19.09.2019 par MG
num.292 octobre 2019 p.06
Réponse à la lettre de Nathalie Hardyn

Dans la rubrique « courrier des lecteurs » du 10 septembre dernier, Mme Hardyn, directrice à la Chambre de commerce, vous recommande de refuser l'initiative 163 « Pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève ». Sa position n’est guère surprenante, non seulement dans la mesure où elle ne subit pas les nuisances des avions au quotidien, mais surtout parce que ce sont les membres de son parti politique (PLR) qui ont éviscéré cette initiative de tous les éléments favorables aux riverains lors de l’élaboration du contre-projet. Par ailleurs, n’oublions pas que le fameux PSIA régissant le futur de Genève aéroport avait été en large partie négocié – et présenté comme une grande réussite – par l'ancien ministre de tutelle de l'aéroport, appartenant au même parti et favorable depuis longtemps à une forte croissance de l'aéroport et de la population.
Or, une lecture détaillée du PSIA montre qu’il n'est rien d'autre qu'un désastre. Il contient une courbe de bruit de moyen terme qui, basée sur des prévisions des mouvements 2019 qui se révèlent complètement erronées, est trop grande. Quant à la courbe prédite pour 2030, son calcul se fonde sur des hypothèses, telles qu’explicitées dans un document fourni par l’aéroport, de 2’763 décollages nocturnes (contre 1’836 en 2018) et de 9’107 atterrissages nocturnes (contre 8’746 en 2018) – mais le bruit est censé diminuer !
Rarement évoqué est aussi le fait que le nouveau terminal Est, dont le coût final reste inconnu, permettra à l'aéroport de planifier le départ de trois long-courriers vers l'hémisphère sud ou l'Asie chaque soir après 22h. De plus, vu que la capacité de l'aile Est pourrait permettre une nette augmentation du nombre de vols, et qu’il a été financé en partie par le biais de deux émissions obligataires totalisant 275 millions de francs, on peut aisément imaginer que, malgré ses dénégations, Genève aéroport deviendra de facto un deuxième hub. C’est-à-dire fonctionnant comme Zurich, mais en restant ouvert une heure de plus chaque soir afin de permettre aux vols low cost de continuer à revenir à Genève très tardivement. Ainsi, le nombre d'heures de repos nocturne sans bruit dans les zones situées sous les trajectoires d’atterrissages et de décollages, dont la moyenne a été inférieure à 6,5 heures durant l’été 2019 (juillet/août), pourrait encore se réduire !

Dès lors, afin de signaler au Conseil d'État et à l'aéroport, et indirectement au Conseil fédéral, que beaucoup de Genevois en ont désormais ras le bol de cette chasse à la croissance désespérément menée par le lobby économique, qui ignore les graves enjeux climatiques, il faut voter POUR l'initiative 163.

*(voir pièce jointe en annexe)

auteur : Mike Gérard

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