29.02.2020 par LMV
num.295 février 2020 p.15
Les Misérables

Depuis notre enclave au bord du lac Léman, nous observons de près mais parfois sans comprendre les enjeux qui s’entrelacent chez nos voisins. Le témoignage poignant de Ladj Ly (réalisateur) à travers Les Misérables nous embarque dans les entrailles d’une France déchirée et déchirante.

Le scénario est limpide, l’intrigue simple. Une nouvelle recrue débarque au poste de police de Montfermeil, une cité de la banlieue de Paris. La tension monte pendant la journée entre les jeunes du quartier et les policiers de la brigade, jusqu’à ce que ceux-ci commettent un écart qu’ils vont tenter par tous les moyens de cacher. Le spectateur est happé par un rythme soutenu, des rebondissements sans répit et une narration haletante. On reçoit les coups et on retient son souffle en même temps que les personnages, complexes à souhait. Tous sans exception nous tiraillent de leurs arguments politiques qui ont autant leur place à l'écran que dans un débat de société. Il est impossible de prendre parti. Une fin en apothéose illustre ce problème et laisse le spectateur alarmé longtemps après la fin du générique. On se voit forcé à renoncer à une vision manichéenne du méchant et du gentil. Il faut prendre le problème à la source et dans une ode à la mobilisation et à l’éducation, Ladj Ly signe une œuvre d’utilité publique félicitée par le prix du jury au Festival de Cannes et pré-nominée aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger. C'est un film à ne pas rater le samedi 29 février à 20h30 à Cinéversoix.

Laura Morales Vega 

 

auteur : Laura Morales

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