Yasmine et Elisabetta Marchesini au piano à quatre mains
Yasmine au piano et Elisabetta Marchesini au violon
04.02.2020 par LR
num.296 mars 2020 p.19
Du Charme : Concert classique du dimanche

Oui, vous l’avez compris ! En cette soirée du 2 février 2020, nous avons assisté à un concert donné par Yasmine Ambroise-Siddiqui, pianiste, accompagnée pour deux œuvres par Elisabetta Marchesini, son élève, pianiste et violoniste, de 18 ans, en remplacement de Lucio Fersurella, baryton, malade.
Survolant cinq siècles (du 17ème au 21ème siècle) les morceaux choisis tenaient du rêve, de la légèreté, du charme et de la gaieté. Une heure où les deux interprètes nous donnent en ouverture une pièce de Serguei Rachmaninov, jouée à quatre mains : Barcarolle. Bien exprimée dans le jeu des tonalités, on s’imagine la barque voguant sur l’eau en proie aux vagues successives, tantôt calmes, tantôt déferlantes et l’éloignement incitant au repos, aux soupirs. Vie qui s’écoule !
Puis ce fut « Sento nel core » d’Alessandro Scarlatti aux accents plus prononcés, rigoureux, brefs ou rapides. « Selve amiche » d’Antonio Caldara reflétait des harmonies plus linéaires, plus modérées, tout aussi agréables.
Sautons dans le baroque avec Jean-Sébastien Bach, dans l’aria « Ich habe genug » (Je suis comblé) tiré de la Cantate BW82. Si la voix du baryton était absente, Yasmine en grande virtuose apporta toutes les nuances voulues aux subtilités expressives de la musique liturgique de Bach. (Pièce créée le 2 février 1727 pour la Fête de la Purification de la Vierge Marie).
Entrons dans le 19ème siècle avec trois pièces romantiques de Johannes Brahms. Autre style : « Sarabande », « Intermezzo » (op 118) « Sehnsucht » (op.14 n°8). Les rythmes changent : saccadés, violents, précipités, doux et joyeux, tout opère en images continues vives et intéressantes.
Dans la « Sonate en mi mineur HOB.XVI 34 » de Joseph Haydn, on assiste dans les trois mouvements à un carrousel de nuances, de sonorités harmonieuses, légères, fluides, chantantes où tout semble couler de source. C’est la joie exprimée, surtout dans le « Vivace molto » avec une aisance particulière, qui nous donne l’impression que la vie est faite de danses, de chants, de charme, de tendresse, de rires, d’humeur communicative. Un vrai régal d’interprétation !
Célébrant les 250 ans de la naissance de Beethoven, Yasmine lui lance un clin d’œil en nous jouant le 1er mouvement de la « Sonate au clair de lune ». Après la danse, on rêve, on sublime la beauté du paysage, les couleurs chatoyantes des rayons lumineux sur la nature endormie. L’amour semble un sujet de méditation.
Cerise sur le gâteau : Surprise ! Bien des talents sont cachés. La fille de Brigitte Siddiqui nous offre un morceau de sa composition écrit en 2019. Un ravissement d’exécution : accents aigus, tumultueux, image de l’effervescence de ce monde, mais combien agréable à entendre, tant la quintessence des accords est bien équilibrée, les sonorités riches, colorées, très jolies à écouter. Bravo !
Un morceau pour piano et violon où Elisabetta dans son second rôle interpréta « l’Ave Maria païen » de la comédie musicale Notre-Dame de Paris. O Combien, cette mélodie célèbre de Richard Cocciante revivait sous la finesse de l’archet ! On vibrait dans cette supplication délicatement jouée et le piano renforçait en notes répétitives cette prière à la Vierge. Magnifique !
Pour terminer, Yasmine nous offrit une œuvre courte du français Yann Tiersen « Porz Goret », compositeur moderne d’aujourd’hui. Dans cette atmosphère « marine » que nous interprète notre fabuleuse pianiste, c’est la fluidité des enchaînements sonores, la légèreté de l’eau qui tombe en cascades (notes pointillées) puis s’étalant en une paisible rivière. Encore une fois, le charme a opéré, laissant le public enthousiasmé.
Si la vie parait parfois un long fleuve tranquille, ce soir, en musique, elle l’était.
Merci à Yasmine, à Elisabetta et à Brigitte pour l’excellence de cette soirée. Lucette Robyr.

Photos : Siddiqui
 

auteur : Lucette Robyr

<< retour