Si Behnam a quitté l’Iran, c’est par peur d’être arrêté par la police une nouvelle fois. Persécuté pour ses caricatures critiques de la politique de la République islamique d’Iran et sa participation à des manifestations anti-gouvernementales, le jeune homme a été enfermé et torturé par les autorités téhéranaises. Il souffre encore aujourd’hui des séquelles de cette violente incarcération dont notamment une blessure importante à l’épaule. Behnam raconte aussi qu’à Téhéran, où il exerçait comme caricaturiste de presse, il devait parfois, suite à des appels téléphoniques menaçants, faire disparaître toutes ses affaires témoignant de son activité professionnelle et rester caché dans son véhicule pendant plusieurs jours.
Les médias iraniens restent très largement contrôlés par le régime islamique, qui n’hésite pas à intimider et arrêter arbitrairement les journalistes et médias indépendants. Selon le classement mondial de la liberté de la presse des Reporters Sans Frontières (RSF), l’Iran est l'un des cinq pays du monde où la liberté de la presse est la plus bafouée.

C’est pour cette raison que Behnam a dû quitter ses parents, son travail et tout ce qu’il avait construit jusqu'alors pour demander asile en Suisse. C’est à Versoix, à l’abri PC situé sous la Résidence de Bon-Séjour, qu’il a passé les huit premiers mois suivants son arrivée dans le pays. C’est dans cette même résidence que l’artiste peintre, graphiste et caricaturiste expose ses tableaux, rendant ainsi hommage aux versoisiens bénévoles qui l’ont aidé à s’intégrer dans sa nouvelle ville et à continuer de pratiquer son art.

L’exposition «Artiste d’ailleurs» est à découvrir jusqu'à mi-juillet à la Résidence de Bon-Séjour.

Texte et photo: Carla da Silva