Nicolas Debon est un dessinateur français qui a résidé une dizaine d’années au Canada où il devient notamment illustrateur et dessinateur de vitraux. Ses illustrations y sont remarquées : il est notamment finaliste des prix littéraires du Gouverneur général du Canada, et, en 2007, lauréat du Horn Book Award, un important prix de littérature jeunesse américain. Il vit aujourd’hui près de Paris où il se consacre à l’illustration jeunesse. Il nous livre avec « Marathon » sa troisième BD dont on ne peut qu’être admiratif devant la qualité du graphisme, les cadrages subtils et la précision des textes.
Dans cet album, il ne cherche pas véritablement à raconter l’histoire de Boughéra El Ouafi, un Français d’origine algérienne, simple ouvrier travaillant chez Renault et l’un des 2883 participants oubliés des Jeux olympiques d’été célébrés à Amsterdam du 28 juillet au 12 août 1928.
Nicolas Debon parle plutôt de la course, de ce qui se passe dans le corps et dans la tête de ces hommes rompus à l’effort et au dépassement de soi. Avec une narration linéaire, il nous fait entrer en plein cœur du marathon. On a vraiment l’impression de vivre l’aventure du point de vue des coureurs et en même temps par alternance celui des spectateurs et des journalistes qui commentent l’évènement. Boughéra El Ouafi remporta l’épreuve du marathon et devint champion olympique, affolant tous les pronostics. Retombé dans l’oubli après cet exploit, il finit pourtant tragiquement sa vie dans la misère, tué par balles dans des circonstances troubles, oublié de l’Histoire…

La couleur rouge sépia et les commentaires en voix off donnent au récit un aspect documentaire précis en informations. Et l’ajout de coloration bleue pour mettre en avant les coureurs, leurs impressions au travers de courts textes et les somptueux décors ajoutent une dimension épique.

Après « Le marathon de Safia » de Sébastien Verdier paru en septembre 2008 et « Le marathon de New York à la petite semelle » de Sébastien Samson paru en octobre 2016, voilà un troisième ouvrage qui ravira les adeptes de cette épreuve sportive individuelle de course à pied. Envoûtant ! A lire d’une traite sans oublier la pause pour boire tous les 10 kilomètres.

Alexis Berset