À Versoix, le parti le plus intéressant de 2021 s'appelle PLR

Dans la commune comme en Suisse, 2020 était une année Verte : forte de l'inertie d'une franche poussée aux chambres fédérales, le parti écologiste positionné à gauche a fait basculer les équilibres versoisiens en remportant un siège au Conseil administratif et quatre autres au Conseil municipal.

Deux partis ont eu à subir le contrecoup de cette poussée : le MCG, qui a perdu l'ensemble de ses sièges au législatif, et le PLR, qui a fait les frais de l'accession de Jolanka Tchamkerten à l'exécutif. Bref, les diverses expressions de la droite ont payé la facture de cette fameuse "vague verte".

Après un début de législature tumultueux — COVID oblige — une nouvelle dynamique s'est installée : celle d'un PLR plus fermement ancré sur ses idées, quitte à ne plus systématiquement faire front commun avec son partenaire historique du PDC.

Si 2021 n'est pas une année d'élection, elle pourrait cependant en être une où le PLR continuera à faire valoir sa différence, ses idées, et une voix critique dans un Conseil municipal qui avait longtemps laissé ce rôle aux partis de gauche. Un PLR qui, se faisant, devrait continuer à voir ses positions moins atténuées par le filtre du consensus majoritaire.

Un parti d'opposition ? Ce n'est pas si simple...

Le PLR est-il pour autant devenu un parti d'opposition ? Certains votes au Conseil municipal, et la communication du parti, pourraient au premier abord laisser entendre que oui.

Depuis la reprise des séances du Conseil municipal en septembre dernier, les élus PLR ont plusieurs fois marqué leur différence en refusant ou en s'abstenant de voter en faveur de plusieurs projets : le budget 2021 de la commune en est l'exemple le plus symbolique et le plus marquant. Le CM a approuvé le budget par 17 oui, 6 non et 4 abstentions. Parmi les refus et les abstentions, le procès-verbal de la séance de novembre 2020 dénombre l'ensemble des 9 élus PLR ainsi qu'un élu PDC, Michel Cela.

Cependant, il ne faut pas s'imaginer que le PLR fait systématiquement cavalier seul contre les projets du Conseil administratif qui lui déplait. Lors des débats sur ce même projet de budget 2021, il a défendu en tandem avec le PDC un amendement remettant à juillet de cette année l'ouverture d'un poste dont l'activité sera dédiée au développement durable à la mairie de Versoix, et dont le cahier des charges précis n'était pas tout à fait arrêté au moment de voter le budget. L'amendement a passé la rampe, au grand dam des Verts et du PS.

Si le PLR n'a pas fait bon accueil au projet de budget final (incorporant pourtant l'amendement qu'il a défendu), c'est sur la base d'une autre inquiétude : celle que le maintien des prestations à l'identique en période de crise COVID constitue un risque trop important ; une inquiétude que ne partagent pas, cette fois-ci, les élus PDC.

« Chez nous, les majorités se construisent projet par projet »

Le PLR se voit-il jouer le rôle de l'opposition au nouvel exécutif versoisien ? Nous avons porté cette interrogation à Julien Marquis, président du PLR Versoix. Ses réponses nous sont parvenues début décembre 2020.

Versoix Région : Dans la newsletter du PLR Versoix en date du 24 novembre 2020, l'on peut lire « Le Conseil municipal a adopté le premier projet présenté par le nouvel exécutif de gauche ». Doit-on comprendre que le PLR Versoix identifie aujourd'hui le PDC comme un parti partiellement (ou même intégralement) situé à gauche ?

Julien Marquis : « Le Conseil administratif de Versoix est à gauche depuis le 1er juin 2020, c'est un fait. Le PDC y détient un siège, mais les partis de gauche occupent les deux autres.

En Suisse, le positionnement des partis politiques varie sensiblement d’une région à l’autre. Le PLR genevois ou versoisien n’est pas le PLR de certains petits cantons de Suisse centrale! Les enjeux, les traditions et la situation politique sont tout simplement sans comparaison.

S’agissant du PDC, il se définit comme centriste. Il vient d’ailleurs de changer de nom. Je relève néanmoins que le PDC suisse a le même jour décidé de fusionner avec le PBD, une émanation de l’UDC datant de 2008.

Ces changements devront, je l'imagine, être expliqués aux électeurs à Versoix comme ailleurs. Bref, la situation politique n’est, comme vous l'écrivez, « pas aussi simple » et ne se résume pas à des étiquettes partisanes. Et c'est tant mieux: c’est ce qui fait la richesse et la beauté de nos traditions démocratiques! »

VR : Le PLR Versoix est-il aujourd'hui une force d'opposition à la politique menée par « le nouvel exécutif de gauche », ou la situation n'est-elle pas aussi simple ?

JM : « Pour ces mêmes raisons, il n’y a pas en Suisse de majorités automatiques et de partis cantonnés à une opposition systématique, comme en France ou au Royaume-Uni. Le PLR Versoix ne se définit donc pas comme une force d'opposition "à la française".

En effet, chez nous, les majorités se construisent projet par projet.

Or, le PLR de Versoix se distingue par son travail sérieux des dossiers et son ouverture: il entend donc jouer pleinement son rôle au Conseil municipal.

Il s'opposera fermement à l'exécutif quand il l'estimera nécessaire dans l'intérêt des Versoisiens. Par exemple, il a combattu cet automne le projet de trottoir et de réfection inutile et luxueux (1 million de francs) de l'exécutif de gauche au chemin Machard.

Mais surtout, le PLR entend constituer une force de proposition. »

VR : Politiquement, quels sont les objectifs et les souhaits du PLR pour l'année 2021 ? Et de quelle manière le parti compte-t-il atteindre ces objectifs (puisque "seulement" doté de 9 sièges au CM ; grand parti, mais non-majoritaire) ?

JM : « Pour 2021 et pour la suite de la législature, il déterminera en début d'année prochaine des priorités claires et concrètes dans plusieurs domaines (économie locale, sécurité, sport, etc.).

Sur cette base, il entend poursuivre sa collaboration étroite au Conseil municipal avec le PDC et avec toutes les bonnes volontés, comme c'est l'usage à Versoix, dans l'intérêt du plus grand nombre. »

Les réponses de M. Marquis sont reproduites telles qu'elles nous ont été transmises par e-mail. Nos questions ont été légèrement augmentées pour en préciser le contexte.

Texte et photo : Yann Rieder