer les trains de nuit.

VR : Pour revenir à Versoix : quel est votre rapport à la commune, en général ?

DKB : Je suis relativement nouvelle ! Donc il y a un côté " découverte ". Ce qui me frappe, c'est une forme de dichotomie. D'un côté, la beauté du site, avec le lac, la forêt, des beaux chemins, une certaine forme de mixité dans le construit, le train au quart d'heure qui forme un lien avec la ville. Et de l'autre côté, une politique culturelle et un nombre de magasins qui n'est pas à la hauteur d'une ville de près de 15'000 habitants. Et évidemment, un lot de nuisances : l'aéroport, l'autoroute…

VR : L'autoroute qui peut s'étendre — sur une volonté plus cantonale que communale d'ailleurs, non ?

DKB : Bien sûr. J'ai d'ailleurs des projets à ce sujet. Il y aura une troisième voie autoroutière, avec son lot de nuisance pour les hauts de Versoix… C'est tellement vilain, la présence de cette autoroute, quand on se promène dans les bois !

VR : Dernière question, sur la politique communale cette fois-ci : que pensez-vous de son équilibre politique assez particulier pour Genève, où l'Entente est en force et où les Verts - votre parti - sont largement les plus nombreux dans les élus de l'Alternative ?

DKB : Il y a une tradition de longue date de vote écolo à Versoix. C'est la commune qui vote presque le plus Vert du canton.

VR : Et toujours pas de Conseiller administratif !

DKB : Je pense qu'on a un énorme potentiel. Y'a aucune raison qu'on y soit pas. Le 20% de vote pour les Verts, ça me fait voir un enjeu pour la prochaine législature. Y'a aucune raison qu'on ait pas ce siège au Conseil administratif.


Propos recueillis par Yann Rieder

Cet article a été relu par l’interviewée avant publication. Aucune modification n'y a été apportée.

auteur : Yann Rieder

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