Dix ans que les forains sont installés sur le site de la Bécassière. Malgré quelques petits désagréments, en passe d’être réglés, ils en sont satisfaits.
Christian Walder, président de l'union des forains de Genève, témoigne.
Ce déménagement de 2013 ne fut pas un long fleuve tranquille. Installés pendant presque cinq décennies au Molard, un lieu insalubre, régulièrement inondé et qui devait être temporaire, les Forains ont dû batailler ferme pour trouver un nouveau terrain d’accueil. « Malgré un soutien du Conseil d’Etat de l’époque, notre combat a duré plus de cinq ans, se
souvient Christian Walder. Nous avons fait face à de nombreuses oppositions de potentiels voisins ou de communes réticentes à nous accueillir ».
Pour l’anecdote, une petite commune de la rive gauche avait notamment refusé de recevoir ces centaines de forains et de gens du voyage par peur que ces derniers aient trop d’influence lors de votations ou d’élections! « Il ne faut pas oublier non plus que pour une bonne partie de la population sédentaire, nous avons encore cette image de voleurs de poules, rigole le président. Il est d’ailleurs encore assez incroyable que ce soit toujours le cas en 2023».
Aujourd’hui, lorsqu’ils ne sont pas en déplacement, ce qui par définition arrive souvent, les forains mènent une vie paisible. Le terrain de quelque 54'565 m2, appartenant au Canton, leur permet d’appliquer la morale de la fable Le Grillon de Florian : «pour vivre heureux vivons cachés» ! « Nous sommes effectivement un peu isolés,
poursuit Christian Walder, mais l’accès est aisé et nous sommes proches des commerces, des écoles et des arrêts de bus de Versoix ».
Versoix, justement. « C’est la seule commune qui finalement avait accepté notre installation, précise-t-il, nous sommes encore très reconnaissants envers les autorités avec qui nous avons de très bons rapports ». Pour preuve, c’est Versoix qui a permis et financé quelques petits travaux d’aménagement sur le chemin d’accès à la Bécassière. Même si pour Christian Walder : «Idéalement, ce chemin pourrait être légèrement élargi car certains de nos véhicules transportant les manèges sont quand même assez massifs. Les croisements peuvent être parfois délicats ».
Du côté des autorités communales, on reconnait que quelques petites améliorations pourraient être encore effectuées. Pour le maire, Cédric Lambert, l’installation des forains et des gens du voyage ainsi que la cohabitation avec eux ne posent aucun problème.
En revanche, côté finances, c’est l’Etat, propriétaire des lieux qui, après avoir aménagé le spacieux terrain, ainsi qu’une salle de réunion, deux buanderies, deux toilettes et un local technique, encaisse les loyers. Ces derniers sont d’environ 360 francs mensuels par parcelle (il y en a une petite centaine). Toutes les charges sont évidemment aux frais des forains et encaissées par les Services industriels.
Pas de fête organisée pour ces dix ans mais un souhait pour Christian Walder : « Que nous y restions le plus longtemps possible !»