05.08.2019 par FK
num.291 septembre 2019 p.08
Les Bois de Versoix : un bien commun à découvrir, aimer et préserver !

Les Bois de Versoix : un bien commun à découvrir, aimer et préserver !

Ils sont sans doute l’un des atouts majeurs de la Commune. Sans ces Bois, Versoix ne serait pas Versoix et étoufferait certainement sous le poids de la densification et de la bétonisation !

Pour mieux les connaître, nous avons posé quelques questions à Sébastien Carini, technicien forestier du secteur des forêts et des arbres isolés de l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN) et à son collègue, Yves Bourguignon, chef du secteur milieux et espèces du même Office.

Les types de forêts que l’on trouve à Versoix

Ces forêts sont constituées majoritairement de chênes, mélangés à d’autres feuillus tels que le charme, le frêne, le peuplier tremble, l’érable, le bouleau, le hêtre… Les résineux, souvent mélangés aux feuillus, composent environ 40% des Bois avec, comme essences principales, le pin sylvestre, l’épicéa, le mélèze, le sapin blanc et le douglas.

Le rôle des réserves naturelles

Les réserves naturelles ont pour objectifs de protéger des milieux ou des espèces particulières et rares comme de préserver des processus naturels.
Dans les Bois de Versoix, elles permettent notamment de protéger des zones humides, dont les surfaces ont été réduites de 95% depuis le siècle dernier en Suisse.
Pour une partie, ces réserves sont également ce qu’on appelle des réserves forestières intégrales. Dans ces dernières, aucune intervention n’a lieu, afin de laisser les processus naturels (régénérations, développement, vieillissement et décrépitude) de la forêt en libre évolution. Ces périmètres particuliers étant relativement récents, il faudra attendre plusieurs décennies pour les distinguer du reste de la forêt.
L’accès à ces espaces de réserve naturelle n’est pas obligatoirement interdit, mais régulé, ce qui permet d’assurer une certaine tranquillité à la faune (puisque le libre accès au reste de la forêt est garanti).
Il s'agit dont pour les citoyen-ne-s de prendre connaissance de leurs droits et usages par la signalisation mise en place sur le terrain.

Pour prendre connaissance de ces périmètres : https://www.etat.ge.ch/geoportail/pro/?mapresources=NATURE les périmètres des réserves naturelles sont sous sites protégés.

La gestion de la forêt

Depuis 2011, les forêts domaniales de l’Etat de Genève sont gérées en « futaies irrégulières».
La futaie irrégulière est une forêt pérenne caractérisée par un couvert continu, avec une sylviculture proche de la nature, où la plus grande biodiversité possible est favorisée.
Un plan de gestion couvrant la période 2018-2028 fixe la planification des interventions. En ce qui concerne les forêts privées et communales, le plan directeur forestier oriente la gestion sur le modèle de ce qui s’applique en forêt domaniale. Une partie de ces forêts est gérée par l’association des propriétaires de forêt ForêtGenève.

La préservation du cycle naturel de la forêt

La sylviculture menée par l’OCAN est proche de la nature et respectueuse du cycle de la forêt ; la biodiversité et la préservation des sols font partie des priorités de la gestion forestière.
Près de 200 ha de forêt domaniale ont été mis en réserve forestière (sanctuaires forestiers) afin de permettre à la forêt d’effectuer son cycle, sans intervention de l’Homme.
La législation forestière fournit le cadre nécessaire à la protection de la forêt. Ainsi, de nombreux agents de l’Etat de Genève parcourent le territoire et ont entre autres pour mission la surveillance des forêts et des milieux naturels en général.

La faune des Bois de Versoix

La faune des Bois de Versoix est très riche et il impossible de lister toutes les espèces. Une mention spéciale est toutefois à attribuer au cerf. Les Bois de Versoix sont en effet les seuls du canton de Genève à avoir une population établie et qui se reproduit (ailleurs, la présence du cerf est plus sporadique). Ceci n'est pas sans poser quelques problèmes et il a fallu mettre en place des systèmes de protections pour les cultures agricoles et les surfaces de régénération en forêt.

Au niveau des oiseaux, il faut mentionner le Pic mar, une espèce relativement rare et inféodée aux forêts comprenant une proportion élevée de vieux chênes.

Pour les batraciens, qui sont tous protégés, on retrouve le crapaud commun, la grenouille rousse, la grenouille agile et le crapaud sonneur à ventre jaune. Ce dernier étant particulièrement menacé, des petites gouilles sont régulièrement créées afin de maintenir les populations.

La diversité des reptiles est un peu moins grande que dans certaines autres parties du canton. On peut toutefois noter la présence du Lézard agile, qui une espèce encore assez courante en Suisse mais rare à Genève.

Pour en savoir plus, voir le plan d'action fédéral : https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/biodiversitaet/uv-umwelt-vollzug/aktionsplan_mittelspechtschweiz.pdf.download.pdf/plan_d_action_picmarsuisse.pdf

Impact de la sécheresse et du changement climatique

Les périodes de stress hydrique successives depuis de nombreuses années ont des conséquences sur l’évolution des peuplements forestiers telles que :
- la perte d’accroissement lors du manque d’eau printanier ;
- le dépérissement de certaines essences sensibles au manque d’eau ;
- les attaques d’insectes ravageurs.
Ainsi, on constate en particulier une perte de vigueur du chêne pédonculé (Quercus robur), qui est l’une des deux espèces de chênes très présentes dans nos forêts, et ce depuis 2003. La plantation de chênes rouvres ou sessiles (Quercus petraea), moins sensibles aux longues périodes de sécheresse, est par conséquent privilégiée.
Prendre soin de la forêt et de sa faune

Lorsqu’on entre dans la forêt, il est essentiel de se conformer aux directives des divers panneaux d’informations et autres signalétiques qui s’y trouvent.
La tenue des chiens en laisse en période sensible de reproduction de la faune sauvage est une mesure importante (1er avril – 15 juillet, sauf zones de liberté pour les chiens).
Bien que la forêt soit accessible à toutes et tous (sauf restrictions sur des zones particulières), rester sur les chemins est une mesure qui permet de limiter le piétinement et de préserver la quiétude de la faune sauvage. La consommation de bois indigène est aussi une mesure qui permet de valoriser notre patrimoine forestier.

Pour conclure

De manière générale, les Bois de Versoix se portent bien ! La passion avec laquelle Sébastien Carini et son collègue Yves Bourguignon en parlent témoigne du soin qu’ils leur portent et de l’étroite collaboration qui existe entre les différents services concernés.
Les défis qui les attendent ? Accroître la résilience de la forêt au vu des modifications climatiques en cours et à venir.
Nous pouvons les y aider en respectant nous aussi ces grands espaces !

Francine Koch

auteur : Francine Koch

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