Pour cette dernière heure musicale de l’Association des concerts classiques des dimanches, nous avons découvert deux artistes professeures à l’Ecole de musique Croqu’Notes à Versoix : Galina Favreau violon alto et Tatjana Draskovic, piano. Toutes deux ont interprété, toujours en duo, une Sonate op. 120 en Fa minor de J. Brahms, composée de 4 mouvements. Les 2 premiers Allegro appassionato et Andante un poco Adagio nous faisaient entrer dans une atmosphère mélancolique où quelques mesures parfois répétitives donnaient l’impression d’un refrain délicat (exprimé surtout par l’alto) jonglant sur quelques nuances de piano.
Les deux mouvements suivants : Allegretto grazioso et Vivace nous offraient de la gaieté, un certain dialogue aux variantes discrètes, plus intensif dans le dernier passage où la musique paraît refléter une course folle après un lièvre, donc du dynamisme en route.
Avec plaisir, la deuxième œuvre nous a révélé un compositeur né à Prague, Hans Sitt (1850-1922), violoniste, compositeur du romantisme tardif, grand pédagogue, qui a développé un important répertoire pour l’alto, le violon et le piano. Eminent professeur, il a su transmettre en Europe la musique de Schumann et de Brahms. Dans l’œuvre présentée, tirée d’« Albumblätter, Op. 39 » on sentirait une certaine influence de ses prédécesseurs. On pourrait le croire, tant la musique se ressemble. Cette œuvre aux six mouvements semble avoir la même structure. Commencer par un Moderato, puis un Andante sostenuto, on respire des harmonies souples, rêveuses donnant un sentiment à la fois de mélancolie et de plénitude. Tantôt un violon alto qui chante, tantôt un piano discret en quête de repos.
Voilà les deux Allegro qui nous réveillent un peu avec leurs mesures dansantes, puis surtout dans le 2è, une variété musicale pianistique qui nous étonne. L’avant dernier mouvement Lento est encore différent : on marche sur des œufs, le rythme est lent, espacé, une certaine mélodie se dégage du violon alto et le piano presque effacé laisse nos rêves vers des horizons lointains.
Reste l’Allegro molto vivace qui nous redonne du pep avec rapidité, énergie, enthousiasme dans un dialogue fortissimo, mettant un joli final au concert.
Soirée sympathique où l’interprétation des deux artistes s’est jouée dans une certaine homogénéité plaisante. Bravo à elles pour ce moment de découverte, et Bonne Chance pour leur avenir de musiciennes.

PS : Galina Favereau est née en 1976, et a étudié l'alto au Conservatoire Glinka de Novosibirsk, puis au Conservatoire de Genève, à la Haute Ecole de Musique de Lausanne, et reçu un Master du Conservatoire de Sion. Avec l'Orchestre de chambre « Jeunes virtuoses de Sibérie », elle a donné de nombreux concerts en Russie, en Allemagne et en Suisse. Galina collabore depuis 2000 dans de nombreuses formations, comme l'Orchestre de la Suisse Romande, l'Orchestre de Lancy, la Sinfonietta de Lausanne ou l'Ensemble Instrumental Romand.
Tatjana Draskovic est une pianiste née à Belgrade (Serbie) en 1996. Elle a commencé ses études de piano à l'âge de 7 ans dans sa ville natale, les a continuées à la Schola Cantorum de Paris où elle a fini le cycle supérieur. Après deux ans à Paris, elle a poursuivi ses études à la Haute Ecole de Musique de Genève et obtenu ses bachelor et master en concert. Actuellement, elle termine son master en pédagogie musicale à la Haute Ecole de Musique de Lausanne.

Lucette Robyr
Photo : JR