14.02.2020 par LMV
num.296 mars 2020 p.16
Léman Express : Bilan de deux mois d'exploitation mouvementés

Ce fut le sujet polémique de ce début d’année. Le Léman Express, proclamé joyau de la mobilité, a enchainé les retards et les annulations, de quoi échauffer les esprits sur les quais gelés. Retour sur une mise en service agitée.

Le Léman Express fut lancé le 15 décembre 2019 et son début était plutôt prometteur. Je félicitais moi-même, comme vous pouviez le lire dans l’édition de janvier du Versoix-Région, la qualité des infrastructures et la rapidité du déplacement. Les chiffres affichaient également une réussite avec une fréquentation supérieure aux attentes. Le Léman Express attirait en effet déjà 25'000 pendulaires quotidiennement. L’objectif est, à long terme, de transporter 50'000 usagers par jour. Ce premier bilan positif n’avait alors qu’une ombre au tableau : la grève en France empêchant la circulation sur une partie du réseau.

Le 16 janvier 2020, finalement, cette situation s’est débloquée avec d’abord une prolongation de la ligne L1 jusqu’à son terminus final à Évian-les-Bains puis, le 22 janvier, une mise en service intégrale de toutes les lignes. Ce qui aurait pu être l’aboutissement final du projet apporta malheureusement son nouveau lot de problèmes.

Des trains annulés, des retards prolongés, des compositions réduites non adaptées à la demande, des itinéraires altérés. Les usagers du réseaux en ont vu de toutes les couleurs. Pour les habitants de Versoix et ses environs la situation est d’autant plus frustrante car, bien avant le Léman Express, le train régional était déjà le moyen de transport quotidien et indispensable d’une grande partie de travailleurs et d'étudiants. Ce mécontentement s’est concrétisé sous la forme de plusieurs pétitions circulant sur les réseaux sociaux et un communiqué de la part du Conseil administratif de Versoix adressé aux responsables de l’exploitation et au Conseiller d’Etat Serge dal Busco. De nombreux articles sur le sujet ont également été publiés dans la presse régionale.


Pour répondre à la colère populaire, un communiqué de presse commun des CFF, de la SNCF et de Lémanis, l’entreprise chargée de l’exploitation du réseau, a été publié le 30 janvier. Ils s’y excusent des désagréments causés et lient ces dysfonctionnements à « deux principales causes : la disponibilité du matériel roulant et l’application de processus d’exploitation transfrontaliers propres à chaque entreprise. » De façon plus concrète, cela peut être explicité, en premier lieu, par la jeunesse du matériel qui implique inévitablement des soucis techniques. Les trains français ayant été livrés en retard, il a fallu faire les ajustements nécessaires simultanément à la mise en service. En deuxième lieu se sont ajoutés des problèmes d’organisation et de communication entre les entreprises des deux côtés de la frontière quant aux procédures de mise en route à suivre par les employés. Les imprévus se sont multipliés. On relèvera notamment un soucis plutôt comique concernant la couverture du réseau téléphonique ferroviaire: personne n'avait pensé qu'il ne marchait pas partout. Ces problèmes-là ne sont pas forcément excusables, car prévisibles mais une troisième couche extraordinaire est venue s’ajouter avec la grève en France. Les employés français formés uniquement de façon théorique n’ont pris réellement leurs marques qu’à partir du 22 janvier. La combinaison de tous ces facteurs sur un réseau très dense comme celui du Léman Express est à la source des perturbations que nous connaissons.

Selon un article paru dans la Tribune de Genève le 12 février, ces problèmes récurrents exaspèrent autant les cheminots que les usagers. Certains proposeraient même une scission du trajet à Annemasse pour que chaque type de train circule uniquement sur son tronçon national. Une telle décision semble peu vraisemblable, car elle équivaudrait à faire un bond, inacceptable, en arrière. Les CFF ont d’ailleurs rappelé que c’est le caractère transfrontalier qui fait l’utilité du Léman Express dans un article du 13 février paru dans le même journal. Encore une fois, ils appellent à la patience.

Heureusement, une amélioration s’est faite sentir dans les derniers jours même si les perturbations restent importantes, comme admis dans un nouveau communiqué de presse publié le 14 février 2020. Espérons que cette « phase de rodage nécessaire » arrive rapidement à terme dans l’espoir qu’ainsi, tout roulera comme sur des rails !

auteur : Laura Morales

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