11.10.2019 par FK
num.293 novembre 2019 p.05
Dans les coulisses de la ferme Courtois

Qui ne connait pas la Ferme Courtois ? Située à Sauverny, encore dans la Commune de Versoix, elle se distingue par ses grandes cultures, son arboriculture, ses légumes et, bien sûr, son marché à la ferme installé aujourd’hui dans des locaux flambant neufs !

Depuis 2011, c’est la quatrième génération des Courtois qui gère l’exploitation. Christophe, presque la quarantaine, marié à Sarah, avec qui il a deux enfants, une fille et un garçon de 9 et 11 ans, a repris l’exploitation de ses parents. Ces derniers, avec leur fille, sont toujours là et continuent d’aider leur fils au quotidien.
Aux côtés de Christophe Courtois, propriétaire des terrains et du bâtiment depuis 2016, trois employées fixes et une étudiante sont là pour accueillir les clients au marché. Dans les cultures, père et fils sont secondés par un employé et très régulièrement un apprenti. Le dernier qui a passé par là vient d’ailleurs d’obtenir son CFC en arboriculture, ce dont la Ferme est fière !

Christophe est un visionnaire qui n’a de cesse d’ajouter de nouvelles cordes à son arc. Après des études de commerce, il a obtenu son CFC d’agriculteur et, très récemment, sa patente de restaurateur. Ses yeux brillent lorsqu’il évoque ce à quoi il pourrait l’utiliser, bientôt, à la Ferme….

Mais, au-delà des rêves et des projets, il y a, au quotidien, une surface de 55 hectares à faire fructifier et à entretenir, avec trois secteurs de production.
Sur 48 hectares, on trouve les grandes cultures, avec 20 hectares de blé, 4 hectares d’orge brassicole, 8 hectares de lentilles (beluga, rosana et vertes), 8 hectares de colza destiné à la fabrication de l’huile, 2 hectares de sarrasin transformé en farine utile notamment à la fabrication des galettes, 4 hectares de pois chiche pour lesquels la demande est forte, 1 hectare de haricots secs dont la culture se révèle complexe et 1 hectare de graines de lin, bien connues comme remède dans certains problèmes digestifs.

Le domaine assurant une production agricole selon les normes des Prestations Ecologiques Requises (PER), les cultures de céréales sont produites selon le programme extenso, sans fongicides, ni insecticides et, dans la mesure du possible, bénéficient d’un désherbage mécanique. En alternance, un désherbage chimique annuel est maintenu sur les autres cultures afin d’éviter que les champs ne deviennent sales.

4 hectares sont réservés à l’arboriculture, avec 18 variétés de pommes, mais aussi des pruneaux, des mirabelles, des pêches de vigne, des poires williams et marlioz - utiles à la confection des rissoles genevoises -, des cerises et des baies selon les saisons. Un système d’autocueillette est proposé sur un des hectares (pommes, framboises, légumes…) et permet aux clients de tous âges de découvrir et mieux comprendre la réalité et les enjeux de l’agriculture.

1 hectare est consacré à la culture maraîchère : salades, courges, courgettes, haricots, maïs doux, poireaux et céleris mais aussi tomates, concombres et aubergines, cultivés en tunnels, alimentent le marché à la ferme ouvert dans les années 1980. Depuis cette date, la variété des produits proposés n’a cessé de croître.
Pour mettre en valeur sa production, la ferme propose des plateaux du terroir confectionnés sur place pour les apéritifs. Vous en verrez peut-être passer lors des réceptions communales versoisiennes…

Christophe se réjouit de constater que les commandes en direct sont en augmentation. Restaurants grandes surfaces et épiceries de la région s’adressent aujourd’hui directement à la Ferme pour obtenir fruits, légumes, farines, huiles et, bien sûr, les célèbres lentilles qui ont fait connaître les Courtois auprès des consommateurs.

En plus de la production selon les normes PER, les Courtois ont installé en 2003 170 m2 de panneaux solaires photovoltaïques produisant de l’énergie couplée au réseau SIG.
Tout en utilisant les infrastructures existantes, l’installation produit une quantité d’énergie égale à la consommation moyenne de six familles. Le tout est pour l’instant, entièrement réinjecté dans le réseau SIG.
L’autoconsommation est visée d’ici 2023. Et, s’il reste quelques kWh, ceux-ci seront à nouveau injectés dans le réseau.

L’ombre à ce tableau très positif vient de la politique agricole menée par la Confédération helvétique.
Ne serait-ce que, par exemple, le récent accord commercial avec les pays du bloc économique sud-américain du Mercosur, parmi lesquels le Brésil, que la Suisse a annoncé avoir conclu quelques mois après l'Union européenne, et qui laisse Christophe et bon nombre d’agriculteurs, sans voix.

Comment peut-on accepter d’importer des produits soumis à très peu, voire aucune réglementation, alors qu’en Suisse, on contraint les agriculteurs à respecter des cahiers des charges en termes de développement durable, qui sont de plus en plus contraignants ?

Les agriculteurs suisses travaillent à assurer la biodiversité, à effectuer des rotations dans leurs cultures et le traitement de celles-ci comme à limiter les produits chimiques ; en s’appuyant sur les grandes connaissances techniques acquises sur le sujet, ils cherchent à rendre leurs exploitations le plus écologiques possible. Et voilà qu’en contrepartie, le pouvoir politique conclut, au nom de la prospérité économique suisse, des accords tel que celui du Mercosur….Incompréhensible !

Heureusement, les consommateurs sont de plus en plus conscients de ces réalités ; la tendance à acheter local, de saison et écologique ne cesse de s’affirmer. C’est notamment ce qui redonne courage et envie de se battre à la famille Courtois comme à d’autres afin d’assurer une alimentation saine et de qualité à la population du pays !

Pour en savoir plus :  https://www.fermecourtois.ch

auteur : Francine Koch

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